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Le boom des bars à café

Le premier bar à café lausannois date de 1951. Aujourd'hui, nous en comptons quarante-et-un, dont onze entrés en service l'année dernière. Pour expliquer un succès aussi foudroyant, il faut admettre que ce genre d'établissement répond à un réel besoin de la population et particulièrement des jeunes qui forment le gros de la clientèle.
Autant les bistrots se ressemblent, autant les bars à café sont différents les uns des autres. Mais les lois du genre existent : exotique, moderniste ou montmartrois, le décor est toujours étudié et évocateur. Les locaux sont généralement petits, les meubles sont modernes, disposés avec une certaine fantaisie. L'éclairage est discret ; le juke-box débite les derniers airs à la mode, avec souvent pour bruit de fond le cliquetis des machines à sous. Tout concourt à créer une atmosphère particulière où un certain mystère s'ajoute souvent au confort et au pittoresque.

La clientèle

La clientèle varie selon l'ambiance et l'emplacement du bar à café. Près des gares, des cinémas, de l'université, on trouve naturellement des catégories bien précises de consommateurs. Mais, partout, la clientèle de base est formée par les jeunes. Beaucoup y passent plusieurs heures par jour et pour rien au monde ne renonceraient à cette habitude.
Pour les besoins de mon enquête, j'ai passé une soirée dans l'un des bars les plus caractéristiques de la ville. C'est le lieu de rendez-vous régulier - et assez mal famé - de véritables clans de jeunes et l'on peut y étudier sur le vif l'un des phénomènes sociaux les plus intéressants de notre époque.
L'établissement en question est divisé en deux parties. La première est occupée par des hôtes de passage surtout ; la seconde, plus petite, est bondée. Une trentaine de jeunes en pantalons de futaine et pull sont assis autour du juke-box. Peu de filles. Il n'y a guère que celle du chef, un assez beau garçon assis avec elle. Le chef s'en va bientôt après avoir donné à voix basse des ordres à quelques comparses. Son départ provoque un certain intérêt dans le groupe.
Le peu de conversation que le jazz me permet d'entendre est insignifiant. On parle filles, films, sports. L'entretien n'est guère animé, mais les silences même longs ne pèsent pas grâce à la musique. Les gars jouent visiblement aux durs, aux blasés et cherchent à donner à leurs rencontres des airs de complots.

La tenancière nous dit…

« Plus de la moitié de ces jeunes, me dit la tenancière, vivent en marge de la société. Beaucoup ne travaillent plus depuis des années, vivant de petits larcins ou on ne sait trop comment. Je les aime bien : ce n'est pas de leur faute. Les responsables sont leurs parents - quand ils en ont - ou la société qui n'a pas su les comprendre et s'en occuper. Ils passent des heures ici, quelquefois toute la journée, ou bien ils partent et reviennent. C'est ici leur port d'attache et même leur foyer. On est obligé de les surveiller à cause du risque de dispute. Le soir, un ancien champion de boxe est chargé de maintenir le calme. Les jeux de cartes sont interdits ; la machine à sous a été supprimée parce que les jeunes jouaient en cachette pour de l'argent et que cela dégénérait en bagarre. D'ailleurs, ils acceptent ce minimum de discipline sans trop protester. Ce sont des enfants : ils se rebiffent si on les prend de haut, mais au fond, ils sont reconnaissants qu'on s'occupe d'eux. Les vrais « durs » sont peu nombreux ici. Ils ne se contenteraient pas de boire du lait et de causer sous la surveillance d'un boxeur… »

Des solitaires.

Ces jeunes sont des solitaires et des déçus. Le bar à café leur permet d'entretenir des relations sociales élémentaires, et surtout il est le lieu où ils croient pouvoir satisfaire leur besoin de se valoriser, de vivre intensément et même dangereusement. Il est visible qu'ils cherchent les uns auprès des autres, moins une camaraderie qu'une complicité dans la comédie qu'ils se donnent à eux-mêmes. Le bar à café sert de décor à leurs rêves d'aventures. La pénombre, la musique, les conversations à voix basse, la présence du clan, tout cela leur permet d'échapper à la grisaille quotidienne.









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