Accueil
   

 

 

 

RECHERCHES
Rechercher un mot dans les articles:


Recherche avancée
• par mots
• par thèmes

ARCHIVES DE TOUS LES ARTICLES



AUTRES MENUS
ACCUEIL
ADRESSES
  • Adresses utiles
  • Bibliographie
  • Liens Internet
LE JOURNAL






Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
En dehors du grand intérêt pour vous de cette matière exceptionnelle, que vous soyez jeune parent, chercheur dans une université ou simplement intéressé par l'évolution des comportements humains, votre soutien par l'intermédiaire d'un abonnement nous est indispensable.
Pour les pays lointains et si vous ne désirez pas profiter de la version papier, un abonnement sous forme de pdf est accessible au même prix annuel de CHF 30. Il vous donne un accès complet aux archives
RETOUR

Le jour où votre enfant atteint ce merveilleux âge ingrat

Dans chaque famille vient cette heure où les enfants s'échappent de l'enfance et façonnent, en quelques années de déchirement quotidien, l'adulte qu'ils vont devenir. On appelle cela « l'âge ingrat ». Diagnostic facile: les haussements d'épaule qui frisent l'insolence et les crises d'amour filial, les coups de fatigue et les accès de fou rire, les cafards insolites et les tiroirs fermés à clef, les fièvres de coquetterie et les fièvres scolaires (en général brèves!), les nuits blanches et les promenades inspirées…
Ces êtres très jeunes, très désorientés par toutes leurs découvertes quotidiennes, très démunis et très timides, même lorsqu'ils jouent les matamores, ont passionnément besoin d'un appui. Et comme ils sont encore très faibles et sans discernement, s'ils ne trouvent pas ce guide à la maison, chez eux, dans leur famille, ils vont le prendre n'importe où, se modelant sur la personne élue avec un mimétisme déconcertant, et un exclusivisme dangereux.
Cet appui, nous le leur avons donné sans compter, tout naturellement, pendant toute leur enfance. Compréhensifs, indulgents et tendres, nous les avons regardés grandir, en les aidant, en les soutenant, en leur pardonnant toujours. Pourquoi les abandonnerions-nous, juste au moment où ils sont plus que jamais vulnérables? Parce qu'ils ne font plus appel à notre protection, à notre tendresse, mais à notre intelligence? Parce qu'ils n'acceptent plus nos jugements sans discuter, mais qu'ils remettent tout en question? Parce qu'ils nous portent sur les nerfs, avec leur prétention de pseudo-adultes?
… Ils ont leurs jours de mutisme et leurs moments d'insolence, leurs élans d'enthousiasme et leurs crises de mélancolie, apparemment injustifiés, leurs absences, leurs retards, leurs oublis…
Que voulez-vous… ils apprennent. Ils apprennent à devenir des grandes personnes et ils cherchent aveuglément à se comporter comme ces adultes qu'ils admirent et qu'ils envient tant, à porter comme eux des jugements sur tout, et à se dessiner une personnalité.
Et cette personnalité, ils vont essayer de se la former d'abord en niant tout ce qu'ils ont auparavant accepté sans discuter. Cette première époque de leur prise de conscience est peut-être la plus éprouvante pour les parents: butés, grinçants, obstinés dans l'erreur, ces adolescents dressent une barrière d'incompréhension voulue entre eux et l'autre génération. Tout ce que nous leur disons est lettre morte. Ils viennent de découvrir en eux l'esprit critique: Dieu sait qu'ils s'en servent!
C'est pour leurs parents l'heure la plus grave. Car c'est tout de suite qu'il faut choisir: soit l'indulgence, l'intelligence lucide des adultes, la fraternité agissante et une patience infinie, soit l'incompréhension définitive, l'ironie, les remontrances, les fureurs, les larmes… et les fugues. De ce choix dépend tout l'avenir de nos enfants. Si en ces jours d'affolement, nous leur refusons notre appui, il faut bien savoir que nous le leur refusons pour toujours: c'est une porte que, définitivement, nous avons fermée entre eux et nous.

En quête d'un modèle.

Ils se cherchent une personnalité: ce n'est pas si facile! Par eux-mêmes, à leur âge, ils sont bien incapables d'y parvenir. Et cependant, ils ont besoin de s'affirmer. Aussi cherchent-ils tout d'abord des modèles autour d'eux, et comme nous vivons au siècle des images, les vedettes de cinéma jouent un rôle immense au ciel des adolescents.
… Aidons-les à sortir sans trop de casse de leur peau d'emprunt. Non pas en nous moquant d'eux, mais en leur proposant autre chose. Alors viendra tout naturellement, pour ces adolescents, le temps de la critique, du regard lucide, des comparaisons utiles, du reniement. Et ils commenceront à chercher ailleurs des modèles de meilleure étoffe.
Ne les laissons pas chercher seuls. Ne les abandonnons pas sans secours dans cette quête spirituelle qu'ils mènent avec tant de courage, et les faibles ressources des enfants de quinze ans. Ce dont ils ont besoin, aujourd'hui, ce n'est pas d'un supérieur, c'est d'un égal. Maladivement sensibilisés à tout ce qui voudrait les freiner, soupçonneux, irritables, ils renâclent devant le moindre obstacle et prennent volontiers le mors aux dents.
… Abandonnons pour toujours le ton « parent » qui arrête net toute confiance. Evitons les mots ironiques ou blessants. Ecoutons-les, intéressons-nous à ce qui les passionne. Bien sûr, cela exigera de nous une gymnastique intellectuelle à laquelle nous ne sommes plus habitués: cette semaine la musique d'Albinoni, la semaine prochaine les peintres abstraits, et dans quinze jours les moteurs d'avions… Mais après tout, nous ne sommes quand même pas tellement vieux que nous soyons devenus incapables de comprendre et de suivre le mouvement!
Et répétons-nous bien qu'ils ont mille fois le droit de se tromper, de se renier, de schématiser, d'outrepasser la réalité et de se laisser emporter par le rêve. Ils ont quinze ans.
Pensons aussi qu'ils ont beaucoup de peine à envisager les réalités matérielles de l'existence, et partant beaucoup de mépris pour elles.
Ne leur demandons pas: «Que comptes-tu faire plus tard?» Ils ne nous répondraient que par un haussement d'épaules ou un regard noyé. … La seule chose que nous pouvons tenter avec fruit, c'est peut-être, pour leur remettre un peu les pieds sur terre, de leur enseigner le prix de « l'ouvrage bien fait », et le respect de la tâche entreprise. Et là, le mieux est naturellement de prêcher d'exemple.
Avez-vous déjà réfléchi que, à la racine de tous ces blousons, implacablement noirs ou dorés sur tranche, se cache un échec? Vérifiez la vie scolaire, la vie familiale de ces enfants perdus; presque toujours vous découvrirez cet échec, générateur de rancune.
… Si la vie de leur famille est unie, si l'atmosphère de la maison est chaleureuse, les adolescents en pleine crise n'ont que très peu de chances de venir augmenter les bandes de blousons noirs. Il leur suffira de se sentir compris, épaulés et tendrement aimés pour ne pas être tentés.
« La jeunesse est si séduisante qu'il faudrait l'adorer », disait à peu près Mme de Sévigné, cette folle d'amour maternel, en parlant de sa chipie de fille.
L'adorer… Peut-être pas. Mais l'aimer, très sûrement et la coinprendre. Et pour la comprendre, peut-être le mieux est-il de la conserver nous-mêmes dans notre coeur le plus longtemps possible: son enthousiasme et sa curiosité, sa fraîcheur d'âme et son goût de la vie restent toujours à notre portée.

Une jeunesse éternelle: celle du cÅ“ur.

Cette jeunesse toujours affamée de nouveauté et farouchement vivante, nous la rencontrons chez des gens de tous âges, qui ont su garder intacts leur élan, leur vitalité, et une modestie certaine, qui leur permet de changer d'opinions et de suivre leur temps sans se limiter aux barrières d'opinions toutes faites.
… Le secret de l'éternelle jeunesse est très certainement dans la présence près de nous de ces adolescents qui nous entourent et desquels nous pouvons, tout en les aidant, apprendre tant de choses…









www.entretiens.ch fait partie du réseau « NETOPERA - culture - société - éducation sur Internet » et pour la photographie PhotOpera - Uneparjour || DEI - Défense des Enfants - International
ROUSSEAU 13: pour allumer les lumières - 300 de Rousseau  ROUSSEAU 13: les IMPOSTURES - 300 de Rousseau - portraits déviés PHOTOGRAPHIE:Nicolas Faure - photographe d'une Suisse moderne - Le visage est une fiction - photographie de l'image brute - Laurent Sandoz - comédien et acteur professionnel - Genève