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L'enfant gaucher

Le problème de la gaucherie préoccupe beaucoup de parents qui ont des enfants plus ou moins gauchers et se demandent dans quelle mesure il faut les rééduquer. Nous pensons intéresser nos lecteurs en reproduisant ci-dessous quelques extraits
d'une excellente étude parue dans « Jeunes Femmes » et consacrée à cette question.


En quoi consiste la gaucherie?

Tout le monde sait qu'on n'est pas seulement gaucher de la main. On peut l'être pour toutes les parties du corps qui sont doubles: de l'oeil, de l'oreille, de la main, du pied. Toute personne a toujours un de ces organes qui domine sur son symétrique. Par exemple, dans la vision, c'est un oeil qui fixe ce qu'il y a à voir distinctement, l'autre sert à compléter sa vision, élargit son champ, contribue à la perception de la profondeur.
Le fait de cette asymétrie repose sur une grande loi de la nature : il n'y a jamais deux objets identiques, la nature ne se répète jamais. Les deux parties de notre corps ne sont donc pas identiques, mais forment plutôt un couple ; dans tout couple, un des éléments domine sur l'autre ; si les deux se disputent la dominance, le couple est déséquilibré, et ses tiraillements intérieurs l'empêchent d'avoir une bonne adaptation extérieure. Le problème de la gaucherie chez l'enfant est donc en réalité le problème de sa latéralisation. Mieux un enfant sera latéralisé, plus il sera adroit, capable d'acquérir facilement les habiletés requises dans notre société ; un enfant mal latéralisé, ou latéralisé en sens contraire de la majorité, aura beaucoup de peine à acquérir des habitudes qui supposent le fait d'être droitier.
Toute une gamme d'activités apprises supposent en effet que le côté droit soit dominant. La plus importante est l'écriture, qui, dans notre civilisation occidentale, est faite pour les droitiers. Les gauchers auraient tendance naturellement à écrire de droite à gauche et à faire les lettres à l'envers ; de même, ils inversent les lettres (au lieu d'écrire « lu », ils écriront « ul ») et les chiffres. Cette difficulté se retrouve sur le plan visuel ; ils auraient tendance à lire de droite à gauche, et inversent donc plus facilement les lettres. C'est tout leur espace qui est en fait moins bien latéralisé. Les grandes directions de l'espace (le haut, le bas, la droite, la gauche), qui ne sont pas innées, mais qui s'acquièrent dans l'enfance, sont plus difficiles à établir chez le gaucher.

Quelles sont donc les causes de cette dominance latérale ?

a) Le premier facteur reconnu a été une cause héréditaire, physiologique. Ici, nous devons entrer un peu dans l'étude du cerveau. La partie supérieure du cerveau, ou cortex, est l'endroit où se trouvent les corps des cellules nerveuses motrices et sensitives qui, par leurs prolongements, formant les nerfs, permettent la sensation et l'action dans l'individu entier. Le cerveau est partagé en deux parties qui semblent identiques : l'hémisphère droit et l'hémisphère gauche. Comme presque tous les nerfs sont croisés, la partie droite du corps dépend de l'hémisphère gauche et vice-versa. Dans chaque hémisphère, il y a des endroits qui ont une fonction spécifique ; ces localisations se correspondent d'un côté à l'autre ; certaines aires sont réservées ainsi à la vision, à l'audition, aux commandes motrices des différentes parties du corps, etc… Entre ces aires, il y en a qui ont des fonctions moins déterminées ; ce sont les aires associatives qui servent à relier les différentes parties du cerveau, et peuvent, quand celles-ci sont en mauvais état, suppléer dans une certaine mesure à leurs fonctions.
Entre ces deux hémisphères, il n'y a pas tout à fait identité de fonction. L'un prend les initiatives, commande, tout en exécutant pour la partie du corps qui lui correspond, tandis que l'autre ne fait qu'exécuter en suivant l'hémisphère dominant. On a comparé leurs fonctions, d'un côté au rôle du chef d'orchestre, qui serait en même temps la moitié de l'orchestre, de l'autre côté au reste des musiciens qui suivraient le chef d'orchestre. Un sujet est d'autant mieux latéralisé que ces deux fonctions complémentaires sont respectées. Cependant, cette dominance, qui peut être complète chez le droitier, ne l'est jamais chez le gaucher. Alors que, pour les fonctions sensitives et motrices, c'est l'hémisphère droit qui est dominant chez le gaucher, des études récentes ont montré que leur centre du langage est très souvent dominant dans l'hémisphère gauche ; de même, d'autres fonctions (compréhension du geste, de la musique, etc…) ont généralement leur centre dominant dans l'hémisphère gauche. Il en résulte que la dominance se distribue plus également entre les deux hémisphères, chez le gaucher; les aires sont aussi moins localisées, plus diffuses.
La gaucherie est donc toujours beaucoup plus nette au niveau des membres que dans le cerveau. Mais on peut dire qu'entre gaucher et droitier, il y a une différence physiologique, neurologiquement décelable, qui consiste dans le fait que le cerveau du gaucher est moins bien latéralisé, que ses fonctions sont moins centrées sur des aires dominantes. Cela présente quelquefois un avantage : lorsque l'aire dominante ne peut plus fonctionner, le gaucher est moins troublé que le droitier, il récupère plus vite la fonction atteinte (par exemple, le langage). Mais ces cas sont rares. En pratique, le gaucher est handicapé par le manque de concentration dans un hémisphère des fonctions dominantes ; c'est pourquoi il est plus souvent malhabile, il a parfois tendance à bégayer, etc…
Cette différence repose probablement sur des causes héréditaires : il y a des familles de gauchers, et ce caractère s'impose en dépit des efforts faits pour le contrarier.

Comment s'acquiert la « latéralisation » ?

Cependant, la latéralisation s'acquiert dans l'enfance, elle n'est pas donnée au départ, par exemple chez le nouveau-né. Même chez le droitier franc, elle se forme peu à peu. Le jeune enfant n'est pas encore latéralisé. C'est pourquoi le bébé se sert indistinctement de ses deux mains, le jeune enfant reconnaît une image aussi bien à l'envers qu'à l'endroit ou penchée (l'espace n'est pas encore orienté), l'enfant de l'école maternelle fait les mêmes fautes que le gaucher : il intervertit les lettres, les écrit à l'envers. Mais très vite, la latéralisation s'impose, même pour des organes qu'on ne cherche pas à éduquer dans un sens ou dans l'autre (oeil, pied, oreille). La latéralisation est donc, comme la plupart des fonctions, dépendante de la maturation du cerveau. Elle n'est donc pas donnée d'emblée, elle n'arrive qu'à un certain âge, différent suivant les enfants, au-dessous duquel il est difficile de déceler la gaucherie. La dominance peut être décelée assez tôt (vers 2 ans), chez des enfants déjà très orientés (gauchers francs ou droitiers francs) ; mais, chez beaucoup d'autres enfants, elle est encore ambiguë à cet âge, et on ne peut alors parler que d'enfants mal latéralisés.

Influence de la culture.

b) En dehors de la maturation, la latéralisation dépend aussi beaucoup de l'exercice pour se former. La fonction crée l'organe, a-t-on dit. C'est aller un peu loin, mais il est certain que le substrat physiologique d'une fonction se développe ou s'atrophie suivant qu'on l'exerce ou non. Ceci est particulièrement net pour les localisations du cerveau, dont les fonctions sont moins tranchées qu'on ne l'avait cru. Ainsi, les aires associatives, qui entourent une aire, par exemple motrice, peuvent reprendre l'exécution des mouvements lorsque l'aire motrice est endommagée (récupération après une attaque). De même, une aire située dans l'hémisphère mineur peut devenir dominante lorsque l'autre aire est endommagée ou que les membres qui lui correspondent n'existent plus. Ainsi, un droitier qui est amputé de la main droite peut devenir gaucher de la main, à force d'exercice; il restera droitier pour le reste du corps. L'exercice est donc pour beaucoup dans l'établissement de la dominance latérale, qui est cependant facilitée d'un côté ou de l'autre par une tendance héréditaire. … L'influence culturelle pour renforcer la droiterie se manifeste, d'une part, par toutes sortes d'outils et d'exercices qui sont faits pour la main droite. Nous avons cité l'écriture, les ciseaux, le fusil; les changements de vitesse d'une auto se font à droite ; même les compositions de musique donnent à la main droite un rôle plus difficile qu'à la main gauche. On pourrait multiplier les exemples à l'infini. D'autre part, on a tendance à valoriser un côté par rapport à l'autre. Ces jugements de valeur, d'origine très ancienne, se retrouvent dans toutes les sociétés, et particulièrement dans les religions. …
Cette valorisation permanente, dont nous sommes généralement inconscients, aboutit à faire exercer davantage le côté droit, à tout le monde, depuis sa plus tendre enfance. C'est pourquoi on ne trouve pas les mêmes pourcentages de gauchers quand on examine de jeunes enfants (25-30 % de gauchers) ou des adultes (2 à 6%).

Que faire?

En pratique, faut-il essayer de dépister très tôt les gauchers pour les exercer à gauche, afin qu'ils soient bien latéralisés, ou faut-il les rééduquer très jeunes, afin qu'ils ne soient pas des êtres d'exception, handicapés forcément pour des activités nécessitant la droiterie ? La question se pose surtout à propos de l'écriture qui est un exercice si constant, au moins pendant la période scolaire, qu'il contribue beaucoup à renforcer la dominance manuelle.
Etant donné que notre société est droitière, et que la gaucherie n'est jamais complète, on a tendance actuellement à rééduquer les enfants qui doivent y arriver sans trop de peine. Quels sont donc les critères qui permettent d'estimer les chances de succès d'une rééducation à droite ?
a) D'une part, l'importance et l'homogénéité de la dominance actuelle. Un enfant qui est gaucher de toutes les parties du corps (il visera de l'oeil gauche, donnera un coup du pied gauche, etc…), qui a une dominance manuelle nettement gauche (il fera des bâtons beaucoup plus vite de cette main que de l'autre, l'emploiera de préférence pour dessiner, etc…), sera plus difficile à rééduquer qu'un enfant moins nettement latéralisé. Lorsque la dominance est très marquée à gauche, il vaut mieux la renforcer, de peur de voir apparaître des troubles du comportement (bégaiement, énurésie, difficultés de caractère) si on contrarie l'enfant.
b) D'autre part, un niveau intellectuel élevé facilite la rééducation. Plus un enfant est intelligent, plus il est capable de s'adapter à toutes sortes de situations; il arrive à remplacer une habileté par une autre, il compense plus facilement ses difficultés.
c) Enfin, plus un enfant est jeune, plus il est facile à rééduquer, puisque nous avons vu que la latéralisation s'acquiert peu à peu pendant l'enfance.

Pour chaque enfant plus ou moins gaucher, le problème doit donc être étudié par un spécialiste qui décide s'il y a lieu ou non d'apprendre à écrire de la main gauche. De toutes façons, la rééducation doit être faite doucement, sans brusquer l'enfant. Mais on n'utilise plus maintenant les coups de règle sur les doigts et on ne lie plus la main gauche, comme cela s'est fait autrefois. Cependant, il est arrivé encore récemment qu'un enfant, à qui on avait appris à écrire de la main gauche à l'école maternelle, s'est vu, à son entrée à l'école primaire refuser la permission d'écrire de cette main ! Il faut donc que les instituteurs soient au courant des problèmes que pose la gaucherie et manifestent de la compréhension envers les difficultés de l'enfant. Un gaucher, rééduqué à droite, sera généralement maladroit, il aura du mal à former ses lettres, fera des erreurs d'orthographe typiques, il écrira plus mal ou plus lentement que ses camarades. On peut l'aider à acquérir plus d'habileté motrice en lui faisant faire de la gymnastique corrective, des exercices spéciaux d'écriture.
… A partir du moment où on comprend que la gaucherie est une difficulté que l'enfant doit surmonter d'une façon ou d'une autre, on ne nie plus le problème, on ne taxe plus l'enfant de mauvaise volonté, mais on l'aide à utiliser ses possibilités pour une meilleure adaptation.









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