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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
En dehors du grand intérêt pour vous de cette matière exceptionnelle, que vous soyez jeune parent, chercheur dans une université ou simplement intéressé par l'évolution des comportements humains, votre soutien par l'intermédiaire d'un abonnement nous est indispensable.
Pour les pays lointains et si vous ne désirez pas profiter de la version papier, un abonnement sous forme de pdf est accessible au même prix annuel de CHF 30. Il vous donne un accès complet aux archives
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L'heure tendre

Chaque soir, comme le repas s'achève, la benjamine de sept ans quitte sa place et vient se hisser, de gré ou de force, sur mes genoux. Je fais mine de me défendre un peu (« Laisse-moi finir ce fruit! ») : les grands me regardent avec un brin de désapprobation: -« Elle peut tout faire, n'est-ce pas, puisqu'elle est la plus petite! ».
Mais non, ce n'est pas pour cette raison qu'elle peut quitter sa chaise et se blottir contre moi. N'a-t-elle pas l'âge de ces câlineries ?
J'ai toujours celui où l'on aime d'être aimé.
Il ne faut pas, évidemment, que cela se voie trop. Bien sûr… Est-ce qu'on peut avoir encore besoin de jouer, à cinquante ans, voyons !
…Vous l'avez oublié, mais chacun de vous, à son tour, a grimpé ainsi sur mes genoux. Il est loin, le temps des baisers!
Pas pour moi.
Mais cela ne doit pas se savoir. Il paraît que l'âge venu, - lequel? - la tendresse n'est plus de mise, cette tendresse enfantine, sans autre motif que la joie d'être ensemble, comme des enfants qui se rient…
Je l'ai quelques instants, tout contre moi, qui ne dit rien, qui, parfois, me donne un baiser rapide, comme un oiseau tourne la tête et l'enfouit dans le feuillage.
Je ne me sens plus d'âge. Je suis à la fois moi-même à sept ans, moi-même à cinquante, et aussi mon père, qui était si gai, si emporté !
Ma benjamine, d'ici dix ans, n'aura plus le souvenir précis de cet homme, aujourd'hui son père; mon visage actuel s'effacera sous l'usure des jours; peut-être, ne croira-t-elle plus possible d'avoir été si petite, blottie sur des genoux d'homme?
Moi, je me souviens de tout; et je reste ainsi, quelques instants, immobile, dans la joie d'être aimé sans cause - comme j'aimais mon père et sa bonne chaleur, son goût de tabac, et ses grandes poches amusantes, - chaque soir, au moment du dessert, assis contre lui, l'oreille sur ce gilet où battait sa montre, où battait son coeur…









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