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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
En dehors du grand intérêt pour vous de cette matière exceptionnelle, que vous soyez jeune parent, chercheur dans une université ou simplement intéressé par l'évolution des comportements humains, votre soutien par l'intermédiaire d'un abonnement nous est indispensable.
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Comment aider Madame A…

Depuis quelques mois, Mme A. est de plus en plus inquiète, cela ne va décidément pas dans le foyer de sa fille qui s'est mariée il y a deux ans. Au début, elle semblait pourtant heureuse et continuait comme dans son adolescence, à raconter à sa mère tout ce qui la concernait. Aucun séjour de vacances, aucun arrangement dans l'appartement, aucune invitation d'amis, aucun achat, même les objets les plus courants du ménage, ne se faisait sans consulter « maman ».
Elle croit avoir très bien élevé sa fille, l'habituant à une dépendance telle, qu'elle serait pour toute sa vie à l'abri des initiatives personnelles, sources de toutes sortes de malheurs.
Peu à peu, elle a senti, au cours de ses visites quotidiennes qu'une tension nerveuse se créait dans la maison. Chacun maintenant a l'air mal à l'aise en sa présence, son gendre lui parle de moins en moins et sa fille, jadis si confiante, devient irrésolue et renfermée. Les disputes sont fréquentes… Si personne n'a le courage de provoquer des conversations à coeur ouvert où l'on chercherait à se comprendre, cela finira-t-il par un divorce ?
Mme A. n'ose rien dire, mais elle est inquiète. Qui pourrait donc l'aider à voir clair ? Elle se joint à un groupe de mères qui se réunissent régulièrement autour d'une psychologue expérimentée pour lui exprimer leur désarroi dans tant de problèmes familiaux, les étudier en commun et modifier peut-être leur façon d'agir ou leurs
principes d'éducation. Au cours de ces causeries, Mme A. entend commenter des sujets du genre de celui-ci :
On dit souvent aux jeunes mamans :« Soyez aimantes, soyez dévouées à vos petits enfants ». Mais certaines mamans, comme Mme A. sans doute, trop tendres et trop craintives, tissent autour de leurs bébés une enveloppe d'amour qui voudrait être une protection absolue. C'est admirable tant qu'ils sont dans un berceau ; mais les voici qui essaient de marcher et qui tombent. Ces mamans ressentent les coups qu'ils se donnent avec une sensibilité et une imagination d'adulte et à force de s'apitoyer, susciteront en eux la peur et l'habitude de se plaindre pour les plus petites choses.
L'apprentissage de la vie ne peut être supprimé et l'enfant, tôt ou tard, fera connaissance avec la douleur ou la séparation. Lorsque sa mère doit sortir sans lui et le confie à une personne sérieuse, cela est naturel et juste, mais si elle se fait des reproches, elle crée une atmosphère d'abandon qu'elle transmet à l'enfant. Pour peu qu'elle revienne en arrière lui dire plusieurs fois adieu, il deviendra nerveux et fera des scènes. Et si elle s'en va sans le prévenir, l'absence de sa maman découverte brusquement, le rendra d'autant plus anxieux qu'elle ne sera pas là pour lui expliquer elle-même la raison de son départ.
Madame A. a peut-être été une de ces mères inquiètes, qui élèvent leurs enfants comme des bébés au berceau tout au long de l'enfance et de l'adolescence. Il en est même qui ne peuvent plus abandonner cette surveillance et mésusent du téléphone en s'informant constamment de tous les gestes de leurs enfants adultes, mariés ou non.
Les parents peuvent habituer leurs enfants, tout petits déjà, à ne pas être considérés comme le centre du monde, à accepter certains sacrifices à leur mesure, comme par exemple d'aller passer une nuit chez une tante, même intimidante, si cela rend service, à supporter aussi quelques difficultés sans tourmenter leur entourage.
Peu à peu en faire des jeunes gens responsables d'eux-mêmes en face de la vie et de ses exigences, capables de faire usage de la liberté.
Tous ces problèmes de famille et de comportement sont commentés au groupe de mères et Mme A. comprend que sa profonde tendresse protectrice n'a pas préparé sa fille à vivre sa propre vie. Elle l'a même empêchée, par les liens qui l'attachaient à elle, d'être vraiment disponible pour son mari.
Il va être bien difficile de changer son attitude mais elle sait maintenant qu'elle est appelée à faire le sacrifice, non de son amour maternel, mais de la manière de l'exprimer. Si elle n'aide pas sa fille à sortir de cette dépendance, celle-ci en souffrira toujours plus.
Cette pensée lui donnera le courage nécessaire pour aborder le problème avec ses enfants, pour reconnaître devant eux qu'elle a pu se tromper et chercher ensemble à réaliser une nouvelle harmonie familiale.









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