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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
En dehors du grand intérêt pour vous de cette matière exceptionnelle, que vous soyez jeune parent, chercheur dans une université ou simplement intéressé par l'évolution des comportements humains, votre soutien par l'intermédiaire d'un abonnement nous est indispensable.
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L'antidote de la peur

Dans un monde où les peuples comme les individus vivent dans l'angoisse, que pouvons-nous tenter pour préserver nos enfants? Comment les aider à préparer un avenir où la crainte ne régnerait pas en souveraine?
Dès les premiers mois de son existence, le petit enfant est sensible à l'éclairage sous lequel lui sont présentés les événements nouveaux. Or, toute situation nouvelle peut être ressentie instinctivement comme dangereuse si l'enfant ne comprend pas ce qui se passe. C'est pourquoi on ne recommandera jamais trop aux parents de préparer leur petit à l'événement qu'il va traverser.
« L'événement », pour le jeune enfant, c'est tout ce qui ne fait pas encore partie de sa vie habituelle: c'est apercevoir la première fois que sa mère quitte la maison avec un manteau et un filet à provisions; c'est assister à l'arrivée inattendue d'une visite qu'on ne connaît pas; c'est être emmené chez le docteur ou à l'hôpital; c'est faire un séjour dans une pouponnière, un home d'enfants ou chez une parente inconnue. C'est (surtout pour l'aîné) la découverte bouleversante d'un nouveau-né qui est en train de prendre la place privilégiée qu'il occupait jusqu'ici dans le berceau, dans les bras de sa mère, dans le coeur de ses parents (du moins est-ce ainsi qu'il vit cette situation nouvelle).
Il ne s'agit naturellement pas d'éviter toute émotion fâcheuse à nos enfants en supprimant de leur vie tous les changements, toutes les séparations, toutes les innovations. Non, bien sûr! Ce que nous devons faire, c'est ménager des transitions, rassurer, réconforter, afin que l'enfant puisse « assimiler » la situation nouvelle dans une atmosphère de sécurité affective.
Si on doit le quitter pour une heure, pour un après-midi ou pour 15 jours, il faut lui expliquer ce qui va se passer en quelques phrases, sur un ton assuré et tranquille. Selon les circonstances, on veillera à ce qu'il garde ou emporte avec lui un objet auquel il est particulièrement attaché et dont la présence sera pour lui une preuve visible de la stabilité familiale. Ce sera son ours en peluche, son bébé-mouilleur ou le morceau d'étoffe qu'il aime se passer sous le nez ou sucer avec délices: peu importe; pourvu que ce soit son objet de prédilection.
Et puis, il faut lui faire comprendre qu'après un temps plus ou moins long, il vous retrouvera, vous et votre affection inchangée. De cela, il doute fort et c'est la cause principale de son inquiétude ou même de son désespoir.
Pour renforcer la sécurité affective dont l'enfant a besoin pour affronter une situation nouvelle, il est bon que les parents prennent l'habitude de dire la vérité en toute occasion: avouer que ça pique lorsqu'on se fait vacciner, que la fraise du dentiste fait un bruit impressionnant, que les camarades qu'on trouvera le premier jour d'école ne sont pas forcément tous des anges avec une auréole… La vie est ainsi: elle nous offre un certain nombre d'épreuves désagréables à traverser; personne n'aime beaucoup souffrir physiquement, ni moralement (pas même nous, les parents!); mais si on est déjà « grand » et résistant, on arrive à supporter sans panique ces « tests » ennuyeux.
Dire également la vérité concernant les grandes questions que se posent tous les enfants: « Où est-ce que j'étais avant d'être né? Pourquoi grand-père est-il mort et où est-il? Qui est-ce qui a fait la toute première maman? » Si vous êtes embarrassé ou surpris par la précocité ou l'inopportunité de la question qui vous est posée, dites simplement que vous avez besoin de réfléchir à la meilleure façon d'expliquer la chose et prenez votre temps pour… tirer au clair vos propres certitudes. Mais n'oubliez pas que vous avez promis une réponse. C'est vital. Car votre enfant, lui, n'oubliera pas. Et c'est grâce à vos réponses authentiques que l'enfant prendra l'habitude d'avoir confiance en vous.
La confiance. Voilà l'antidote de la peur.
Tout ce qui augmente la confiance de l'enfant est salutaire. Tout ce qui fait germer la méfiance risque de diminuer sa solidité intérieure.
L'enfant qui acquiert peu à peu la certitude que, quoi qu'il arrive, on peut compter sur la parole et sur l'affection des parents, celui-là peut s'avancer au travers des difficultés avec sérénité, avec courage. Il possède les éléments de base sur lesquels s'édifiera plus tard sa sécurité d'adulte.









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