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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
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RETOURPlusieurs manières d'aimer les enfants Chronique présentée par Maurice Tièche dans le cadre des émissions radiophoniques françaises « La voix de l'espérance », où il est répondu à une lettre d'un auditeur abordant un sujet délicat : « Pourquoi faut-il que les jeunes gens, jetant un regard interrogateur sur leur enfance, soient obligés de s'avouer à eux-mêmes, et dans le secret d'un coeur peut-être ulcéré, qu'ils n'ont jamais trouvé autour d'eux l'affection vraie dont tout enfant a besoin, ni découvert dans les sentiments d'une mère l'amour vrai se manifestant par des actes ? » « Ils conviennent qu'autour d'eux rien n'a manqué au point de vue des soins matériels et dans l'organisation d'une maison où tout était propre et rangé ; mais l'amour, les termes affectueux, dont la mère a le secret, ont manqué et cela a créé dans le coeur de l'enfant un vide qui n'a cessé de grandir. Parvenu à l'âge adulte, il peut en mesurer la profondeur. Certains jeunes gens songent alors à s'évader dans l'espoir de trouver au dehors ce qu'on n'a pas su leur accorder en famille. Faut-il s'en étonner? Mais surtout ne faudrait-il pas alerter les responsables? » Voilà qui vaut la peine d'être examiné. Je ne crois pas qu'il y ait un grand nombre de mamans qui n'aiment pas leurs enfants ; mais je crois qu'il y en a beaucoup, beaucoup qui ne savent pas les aimer ou tout simplement leur montrer qu'elles les aiment. Il y a d'abord celles qui pensent que mettre au monde un enfant, c'est déjà lui donner une preuve d'amour. Certes, c'en est une bien souvent, mais que de fois aussi l'enfant vient un peu par surprise ! Jouira-t-il alors pleinement de la quantité d'amour et surtout de la qualité d'affection et de tendresse dont il a besoin ? Car, même s'il est accueilli avec joie, sa naissance entraîne du travail, des veilles, des restrictions dans les aises et les plaisirs que la maman n'accepte pas toujours de tout coeur. Il se crée alors un sujet de conflit latent entre elle et son enfant. Il y a aussi les mamans qui croient sincèrement qu'aimer un enfant, c'est le dorloter, le gâter, céder à la plupart de ses caprices, lui éviter des contrariétés, l'embrasser à tout propos. C'est une forme de l'amour qui se croit véritable alors qu'il est surtout de la sensiblerie et quelquefois la forme adulte de l'enfantillage. Que dire des mamans qui pensent qu'après avoir nourri, vêtu l'enfant, l'avoir préservé des intempéries et muni de tout ce qui crée le confort matériel, elles ont donné un amour qui se mesure à la grandeur de la peine qu'elles ont prise? Enfin, il y a des mamans tellement obsédées par leur tâche d'éducatrice et par la recherche de la meilleure manière de la mener à bonne fin qu'elles versent dans l'inquiétude démoralisante :« Que dois-je faire ? Comment faut-il m'y prendre ? Suis-je assez ferme ? Ne suis-je pas trop faible ?» Pendant ce temps, l'enfant sent sa mère hésitante, versatile et ne trouve pas dans cette incertitude continuelle l'élément de stabilité et l'ordre moral dont il a besoin inconsciemment pour se sentir aimé. Que manque-t-il à ces mamans pour élever leurs enfants dans l'assurance qu'ils sont aimés ? Simplement quelques principes d'action et la paix intérieure. Les principes sont simples : croire aux immenses possibilités de la vie, la servir dans un esprit fraternel en se tenant au courant de tout ce qui peut féconder son action. Quant à la paix intérieure, elle résulte justement de l'application de ces principes. Suivre le chemin illuminé par la science et la conscience, c'est entretenir chez soi la sérénité sans laquelle les enfants n'apprendront jamais tout à fait à vivre et à aimer à leur tour. |
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