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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
En dehors du grand intérêt pour vous de cette matière exceptionnelle, que vous soyez jeune parent, chercheur dans une université ou simplement intéressé par l'évolution des comportements humains, votre soutien par l'intermédiaire d'un abonnement nous est indispensable. Pour les pays lointains et si vous ne désirez pas profiter de la version papier, un abonnement sous forme de pdf est accessible au même prix annuel de CHF 30. Il vous donne un accès complet aux archives
RETOURUne histoire vraie. Elle a 82 ans, c'est bien le moment de remettre son commerce, de quitter la ville et de se chercher un petit logement près de la nature qu'elle aime tant. Viennent l'hiver, l'inaction et cette solitude : une fille mariée en France et une autre fille en ville, mais qui l'a profondément offensée par sa conduite et qu'elle n'a pas revu depuis 6 ans. Au pasteur du village, elle a demandé si une dame de la paroisse ne pourrait pas se rendre de temps en temps chez elle pour constater si elle est toujours en vie. Abandon… inconfort, inquiétude pour sa fille… son coeur se replie sur tous les souvenirs amers d'un foyer dont le père déchu de sa paternité a été expulsé du pays et d'une vie dure pour élever seule ses fillettes. En plus du travail, il fallait lutter afin d'obtenir que ses clientes la paient régulièrement ; elle raconte: « On voulait parfois régler mes factures une fois l'an, mais une famille mange tous les jours et j'ai dû m'abaisser à supplier, à refuser même de m'en aller de chez une cliente avant de recevoir ce qu'elle me devait ». Dans le silence de sa chambre solitaire cette amertume se mêle à tout, devient rancoeur envers l'humanité entière; elle ne voit plus que mauvaise volonté et esprit de chicane autour d'elle et dans le monde. Elle pense avec tristesse à sa fille Mathilde dont elle ne sait rien, son souci augmente au cours des mois qui se succèdent et lorsqu'un jour d'été celle-ci lui fait demander si elle veut bien la recevoir, elle accepte. Pendant les deux années qui suivent, les relations continuent, mais difficiles, jusqu'au moment où la mère recueille chez elle Mathilde malade, qui ne possède plus que les ennuis qu'elle s'est procurés en se mettant dans des situations déplorables. Elle la soigne, la fortifie, se dévoue tant qu'elle peut, mais si elle l'aime vraiment, son pardon n'est pas total, la tension persiste encore et les reproches de part et d'autre. Puis Mathilde, guérie, a repris du travail et pendant la journée, quand sa mère est seule, elle pense à sa fille avec plus de douceur; elle cherche à la comprendre, elle se demande si elle a peut-être été trop faible dans son éducation, si l'hérédité et le foyer anormal ont pu influencer sa conduite et le soir lorsque les deux femmes se retrouvent, le climat s'apaise et s'améliore peu à peu. Maintenant, elle a 86 ans. A la fin d'une vie de courage et de volonté, elle continue à faire son ménage aussi bien que possible, mais si elle est souvent lasse, son visage a retrouvé le sourire et même le joyeux rire qui fait tant de bien. L'inquiétude au sujet de Mathilde est toujours là, mais aussi le remède : l'aider à reprendre un chemin droit, la conseiller de son mieux sans la heurter, vite se retirer dans sa chambre avant les paroles que l'on pourrait regretter ! Elle a un but précis, un grand effort journalier à faire, mais elle ne se sent plus abandonnée à ses tristes souvenirs; ses pensées sont tournées vers l'avenir de sa fille et l'amertume a fait place à l'espérance. Du fond du coeur elle lui a pardonné et sa vie spirituelle qui étouffait dans la rancune renaît. Après avoir essayé d'accomplir ce qui était humainement possible, elle a placé sa confiance en Dieu à qui seul appartient l'avenir, et un peu de bonheur a remis du soleil dans ses vieilles années. Etait-ce probable, au premier abord, qu'une personne aussi âgée et qui avait eu tant de raisons de maudire ceux qui l'avaient fait souffrir, parcoure ce chemin de délivrance? La visiteuse de paroisse ne le pensait pas. Lorsqu'elle écoutait, silencieuse bien souvent au cours de ses visites, les récits des tristes souvenirs, elle ne se doutait pas qu'ils perdaient peu à peu leur force démoralisante à mesure qu'ils étaient confiés à une oreille compatissante. Réjouissons-nous, en voyant qu'il est parfois possible d'apporter un peu d'aide autour de soi et qu'une sympathie fidèle et affectueuse peut encourager quelqu'un à accepter les retours sur soi-même et les sacrifices auxquels il faut consentir pour pardonner. Réjouissons-nous, en pensant à cette dame de 86 ans qui réussit à reprendre la marche en avant en remplaçant la haine par l'amour faisant passer avant son agrément tout ce qui peut aider sa fille à redresser sa vie. Réjouissons-nous aussi pour celle-ci qui se trouve placée dans le climat le plus encourageant pour y parvenir. Réjouissons-nous encore de ce que nous avons reçu du Christ l'ordre de nous aimer les uns les autres, comme il nous a aimés; c'est là un programme si difficile que nous ne serons jamais privés de tâches immédiates, souvent tout près de nous et qui pourront peut-être nous aider à ne pas nous refermer sur nous-mêmes, nos craintes ou nos exigences. |
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