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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
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L'enfant chapardeur

Chiper, voler, faucher, dérober, escamoter, carotter, subtiliser…. La liste serait longue des verbes que la langue française et l'argot mettent à notre disposition pour dire : prendre ce qui ne nous appartient pas ! Dès qu'il existe beaucoup de mots pour dire la même chose, c'est qu'il y a besoin de faux-fuyants pour en parler. Le voleur dit « chiper ». La victime dit « voleur ». La richesse inusitée du vocabulaire exprime la variété des sentiments qu'entraîne le vol : voler, dérober, c'est honteux. Chiper c'est amusant. Faucher c'est du sport…
Nous disons que l'enfant chaparde parce que suivant le cas, ce mot est pris en bonne ou mauvaise part, avec ironie ou sévérité. Prendre un bonbon à sa petite soeur, un franc à sa mère, dix à son père, un fruit sur l'arbre, puis cent francs dans le tiroir-caisse de l'employeur, organiser un cambriolage ou une attaque à main armée, tout cela est bien différent. Mais on ne sait pas toujours où s'arrête la plaisanterie et où commence le délit. Pour un « vol » de caramel dans le buffet de la salle à manger, Jeannot apprend qu'il est l'odieux enfant qui fait honte à ses parents, qu'il est indigne d'eux et que le pire est à prévoir pour son avenir. Par ailleurs, Jacques recueille les clignements d'yeux amusés et complices en racontant comment il a su distraire le contrôleur et voyager gratis, ou même faire de menues emplettes dans un grand magasin et oublier de passer à la caisse.
Pour ne parler que de ces cas bénins (la délinquance étant une autre affaire et posant des problèmes judiciaires), c'est-à-dire l'enfant qui chaparde chez lui ou à l'école, il faut tout de suite poser que cela n'est pas grave. Mais c'est souvent gênant et parfois inquiétant. Les parents, le plus souvent, n'y prennent pas garde au début. C'est si peu de chose. Un beau jour, ils s'effrayent, grossissent les faits, de l'excès d'indulgence passent à l'excès de sévérité ; ils sont tout surpris de voir que les punitions ne changent rien, et que leur retour à l'indulgence paraît aggraver les choses. Si l'enfant cesse de voler, il cesse aussi de travailler, il fait l'école buissonnière et se met à raconter des histoires invraisemblables.
Essayons de comprendre ce qui se passe dans la tête de notre petit chapardeur.
Un enfant qui voit ses amis se régaler de glaces ou de marrons chauds selon la saison n'est certes pas un enfant martyr. Il n'a pas vraiment besoin de cela. Mais il chipera quelque menue monnaie dans le porte-monnaie de maman, parce qu'il est humiliant pour un enfant de se sentir constamment frustré des plaisirs que s'offrent ses camarades. Le pauvre gosse se croit privé d'affection, car ses parents ne lui donnent jamais d'argent de poche. Cette question d'argent de poche pourrait être elle aussi longuement discutée. Il est souhaitable que l'enfant reçoive de temps en temps une petite somme et puisse en disposer tout à fait librement. La glace à quatre sous qu'il s'achète lui-même est bien plus savoureuse que celle que vous lui feriez manger à la maison, même provenant du meilleur confiseur…

Voici l'histoire de Nicole. Fille unique, elle a dix ans. Son père est gravement malade, et sa mère vit dans le souci constant des chargea financières que cette maladie lui impose. Nicole ne connaît pas la joie de vivre. Sa mère est au bord du désespoir, elle ne s'intéresse plus aux notes de la fillette, et n'a même pas réagi au zéro de calcul de la semaine dernière…
La voilà qui se met à voler quelques sous pour acheter des bonbons. Pendant qu'elle les suce, elle s'ennuie moins. Le lendemain elle s'enhardit et chipe de quoi s'acheter un stylo à bille. Elle explique ensuite à sa mère qu'une camarade le lui a donné, et le donne à sa mère comme cadeau.
Ces « vols généreux » ne sont pas rares. Ils sont souvent comme chez Nicole le fait d'enfants désemparés qui ne savent plus comment se faire aimer.
Le chapardage peut aussi être une forme de revanche de l'enfant trop studieux et discipliné. L'enfant se méprise lui-même et veut se prouver qu'il n'est pas aussi lâche que cela. Pour ce faire, il s'imposera une épreuve de courage : chiper une poignée de cerises à l'étalage. Si le coup réussit, il s'enhardira. Il sera devenu un héros à ses propres yeux.
Que faire ? Ne pas grossir les choses, mais prendre le temps de réfléchir. Il n'est pas toujours possible de pénétrer les desseins secrets de l'enfant. Il est le premier incapable de nous donner une raison véritable. Surtout, n'allons pas le lui demander ! Nous risquerions de toucher maladroitement les points les plus sensibles.
L'enfant qui a volé est anxieux. Une intervention maladroite, et le voici qui fait une fugue, qui se met à mentir à tout propos et hors de propos. Il ne faut ni s'affoler ni multiplier les punitions, ni être exagérément indulgents. Il faut au contraire essayer d'occuper l'enfant, tout en lui laissant une certaine liberté. Si on lui laisse multiplier ses intérêts spontanés, et qu'il ne soit privé de rien, il ne pensera guère à chaparder.
I. - Penser que si l'enfant se met à chaparder, c'est que quelque chose ne va pas. Etre prudent et chercher à comprendre.
II. - Eviter certaines maladresses. Ne pas afficher de la méfiance, fermer toutes les armoires à clef. Ne pas non plus augmenter la tentation en laissant traîner son porte-monnaie. S'il y a eu vol, ne pas dissimuler à l'enfant qu'il a eu tort, mais ne pas lui en garder rancune, ne pas lui ôter sa confiance.
III. - Eviter de mettre l'enfant au courant de nos difficultés. Sachez lui garder votre sourire alors même que vous êtes fatigués ou découragés. Ce n'est pas à l'enfant de soutenir ses parents.
IV. - Pas de demi-mesures, mais des mesures modérées. Soyez plus raisonnables que vos enfants. L'éducation est quotidienne. Un grand éducateur suisse, Claparède, a dit : « il n'est écrit nulle part que l'enfant doive être facile ».









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