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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
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Regardez-les jouer!

En ce début d'année où nos enfants, avec un regain d'enthousiasme, découvrent les nouveaux jouets reçus pendant les fêtes, il a paru intéressant au comité des « Entretiens » de donner à ses lecteurs quelques extraits d'une conférence présentée à Genève et à Neuchâtel par une éducatrice parisienne, Mme J. Morgoulis.
La conférencière montre, en particulier, quelle attitude les parents doivent avoir en face des activités de leurs enfants.

« Le jeu étant indispensable à l'enfant, dit-elle, les parents ont intérêt à être particulièrement attentifs lorsque leurs enfants jouent en leur présence ou avec eux.
L'influence éducative des parents ne s'exerce pas uniquement aux moments où ils s'adressent à leur enfant. Par notre attitude vis-à-vis d'autrui, par notre maintien dans toutes les circonstances, nous l'influençons sans même le vouloir.
Mais lorsqu'il joue, direz-vous ? Pourquoi nous en occuper? - Il n'est nullement question de s'en occuper, d'intervenir à tout propos, mais plutôt de l'observer.
L'observation d'un groupe d'enfants qui jouent est très riche en indications sur leurs différents caractères. Celui-ci est-il un petit meneur, veut-il à tout prix s'imposer? Celui-là est-il le timide qui suit les autres passivement ou n'ose pas se mêler aux jeux? Est-il susceptible, est-il bon camarade ?
Autant de réactions auxquelles les parents ne doivent pas rester indifférents. Il faudra encourager le timide, savoir faire accepter au meneur de se soumettre aux règles imposées par les autres, calmer le susceptible.
Par ailleurs, il est difficile de distinguer le jeu du travail. Cette différence est très faible lorsque le jeu est un bon jeu.
En effet, celui-ci ressemble à un bon travail, car dans chaque bon jeu il y a avant tout des efforts pratiques et des efforts de pensée.
Si vous achetez à l'enfant une auto mécanique et que vous passiez toute la journée à la remonter et à la faire marcher pendant qu'il la regarde et s'en amuse, il n'y aura rien de bon dans cette occupation. Le joueur reste passif, toute sa participation est de regarder bouche bée. Si votre enfant ne s'intéresse qu'à des jeux de ce genre, il deviendra un homme privé d'initiative, et non pas habitué à créer du nouveau, à vaincre des difficultés. Le jeu sans effort, le jeu sans participation active, est toujours un mauvais jeu. Par contre, le bon jeu, comme le travail donne de la joie. Ce sera, chez l'enfant, ou bien une joie de conquête, ou bien une joie créatrice, ou bien une joie esthétique, en tous cas une joie de qualité.

On observe très souvent des erreurs de parents dans l'orientation du jeu qui ne conserve plus alors toutes ses qualités. Il y a trois types d'erreurs.
1. Certains parents, tout simplement, ne s'intéressent pas au jeu de l'enfant et pensent que celui-ci sait lui-même comment on s'amuse le mieux. Les enfants jouent comme ils veulent et quand ils veulent, choisissent leurs jouets et organisent eux-mêmes leurs activités.
2. D'autres parents accordent beaucoup d'attention, peut-être même trop, aux occupations de leurs enfants. Ils donnent des indications, expliquent, imposent des règles, cherchent eux-mêmes les solutions avant l'enfant, lequel n'a plus rien d'autre à faire que d'écouter ses parents et de les imiter. Dans ces cas-là, les parents jouent plus que les enfants, et les enfants ne font que répéter ce que font les adultes. Ils ne s'habituent pas à surmonter les difficultés, ils ne s'efforcent pas de parvenir à une amélioration de la qualité et s'habituent vite à penser que seules les grandes personnes savent bien faire. On développe ainsi chez le petit homme le manque de confiance en lui-même, la peur de l'échec.
3. D'autres parents encore s'imaginent que ce qui importe, c'est la quantité. Ils dépensent beaucoup d'argent en jouets luxueux et variés. Le coin des enfants ressemble à un véritable bazar. En mettant les choses au mieux, les enfants de ces parents-là deviennent des collectionneurs ; et au pire (ce qui est le cas le plus fréquent), passent sans goût de l'un à l'autre objet, jouent sans enthousiasme, abîment et brisent les jouets et en exigent de nouveaux.

Il y a différents types de jouets :
Le jouet tout fait, simple ou mécanique comme les autos diverses, bateaux, animaux, poupées.
Les jouets à moitié faits, à terminer : lotos, puzzles, cubes constructions, modèles à assortir.
Des matériaux de jeux, glaise, pâte à modeler, sable, carton, papier, bois, fil de fer.
Chacune de ces catégories a ses qualités et ses défauts. Un jouet tout fait a ceci de bon qu'il familiarise l'enfant avec les choses et les notions compliquées ; il le conduit vers les questions techniques et domestiques complexes : un jouet de ce genre éveille le désir d'activité et l'imagination.
Les parents doivent veiller à ce que l'enfant remarque vraiment les bons côtés du jouet, qu'il ne soit pas enthousiasmé par un seul aspect du jeu, son caractère mécanique ou sa facilité par exemple. Il est surtout important d'obtenir que le bambin ne se vante pas de ce que papa et maman lui ont acheté un ou plusieurs jouets compliqués alors que d'autres n'en ont pas. En général, ces jouets ne sont utiles que si l'enfant joue véritablement avec eux et ne se contente pas de les thésauriser pour les exhiber devant les voisins et si son jeu ne se borne pas à observer le mouvement de l'objet mais intègre ce mouvement dans une entreprise plus complexe.
Les autos doivent transporter quelque chose, les poupées doivent dormir, veiller, s'habiller, ou se déshabiller, aller en visite ou accomplir n'importe quelle tâche du monde des jouets. Il y a de vastes possibilités pour la fantaisie enfantine et plus cette fantaisie s'approfondit et se développe, mieux cela vaut.
Le deuxième type de jouets (jouets à terminer) a ceci de bon qu'il présente à l'enfant un problème à résoudre généralement après un certain effort, un problème que l'enfant n'aurait pas pu se poser à lui-même. Trouver la solution exige déjà une discipline de pensée notable, une certaine logique, une compréhension des relations entre les faits et non seulement de l'imagination : le défaut de ces jouets est de proposer toujours le même problème ce qui entraîne monotonie et ennui.
Les jouets du troisième ordre : matériaux divers, représentent le matériel le moins coûteux mais le plus fécond. Ces jeux sont les plus proches de l'activité humaine normale. Si l'enfant aime travailler avec ces matériaux, c'est qu'il a déjà acquis une belle culture du jeu. Ces occupations apportent avec elles beaucoup de réalisme sain et, en même temps, offrent un vaste champ à la fantaisie, à une vraie fantaisie créatrice.
Quel est le meilleur type de jouet ? Nous pensons que la meilleure solution est de combiner les trois types, sans jamais exagérer. Si le garçon ou la fillette a deux ou trois jouets mécaniques, il n'en faut pas davantage. Ajoutez-y un ou deux jouets démontables, et le plus possible de matériaux, et le royaume du jeu est déjà organisé. Il ne faut pas tout y mettre, l'enfant serait ébloui et perdrait la tête. Donnez-lui peu de choses à la fois, mais arrangez-vous pour qu'il s'organise. Puis observez-le, écoutez, sans vous faire remarquer, son jeu, veillez à ce qu'il en sente lui-même l'insuffisance, et tâchez d'y suppléer. Si vous avez acheté à l'enfant un petit cheval et qu'il désire lui faire transporter quelque chose, il réclamera peut-étre une charrette ou une voiture. Ne vous dépêchez pas de l'acheter, essayez de lui en faire construire une avec des boites, bobines ou carton. S'il v arrive, parfait, le but est atteint. Mais s'il lui faut encore beaucoup
de charrettes et qu'il n'ait plus de matériaux, il n'est pas indispensable qu'il en fabrique d'autres, vous pouvez les lui acheter.
Vous sentez comme l'intervention des parents doit être mesurée et délicate.
Le principal est d'arriver :
1. A ce que l'enfant joue véritablement, crée, construise, combine.
2. A ce qu'il ne se jette pas d'une tâche à l'autre sans terminer ce qu'il fait, qu'il aille au bout de ce qu'il a entrepris.
3. A ce qu'il comprenne la valeur déterminée et utile de chaque jouet, veille sur lui, en prenne soin. L'ordre doit régner dans le royaume des joujoux, les jouets ne doivent pas être brisés et, en cas de casse, il faut réparer; si la réparation est difficile les parents aideront.
Les parents doivent faire très attention au comportement de leur enfant avec le jouet. Il faut obtenir que l'enfant aime son matériel de jeu au lieu de le détériorer, mais qu'il ne souffre pas indéfiniment si, au cours d'un accident, un jouet s'est abîmé. Ce but sera atteint si l'enfant est arrivé à se considérer comme un bon propriétaire qui ne redoute pas une perte et se sent capable de la réparer. La tâche du père et de la mère est de savoir aider l'enfant dans des cas semblables, le soutenir dans son désespoir, lui prouver que l'ingéniosité et le travail de l'homme permettent de redresser une situation.
Dans le processus du jeu même, les parents doivent laisser autant que possible toute liberté à l'enfant, mais seulement tant que le jeu se passe sans accroc. Si l'enfant s'embrouille dans une situation, s'il choisit un jeu trop simple, sans intérêt, il faut lui aider, lui souffler, lui poser une question intéressante, ajouter quelque chose de nouveau, un matériel intéressant, et aussi jouer avec lui. »

Nous arrêtons là les citations tirées de la conférence de Madame Morgoulis et nous répétons avec elle en guise de conclusion : Distribuons peu de jouets à la fois.
Regardons jouer nos enfants et parfois jouons avec eux ; ce ne sera jamais du temps perdu !









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