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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
En dehors du grand intérêt pour vous de cette matière exceptionnelle, que vous soyez jeune parent, chercheur dans une université ou simplement intéressé par l'évolution des comportements humains, votre soutien par l'intermédiaire d'un abonnement nous est indispensable.
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Une gaffe

16 h. 10. Les enfants se précipitent hors de l'école en riant, criant, sautant, tout à la joie de leur liberté retrouvée. Impatiente, je me réjouis d'apercevoir ma fille et de lire sur son visage le plaisir de me voir. C'est une surprise à double titre. Tout d'abord, voilà quelques semaines déjà qu'il n'est plus question de venir la chercher tous les jours : à sept ans et demi, l'on sait se conduire seule lorsque l'on a la chance d'habiter en face de l'école ! Et puis, ce jour-là, je devais être absente à quatre heures. Ainsi, Claude ne m'attendait pas. Je suis heureuse qu'un rendez-vous remis me permette de la surprendre.
En groupes, les enfants jaillissent de la porte ; puis, un à un, les retardataires suivent en courant… Toujours pas de fille. Je commence à m'étonner, pose des questions à ses petites camarades. « Claude ? Il y a longtemps qu'elle est sortie !… » Bon, je l'ai manquée, dommage ! Vite, remontons à la maison. Claude n'y est pas.
Voyons, pas d'affolement… attendons calmement, elle se sera attardée en classe… elle va arriver d'un moment à l'autre. Mais le temps passe et Claude n'est toujours pas là. Cette fois l'angoisse m'étreint et je laisse s'installer dans mon esprit les mille folles suppositions qui peuvent traverser la tête d'une mère qui ne sait pas où son enfant a disparu. J'entreprends des recherches d'autant plus inutiles qu'elles sont désordonnées, à l'image du désarroi de mon coeur. Puis, d'un seul coup, la colère remplace l'angoisse : là-bas, à l'extrémité de la rue, je vois arriver Claude tranquille, souriante, accompagnée d'une de ses petites amies. Ma colère éclate, je gronde, je déverse mon angoisse sur une Claude sincèrement abasourdie de me voir dans cet état. « Mais tu m'avais dit que tu ne serais pas là à 16 h. Alors, je suis allée demander à la maman de Lisette si elle pouvait venir chez moi. On s'est dépêché. Ce n'est pas tard ». C'est vrai, après tout, que ce n'est pas tard ; les minutes qui m'ont paru des siècles n'ont pas dépassé la demi-heure. C'est Claude qui a raison. Sa démarche était justifiée et mes gronderies injustes…
Le soir, détendue, j'ai demandé pardon à ma fille et lui ai expliqué comment il était possible qu'une maman puisse se tromper dans ses réactions et pourquoi elle a toujours envie d'avoir son enfant sous les yeux. Mon orgueil a alors trouvé un baume dans ces paroles si sensées de Claude qui a liquidé l'événement en disant :« C'est normal que tu te sois énervée, tu m'aimes tellement et tu t'es fait tellement de souci !… Elle s'est endormie à nouveau rassérénée et confiante. Pour elle tout était oublié. Pas pour moi. La leçon avait été dure pour mon orgueil de pédagogue et il a bien fallu s'efforcer de tirer les enseignements de cet incident.

1. Il est indispensable de se savoir faillible, et il ne faut pas craindre que les enfants le constatent. Mieux vaut qu'ils découvrent, petits déjà, que leurs parents ne sont pas des êtres parfaits, qu'il leur arrive de se tromper et qu'ils ont chaque jour des progrès à faire.
Se savoir faillible et le reconnaître devant ses enfants. Ne pas craindre de dire :« J'ai eu tort, pardonne-moi ». Ne pas craindre de chercher ensemble pourquoi notre attitude a été fausse et comment il faut la corriger.
Avec leur sens aigu de la justice (sens que malheureusement les adultes, par leurs réactions, émoussent en eux), les enfants apprécieront cette attitude vraie.

2. Accepter très tôt que nos enfants jouissent d'une marge de liberté.
Claude n'a pas eu du tout l'impression de mal faire en ne rentrant pas directement à la maison. Elle a seulement pris une initiative, puis a réalisé son idée, sans arrière-pensée, montrant par là la confiance qu'elle avait en la compréhension de sa mère… Hélas !… quelle déception !
Ce n'est pas au moment de l'adolescence que l'enfant doit faire l'apprentissage de la liberté. Il doit, bien avant dix ans, s'habituer à rester seul, à organiser ses moments de loisir, à utiliser son indépendance. Comme on autorisera un enfant de 2 à 3 ans à jouer avec du sable et de l'eau, même s'il risque de se salir, on acceptera également qu'un enfant de 6 à 7 ans se débrouille dans la rue, s'habitue à faire une course seul à l'épicerie. On acceptera qu'il prenne une initiative que nous n'avons pas prévue. C'est naturellement plus difficile que de se contenter d'admettre ce que nous avons permis ! A mesure que l'enfant grandit, il doit s'émanciper. Il est juste qu'il secoue la tutelle familiale et conquière son indépendance. La maxime bien connue qui dit qu'on n'élève pas ses enfants pour soi mais pour eux doit être vraiment acceptée. Le détachement progressif de nos enfants est inévitable et nous devons le favoriser. Ne pensons pas qu'ils ne nous aiment plus parce qu'ils s'éloignent de nous. Leur amour change de caractère tout simplement. Pourtant vous n'avez pas à abdiquer votre autorité, sous prétexte de leur laisser de la liberté. L'enfant aime la discipline juste et intelligente. Il a besoin de savoir exactement ce que vous exigez de lui, la marge d'initiative que vous lui laissez. Il sera reconnaissant d'un cadre ne permettant pas le laisser-aller ou le déséqulibre, il sera reconnaissant aussi de sentir que vous lui faites confiance. Au moment des bouleversements et des tentations de l'adolescence, il saura y faire face : il aura déjà fait l'apprentissage de la liberté et sera certain de votre compréhension.


« J'ajouterais deux remarques» me dit une amie qui prenait connaissance de mon texte.
a) Ne pas sermonner un enfant devant ses camarades.
b) Pas de gronderie, pas d'observations avant le « goûter ». On exaspère l'enfant en lui «tombant dessus» dès qu'il rentre. Les tartines mangées, il sera certainement plus perméable à nos conseils et une colère maternelle injustifiée peut s'apaiser devant une tasse de thé !









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