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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
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Correspondance. A propos de notre article: « Les cinq premières années: un canevas »

Voici quelques extraits de la lettre d'une abonnée qui lit les « Entretiens sur l'éducation » depuis plusieurs années :
« … quant à l'article sur les cinq premières années (No 10, octobre 1961), je l'ai trouvé remarquable et je l'ai lu deux fois de suite. Je l'ai fait lire à mon mari, car nous venions justement de parler de cette question.
Pourtant, j'ai encore de la peine à accepter l'idée que « les jeux soient faits » vers 5-6 ans. Auriez-vous l'occasion de revenir sur ce chapitre dans de prochains articles ? Quel est le résultat des erreurs éducatives commises « avant » et « après » ? Si les cinq premières années ont été réussies, le reste serait-il donc secondaire ? Et qu'arrive-t-il à l'enfant qui a pris un mauvais départ, mais qui a pu bénéficier dans la suite de conditions plus favorables ?
Un dernier point d'interrogation : Que penser des mères d'enfants en bas âge qui ont une activité en dehors de leur foyer ? La présence d'une seule personne est-elle indispensable à l'enfant ? Ou peut-on, sans danger pour lui, le confier pour quelques heures ou une grande partie de la journée à une parente ou une aide de ménage ? En France, plus encore que chez nous, c'est chose courante, et j'aimerais bien avoir votre avis là-dessus. »

Quelle différence y a-t-il entre un enfant qui a connu la tendresse et la stabilité au cours de ses premières années et celui qui a « changé de mains » à plusieurs reprises, qui a été mal accepté, mal aimé ? La différence est semblable à celle qui existe entre les tulipes soignées par un vrai jardinier et celles que cultive un petit garçon de ma connaissance. Les premières bénéficient du terrain, de la température et de la lumière qui favorisent leur croissance au maximum. Les secondes sont anémiques, fripées et misérables parce que le jeune jardinier inexpérimenté et impatient, se livre à toutes sortes d'expériences qui retardent la croissance des feuilles et nuisent à l'épanouissement des fleurs : tous les quinze jours, il sort les oignons qu'il a plantés afin de les changer de place ; il espère toujours que le nouvel endroit choisi conviendra encore mieux que le précédent.
Il est navré de devoir constater que les racines restent maigres et fragiles et que les feuilles ne se développent qu'avec difficulté et lenteur. Il ne comprend pas que ce sont les transplantations répétées qui empêchent les racines de « prendre » et de devenir robustes ; il a de la peine à admettre que les terrains nouveaux - même
s'ils sont réellement meilleurs - obligent chaque fois les plantes à une adaptation qui, finalement, nuit à leur croissance au lieu de la favoriser.
L'enfant qui a eu le bonheur de connaître la tendresse et la stabilité dans ses premières années est comme la plante qui a pu se faire de bonnes racines : il supportera mieux que les autres les difficultés inévitables de la vie. Même quand la corolle et la tige seront secouées par la tempête, les racines tiendront bon et lui assureront une sécurité profonde.
Cela dit, il faut rappeler que certaines variétés de tulipes sont à conditions égales plus robustes que d'autres.
Et l'enfant qui a pris « un mauvais départ » ? Est-il condamné à être handicapé toute sa vie parce que son milieu n'a pas pu, ou pas su, lui procurer la sécurité et l'affection indispensables à l'évolution harmonieuse des jeunes êtres ?
Quand on me pose cette question, je ne peux pas m'empêcher de penser aux robes que se fait ma voisine : ce sont de ravissants modèles, bien coupés, bien cousus, bien montés ; mais ils sont toujours exécutés dans une étoffe qui n'a coûté que quelques francs. Résultat : les robes font une excellente impression à première vue ; mais elles ont l'inconvénient d'être excessivement délicates ; la moindre tache provoque des désastres ; le premier lavage fait fondre le tissu et disparaître tout le « chic » obtenu au prix de nombreuses heures de travail. Je me le demande souvent : est-ce vraiment économique de façonner un tissu bon marché ? Ne vaudrait-il pas mille fois mieux consentir à un sacrifice au moment où l'on choisit l'étoffe ?
Consentir à un sacrifice… Voilà une expression bien grave ! Mais ce sont pourtant les mots qui conviennent pour parler des sentiments qu'éprouvent certains jeunes parents à l'égard de la discipline qu'ils doivent s'imposer pendant les premières années de leurs enfants : ne pas les quitter à tous propos ; ne pas les confier à n'importe qui, n'importe quand, n'importe comment ; renoncer, momentanément pour la mère, à un travail qui l'empêcherait de demeurer le « pivot de sécurité » de ses petits.
S'agit-il réellement d'un sacrifice ? Si l'on considère l'ensemble du développement de l'être humain, on devrait plutôt parler de sage économie. Se consacrer entièrement à ses enfants pendant leurs jeunes années, ce n'est pas perdre du temps, ni s'attarder à des préoccupations puériles. C'est travailler consciencieusement à procurer aux hommes de demain les racines robustes qui leur permettront de sortir victorieux des difficultés de l'existence. Au contraire, si l'on veut économiser sa peine, « gagner » du temps - ou de l'argent - en négligeant les besoins vitaux des êtres en formation, on risque de se forger un avenir familial saturé de problèmes toujours plus insolubles.
Une affection. Une seule à la fois. Une affection stable.
Voilà ce dont les petits ont besoin pour vivre. Et ils en ont besoin pendant les toutes premières années.
Ne dites pas : « Plus tard, j'aurai davantage de temps, je serai plus disponible ». Plus tard, vous devrez déployer des trésors de patience et de compréhension pour raccommoder les trous laissés dans le canevas des premières années. Il vaut beaucoup mieux faire un ouvrage solide, tout de suite.
Ce qui précède concerne plus particulièrement les parents qui ont encore des enfants en bas âge. Nous aimerions tellement les encourager à se donner entièrement à leur tâche d'éducateurs ! Qu'ils fassent tout leur possible pour procurer à leurs petits les conditions qui favorisent le passage délicat d'une étape à l'autre !
Et si vos enfants sont déjà plus âgés ? Si vous vous apercevez, après coup, que vous avez manqué un « virage » important ? Si vous constatez tardivement que, malgré vos excellentes intentions, vous avez commis des gaffes ? Cela signifie-t-il que vous deviez désormais subir avec résignation les conséquences de vos éventuelles erreurs ? Non, heureusement ! N'oublions pas que l'enfant est un être dynamique, en constante évolution. Il n'y a rien de fatal, rien d'inexorable dans sa condition. Tous les espoirs sont toujours permis, tout au long de la vie. Tous les miracles peuvent se produire. Mais il y a une chose qu'il faut reconnaître : c'est que plus le temps a passé, et plus il faut de patience, de persévérance et d'amour désintéressé pour effacer les traces des erreurs commises dans les premières années.
Que vous soyez en train de tisser un canevas neuf ou d'en raccommoder un qui présente quelques « clairs », nous vous souhaitons cette patience, cette persévérance, cet amour désintéressé.









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