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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
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RETOURUne recette infaillible S'il est une chose dont je suis bien certaine, après tant de confidences lues ou entendues dans mon cabinet de psychologue, c'est que les femmes ont besoin, périodiquement, de se faire remonter le moral. Notez bien que je ne mets nul dédain dans cette constatation. Je ne pense même pas, à vrai dire, qu'il s'agisse là de l'une de ces faiblesses que l'on reproche si volontiers à notre sexe. C'est tout simplement la rencontre entre une sensibilité plus vive et un orgueil moins vigilant qu'on ne les trouve chez nos compagnons. Et ce serait une sottise de refuser de voir comment nous sommes faites, ou d'en éprouver quelque honte. Mais - si l'on en excepte quelques cas difficiles, quelques drames authentiques - il suffit généralement de changer la manière dont l'on regarde la situation pour que le moral remonte. On sèche ses larmes - il y en a généralement, et elles soulagent, - on se rend compte, pour en avoir parlé, que les choses n'ont pas autant d'importance qu'on le croyait, et l'on repart bientôt du pied droit. …Avez-vous songé, d'ailleurs, que nous sommes parfois pour beaucoup dans la genèse de nos propres problèmes ? Quelqu'un a dit que nous trouvions dans la vie ce que nous y apportions. Ce n'est évidemment pas toujours vrai, mais ce l'est dans la majorité des cas. Tenez, il faut que je vous raconte ici une petite histoire : J'ai connu autrefois une vieille dame dont la science culinaire tenait de la magie… Lorsque l'on sollicitait son concours pour les ventes de paroisses ses gâteaux s'arrachaient. Il y en avait surtout un, étonnant mélange de génoise, de chocolat et de meringue, qui méritait, sans nul doute, de passer à la postérité. Généreusement, elle en avait donné la recette. Mais les personnes ainsi favorisées paraissaient incapables de reproduire l'original. Il manquait toujours je ne sais quelle onctuosité dans le chocolat, quelle légèreté dans la meringue. Aussi la soupçonnait-on, dans le village, de n'avoir pas tout dit, et de garder par devers elle quelques tours de main secrets d'un effet décisif. On chargea enfin quelqu'un de la confesser complètement. Elle ouvrit de grands yeux: - Moi, vous cacher quelque chose? Mais non, ma bonne amie, je vous ai honnêtement tout indiqué… Elle réfléchit un instant et puis, comme elle était fine, un sourire plissa son visage : - … Il y a bien un petit détail, mais je ne sais s'il a de l'importance : j'aime chanter en faisant la cuisine. Un chant, allez-vous dire un peu déçue, qu'est-ce qu'un chant vient faire là-dedans? Eh bien! oui, savez-vous, cela peut jouer un rôle : le fouet épouse un rythme spécial pour brasser la pâte, la cuillière en bois travaille avec une cadence régulière, vigoureuse et légère à la fois. Depuis lors, il m'est souvent venu à l'esprit que notre vie, à nous autres femmes, ressemblait un peu à l'un de ces gâteaux. Des ingrédients pareils se retrouvent sur toutes les tables où nous pétrissons notre destinée : un mari, des enfants, un ménage, parfois un métier. A nous d'ajouter la chanson ! De mettre en la fabrication un entrain et une harmonie qui assureront sa réussite. La chanson, qui témoigne à la fois du coeur que l'on met à l'ouvrage et de la confiance que l'on a dans le résultat. Peut-être allez-vous protester :« Tout ceci est bien joli à dire, certes, mais… » . Je le sais, mes amies. Le conseil n'est pas si facile à suivre. Difficultés et déconvenues donnent plus souvent envie de pleurer. Si cependant vous jetez d'emblée le manche après la cognée, c'est que vous n'avez pas encore découvert la qualité fondamentale de votre âme de femme. Il y a en nous un optimisme divin qui se refuse aux désespoirs définitifs, une certitude intuitive que rien n'est jamais complètement perdu. Parce que nous sommes mieux enracinées que les hommes dans la continuité biologique de la vie, nous trouvons presque toujours, aux heures critiques, des ressources d'énergie, de patience et d'espoir. … Voici sans doute des paroles bien graves à propos d'une chanson. Ne pensez pas toutefois que nous l'avons oubliée. Au contraire ! La plupart des existences demandent davantage d'humble courage quotidien que d'héroïsme occasionnel, et c'est de cette force d'âme que témoigne la chanson. Elle est une volonté de tirer un bon parti de ce que l'on a, d'introduire la joie dans la monotonie des routines, des soucis et des fatigues. Vous vous souvenez que je vous ai dit tout à l'heure : on trouve dans la vie ce que l'on y apporte. Chaque graine semée produira des fleurs, chaque chanson s'épanouira en joie et mûrira du bonheur. L'auto-suggestion s'en mêle un peu, bien sûr, et la volonté de voir le soleil le fait bientôt luire. Mais peu nous chaut ici les pourquoi et les comment : seuls nous importent les résultats. Or il est de fait que les caractères gais, enthousiastes, recueillent de la vie davantage que les autres. Sans doute parce qu'ils apportent à tous ceux qu'ils rencontrent un aliment subtil d'entrain et de goût de vivre. Et l'on se sent l'envie, à son tour, de leur donner quelque chose. Mais de tout ceci, il faut faire l'expérience par soi-même, et je vous laisse à cette tâche… |
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