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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
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La plus modeste réception peut être une réussite, si…

Parmi les épreuves que doit affronter une maîtresse de maison novice, celle de recevoir quelques « V. I. P. » se présente assez fréquemment. On sait ce que sont les « V. I. P. », les « Very Important Persons » qui peuvent aller des chefs d'Etats… au chef de service d'un jeune mari, car nous avons tous, à notre échelle, nos « Très importantes Personnalités » !
Or notre maîtresse de maison novice, troublée par l'honneur qui lui échoit, s'affole un peu en apprenant qu'elle va accueillir sous son toit, mettons le patron de son époux, et qui, de plus, sera accompagné de sa femme. La voilà aux cent coups, qui élabore un programme et un menu extraordinaire : ces hôtes de marque ne doivent se nourrir que de mets rares, ne s'abreuver que de champagne et n'utiliser pour les porter à leurs augustes lèvres que de la plus lourde argenterie, la porcelaine la plus délicate et le cristal le plus fin.
Or le ménage ne possède ni cristal, ni porcelaine, ni pièces d'orfèvrerie. Les mets rares supposent des recettes culinaires compliquées, que la petite madame n'a jamais expérimentées. Et le champagne, s'il est vraiment digne de ce nom.., coûte cher. Tant pis ! En hâte on emprunte à quelques parents fortunés les couverts nécessaires, on s'endette peut-être pour acquérir fines assiettes ou verres délicats, on commande des fleurs de serre chez la fleuriste, et la future hôtesse, après un coup d'oeil navré à l'armoire où la plus belle de ses robes, dont elle était jusque-là si fière, lui semble tout à coup pauvre et démodée, se plonge avec crainte dans son livre de cuisine, aux chapitres du homard Thermidor et de la poularde truffée.
Résultat : une gêne réciproque, quand vient le grand jour, entre le ménage qui reçoit et le ménage qui est reçu. Les plats d'apparat, confectionnés d'une main hésitante, sont loin de la perfection. L'hôtesse a cassé une des belles assiettes à elle confiées, et s'en remet mal. Les roses de serre jurent avec le modeste mobilier. Monsieur et Madame se sentent endimanchés et cela les rend gauches. Quant aux invités, ils ne devinent que trop les efforts et les « combinaisons » qui ont abouti à cette mise en scène, et ils en sont embarrassés, même si leur bonne éducation leur interdit de le trahir en se répandant en reproches amicaux.
Et d'ailleurs, qui dit qu'elle ne manque pas complètement son but, cette mise en scène touchante et maladroite ? De deux choses l'une ou les invités sont des gens simples, qui sauraient apprécier la même simplicité chez leurs hôtes, ou au contraire ils ont des habitudes de luxe telles qu'elles ne permettront guère de leur donner le change.
Jeunes hôtesses, n'entreprenez rien qui soit au-dessus de vos forces. Prenez plutôt pour règle d'or d'atteindre à la perfection, dont vous rêvez légitimement, dans le cadre de vos habitudes. Votre vaisselle est de faïence, vos couverts de métal inoxydable, vos verres sont… en verre, et votre nappe en coton ? Quel mal y a-t-il à cela, si tout est impeccablement entretenu ? Décorez la table des fleurs les plus simples, mais arrangées avec tout votre goût. Ne faites figurer au menu que des plats familiers, que vous serez assurées de réussir et qui ne mettront pas votre cuisine sens-dessus-dessous : confectionnez-les avec des produits que vous avez l'habitude d'acheter et dont vous pourrez donc aisément contrôler la qualité. Vous devez avant tout être, et non pas seulement paraître, à l'aise, faute de pratique, le foie gras, les truffes, les gelées ne vous ont pas encore livré leurs secrets savoureux, mais vous réussissez à merveille la blanquette de veau ? Sans hésiter, servez plutôt une blanquette de veau présentée avec la tranquille certitude de la réussite qu'un de ces plats de gala expérimentaux dont la cuisinière suit la consommation d'un oeil inquiet, en se demandant jusqu'au bout si elle a mis assez de cet ingrédient-ci, et si elle n'a pas oublié cet ingrédientlà, humblement soulagée quand nul ne fait la grimace à la première bouchée, mais persuadée jusqu'au bout que les compliments, s'il y en a, ne sont que conventionnelles politesses.
Un illustre maître ès-gastronomie a dit qu'inviter quelqu'un c'est prendre en charge son bonheur pour le temps qu'il sera sous votre toit. Belle parole, dont la réalisation suppose chez l'inviteur lui-même un certain état d'euphorie, une souriante sérénité…
Et à ce propos un dernier conseil. Il serait de mauvais goût, certes, de louer et de vanter l'excellence de votre installation, d'apporter sur la table cette fameuse blanquette dans une fanfare de « Vous allez voir ce que vous allez voir! » Mais il ne le serait pas moins de s'excuser à tout bout de champ de la modestie du couvert ou de la prétendue médiocrité des mets. Vous avez fait le maximum de ce que vous permettent vos ressources, vos possibilités, vos talents. Il ne vous reste qu'à l'oublier. Vos hôtes, eux, ne l'oublieront pas.









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