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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
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RETOURGrands-parents, parents et enfants. Relations entre trois générations. Résumé d'une causerie faite à l'École des Parents de Genève par Mme S. JOHANNOT. Grands-parents d'aujourd'hui, vous savez tous l'importance de vos relations avec les deux générations qui vous suivent et du rôle infiniment délicat et généreux qui vous est confié. Vos petits-enfants, comme tant de jeunes, trouvent tout naturel que vous soyez disposés à leur donner tout de vous-mêmes sans attendre beaucoup d'eux en retour ! Votre foyer. Heureux serez-vous, si vous avez une maison de famille ou un appartement bien à vous. Votre foyer sera un refuge pour l'enfant ou plus encore pour l'adolescent qui retrouvera chez vous l'âme des choses qui ne sont que là, tiroirs aux livres, aux jeux, armoires dont les trésors ne changent pas. Et si votre maison est vieille, il s'installera dans son odeur, parfum subtil respiré dès sa petite enfance. Plus âgé, ce seront les livres de votre bibliothèque, vos dictionnaires dans lesquels il se plongera. S'il y a chez ses parents ou dans sa chambre des meubles modernes, des tables basses, il aimera d'autant plus les vieux fauteuils confortables de sa grand-mère, les hautes tables sur lesquelles il fait bon s'accouder, les mains sur les oreilles, pour lire, lire à satiété dans le silence. Si vous avez pour vos petits-enfants une place toujours offerte et si vous ne craignez pas trop pour vos parquets, votre foyer exercera de lui-même une heureuse influence. Votre influence. Mais que de problèmes vont se poser quant à l'influence de vos personnes. En tant que grands-parents, devez-vous : gâter ou non? exiger que l'enfant abdique devant vos cheveux blancs ? être mordicus pour ou contre les parents en cas de révolte de l'adolescent? tenir ceux-ci pour sacro-saints ou permettre à l'enfant et au besoin le conduire dans cette voie, d'analyser et de juger leur manière d'agir ? tempérer en cachette la sévérité paternelle? révéler des confidences sous prétexte que les parents doivent tout savoir ? comparer avec « ce qui se faisait de votre temps »? etc., etc… Tous ces problèmes sont discutables et auront des solutions différentes suivant les familles et les personnalités, mais on peut cependant établir que vous, les grands-parents, n'étant pas « des parents prolongés », vous avez une optique, une échelle des valeurs différentes de celles de vos enfants, surtout s'ils sont de jeunes parents. Pour un enfant de 10 ans, une année représente 1/10 de sa vie, pour son père de 35 ans 1/35, et pour vous 1/60, 1/70 ou moins encore ! Les jeunes parents veulent souvent aller trop vite et bousculent les petits, mais votre recul vous permet de saisir qu'après une course trop rapide survient le ralentissement dû à la fatigue et qu'il vaut mieux prendre un bon et régulier « pas de montagnard ». Grands-parents, vous avez le temps de voir que certains critères de valeurs se modifient, que si vos tout jeunes se laissent jeter de la poudre aux yeux, avec l'âge, ils recherchent davantage le solide, le vrai, le profond. Vous avez le temps de vous intéresser à leur époque, de les écouter, de leur raconter votre jeunesse quand ils sont assez âgés pour y prendre de l'intérêt et sans y mettre une valeur moralisatrice ou de comparaison. La vie est dure pour les pères, le travail les accapare, alors que grand-père a la possibilité de causer avec l'adolescent, d'aérer ses perspectives, de nuancer ses opinions, d'ouvrir devant lui de nouveaux horizons par son attitude devant la vie. Cohabitation. La pénurie de logements oblige souvent les trois générations d'une famille à une cohabitation qui est toujours une source de grandes difficultés, surtout dans un appartement exigü. Comment les résoudre ? On ne peut proposer aucune règle ; seule la qualité d'amour qui règne dans la maison permet de trouver un équilibre parmi tous les droits et les goûts de chacun des habitants. Les grands-parents ont droit à la tranquillité et à un certain silence; ils n'aiment guère le jazz, ni le débraillé, pas plus que les vêtements excentriques. Les jeunes ont droit au bruit et aux bavardages, à la compagnie de leurs amis, à un habillement fantaisiste, aux disques modernes. Si drôle que cela paraisse, les gens âgés considèrent que les pieds sont faits pour marcher, alors que leurs petits-enfants estiment que les roues sont faites pour rouler et les moteurs pour pétarader le plus fort possible et aux heures les plus nocturnes ! Les uns vivent encore sous le signe de la grâce et du devoir, tandis que les autres sous celui du « droit » et de ce qui est « dû ». Et les parents ? parfois tampons, parfois avocats d'une génération auprès de l'autre, ils sont peut-être les gardiens de la paix du foyer. Que la cohabitation ne soit pas une entrave aux relations parents-enfants ! Les grands-parents doivent savoir être discrets, se boucher les yeux et les oreilles, renoncer à intervenir ou surenchérir lorsqu'un enfant est grondé ou puni ; une fois suffit ! Respecter l'intimité de chacun des couples est une mesure de sagesse ; il vaut mieux attendre qu'on vienne vous chercher et qu'on vous demande votre avis, plutôt que d'être renvoyé. Les jeunes parents apprécient davantage les conseils qu'ils auront sollicités que ceux qui pleuvent sur eux comme une averse qui sent l'orage. Mais quelle que soit la cause de la cohabitation, il faut se souvenir qu'il est souvent plus difficile de vivre avec ses beaux-parents qu'avec ses propres parents et le conjoint devra se montrer intérieurement reconnaissant et redoubler d'égards. Attitude des grands-parents envers leurs enfants. Cherchons quelle doit être l'attitude des grands-parents envers leurs enfants. Se souvenir que les parents ont seuls la responsabilité d'élever leurs enfants, qui doivent être éduqués par les adultes d'aujourd'hui pour le monde de demain et non par les grands-parents d'hier pour le monde d'aujourd'hui. Accepter que les modes changent pour la nourriture (farine Nestlé ou viande à trois mois par exemple), pour les soins médicaux et les ordres des médecins auxquels les parents doivent obéir, car ce sont eux qui prennent les risques de la thérapeutique moderne. Il se peut que la chère expérience des grands-mamans s'insurge, alors les réserves mentales s'imposent afin de ne pas susciter des troubles. Créer un climat de collaboration dans le cas où les deux parents travaillent hors de la maison, sans se permettre de juger ni de s'apitoyer sur les enfants dont la mère est absente. Avec un tact infini, les grands-parents sauront dire :« maman ne peut à la fois gagner ton pain et être là, mais moi, je ne puis plus gagner, alors je suis là ». Leur attitude vis-à-vis de ce difficile problème peut aider à construire ou à ruiner la vie familiale. Eviter toute critique des parents en présence de leurs petits-enfants, même si leurs avis diffèrent. Une divergence d'opinion ne nuit nullement aux sentiments et c'est une excellente leçon de tolérance pour les jeunes. Respecter l'indépendance, ne pas chercher à faire le bonheur des autres malgré eux. Attitude des parents envers les grands-parents. Quelle sera maintenant l'attitude des parents envers les grandsparents ? Ils seront prévenants, respecteront leurs opinions et leurs habitudes, éviteront de même toute critique en présence des jeunes et pour chaque chose auront le même tact, la même délicatesse que ceux qu'ils désirent trouver en leurs parents. Ils pourront leur donner la joie de s'intéresser à eux, de compter sur leur collaboration, sans chercher à les mettre de côté sous prétexte de fatigue. Ils auront des égards et les exigeront de leurs enfants. En conclusion nous pensons que si la vie en famille est une « oeuvre de choix qui veut beaucoup d'amour », elle sera une source de grandes bénédictions pour ceux qui ont le privilège de la vivre, et qui expérimenteront alors que « la récompense d'aimer, c'est d'aimer davantage ». |
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