Accueil
   

 

 

 

RECHERCHES
Rechercher un mot dans les articles:


Recherche avancée
• par mots
• par thèmes

ARCHIVES DE TOUS LES ARTICLES



AUTRES MENUS
ACCUEIL
ADRESSES
  • Adresses utiles
  • Bibliographie
  • Liens Internet
LE JOURNAL






Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
En dehors du grand intérêt pour vous de cette matière exceptionnelle, que vous soyez jeune parent, chercheur dans une université ou simplement intéressé par l'évolution des comportements humains, votre soutien par l'intermédiaire d'un abonnement nous est indispensable.
Pour les pays lointains et si vous ne désirez pas profiter de la version papier, un abonnement sous forme de pdf est accessible au même prix annuel de CHF 30. Il vous donne un accès complet aux archives
RETOUR

Les jeunes et nous !

Au début de ce siècle, l'habitude était de recevoir sa première montre à 16 ans. Or, pour mon dixième anniversaire, alors que je venais d'entrer à l'école supérieure, quelle ne fut pas ma stupéfaction de recevoir une montre ! Mon étonnement fut plus grand encore, lorsque j'entendis autour de moi des adultes s'écrier: « Que donnerat-on à cette enfant quand elle aura 16 ans! ».
En 1961: Jacqueline, 12 ans, est invitée avec des camarades un samedi de 17 à 21 heures. Dans le petit groupe d'amis, à chaque anniversaire, cela devient une habitude. Grands-parents, amis plus âgés des parents de Jacqueline, s'étonnent, d'aucuns se scandalisent et la phrase fatidique ressort: « Que lui faudra-t-il quand elle aura 18 ans? ».
1961 encore : Un groupe d'adultes discutent après une intéressante conférence sur l'éducation. Ils désespèrent de la jeunesse actuelle et concluent en disant « il n'y a rien à faire, actuellement tous les jeunes sont vicieux ».
Hésiode écrivait, 800 ans avant Jésus-Christ: « Je n'ai plus d'espoir pour l'avenir de notre peuple. Si cet avenir devait dépendre de la jeunesse si légère aujourd'hui, car cette jeunesse est d'un épouvantable sans gêne… aujourd'hui, la jeunesse veut avoir raison et répondre à tout ».
Deux mille ans avant Jésus-Christ, un prêtre égyptien écrivait : « notre monde a décliné en ces dernières années. Les enfants n'écoutent pas leurs parents. Chacun veut écrire des livres. La fin du monde est proche ».
Ces quelques exemples montrent que depuis des millénaires, les générations aînées comprennent mal les générations montantes, doutent d'elles ou même en désespèrent. Pourquoi cet état de choses ? Quelles en sont les causes ?
Il ressort de discussions de parents que beaucoup d'entre eux sont angoissés. Les problèmes de leurs enfants semblent les dépasser. Ils ont le sentiment que, de nos jours, la vie est dangereuse sur tous les plans et que les jeunes sont incapables d'y faire face.
Cette angoisse vient se greffer sur un autre défaut, malheureusement très répandu : le manque de confiance en soi. Ne nous a-t-on pas enseigné l'importance d'une certaine humilité et n'a-t-on pas très souvent minimisé les dons qui nous étaient impartis en ne les mettant pas en évidence et même en n'en parlant jamais? Cela fait naître un sentiment d'infériorité très fréquent à la base du manque de confiance en soi.
Enfin, quand on n'est pas sûr de soi, il faut bien se raccrocher à quelque chose. C'est alors que nous tenons ferme à certaines habitudes, certains dogmes de vie qui nous ont été imposés dans notre enfance. En tant qu'adultes, nous n'avons jamais osé discuter des ordres, afin de pouvoir, ou les accepter tels quels, ou les transformer. D'où, chez beaucoup de parents, de la rigidité, un manque de souplesse qui freinent toute évolution.
Cette rigidité nous empêche de nous mettre « dans la peau de nos enfants ». Nous leur prêtons, au contraire, nos propres problèmes : nous désirons, par exemple, que nos enfants fassent telles études, parce que nous aurions nous-mêmes ardemment désiré les faire. Leur mauvaise volonté ou leur refus nous peine très profondément et nous fait même souffrir. Ou bien, commerçants de père en fils, à la tête d'une maison qui marche bien, nous ne comprenons pas que nos jeunes désirent choisir une autre profession et nous avons tendance à leur imposer la profession toute trouvée de leur père.
Dans ces deux exemples, nous projetons sur nos enfants nos désirs, nos aspirations, incapables de comprendre leurs goûts personnels.

Mais il est une troisième attitude encore plus dangereuse : nous prêtons à nos enfants nos propres difficultés, nos propres luttes de jeunes pour rester honnêtes, pour ne pas nous laisser entraîner par un mauvais camarade, pour rester conformes à notre idéal de vie sur le plan sexuel entre autre. Cela nous angoisse : ne vont-ils pas succomber, c'était si dur pour nous ! Et les jeunes ont actuellement tellement d'indépendance, ils paraissent si sûrs d'eux. Avons-nous su suffisamment les aider, les protéger? Très vite, les parents ont un sentiment de culpabilité. Ils éprouvent alors le besoin de se réfugier dans leur propre jeunesse, ils oublient leurs luttes d'antan et ne se souviennent que de l'époque heureuse où, pensent-ils, ils étaient protégés par leurs parents, d'où la célèbre phrase si souvent exprimée « de mon temps »…

***

« De mon temps! » A ces mots, un groupe de jeunes gens de 15 à 22 ans, avec qui je m'entretenais, réagissaient violemment : « Nos parents nous agacent avec cette phrase qui revient toujours. Ce n'est pas leur temps que nous vivons, mais le nôtre. Au lieu de dire « de mon temps », ils feraient mieux d'essayer de comprendre la vie actuelle et aussi nos joies et nos difficultés ».
Tout en leur donnant raison, j'essayais, très tranquillement de leur montrer les immenses différences qui existent, entre leur temps et celui qui fut le mien, tout en ajoutant que je pourrais être la grand'mère de la plupart d'entre eux. Ils n'avaient jamais saisi que j'ai vécu ma jeunesse à l'époque des débuts de l'auto et, qu'entre autre, j'ai vu les premiers avions et les premières radios. Ils reconnurent alors que la vie a évolué extraordinairement vite, que, pour leurs grands-parents en tous cas et leurs parents peut-être, il n'est pas si facile d'être sans autre « à la page ».
Ils m'ont parlé alors de leurs propres difficultés, de leurs soucis. Rien n'est sûr à l'heure actuelle. Ils sont menacés de guerre, du danger atomique, qui semblait impressionner surtout les jeunes filles (peut-être parce qu'elles se sentent menacées dans leurs futurs enfants, si elles y échappent elles-mêmes). De quoi demain sera-t-il fait ? Ils n'ont aucune sécurité dans l'avenir, que ce soit au point de vue politique ou économique. Ils parlent très peu de leurs soucis, qui pourtant sont là sous-tendant toute leur vie.
Ils reconnaissent que beaucoup de choses belles, bonnes, laides ou mauvaises leur sont offertes. Il y en a tant que le plus difficile est de faire un choix. Et ils se plaignent. « pourquoi ne nous a-t-on pas appris à choisir?
Ces réflexions, ces plaintes sont-elles justifiées ? En grande partie, c'est exact. Les jeunes n'ont pas la vie facile. Nous voudrions qu'ils aient pleine confiance en nous, qu'ils reviennent à ce que l'on considérait comme sage à notre époque. Méritons-nous cette confiance, nous qui n'avons pas su, ou pas pu, les mettre à l'abri des angoisses actuelles ?
Nous les voudrions plus sérieux, moins tentés par tous les plaisirs qui leur sont offerts. .. Ils sortent trop, ils ne songent qu'à s'amuser! » Mais non, les jeunes travaillent, les jeunes pensent, les jeunes vivent et veulent continuer à vivre. Mais pour qu'au milieu de tous les soucis actuels, ils puissent tenir le coup, il faut aussi qu'ils s'amusent, se délassent, se détendent à leur manière qui n'était peut-être pas la nôtre. C'est une nécessité vitale pour qu'ils puissent supporter la tension actuelle.
Nous devons, nous les parents, avoir foi en eux et leur faire confiance. Nous devons faire l'impossible pour sauter le fossé qui sépare parfois très largement (et c'est le cas actuellement) les générations. Nous ne pouvons leur demander de venir à nous, c'est nous qui devons aller à eux et essayer de les comprendre. C'est à ce moment seulement que pourra s'établir ce climat d'entente et de confiance réciproque que nous espérons tous et qui certainement est un facteur de joie, de progrès et de bonheur dans nos familles.









www.entretiens.ch fait partie du réseau « NETOPERA - culture - société - éducation sur Internet » et pour la photographie PhotOpera - Uneparjour || DEI - Défense des Enfants - International
ROUSSEAU 13: pour allumer les lumières - 300 de Rousseau  ROUSSEAU 13: les IMPOSTURES - 300 de Rousseau - portraits déviés PHOTOGRAPHIE:Nicolas Faure - photographe d'une Suisse moderne - Le visage est une fiction - photographie de l'image brute - Laurent Sandoz - comédien et acteur professionnel - Genève