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Les premiers contacts sociaux de l'enfant. Le spectacle de la rue

Nous avons lu dans « L'Ecole des Parents» un très intéressant article consacré aux premiers contacts sociaux de l'enfant.
L'auteur, M. A. Ferré, cite d'abord l'école (contact avec la maîtresse, les camarades), les jeux, les livres, la radio, la télévision, etc. Il envisage ensuite les relations de l'enfant avec des milieux sociaux plus ouverts, plus variés : ceux qui s'offrent à lui dans la rue.
Sur ce point, l'attitude des familles est très variable, dit-il.
« On peut distinguer deux pôles opposés. D'une part, les familles qui, pour des raisons diverses (insuffisance du logement, travail tardif des adultes au dehors, indifférence des parents, irrépressible esprit aventureux du garçon ou de la fille, lourdeur insupportable de l'atmosphère morale familiale) laissent dehors leurs enfants pendant la plus grande partie de leurs loisirs, ce qui, au point de vue éducatif, confine au véritable abandon. D'autre part, celles qui, au contraire, redoutant pour eux les contacts étrangers et les spectacles non contrôlés, les confinent à la maison, réduisent au minimum leurs échappées vers le dehors, et s'efforcent de ne les laisser sortir qu'accompagnés. Pour les premiers, la rue n'est pas seulement une zone de parcours, un itinéraire, mais le milieu de vie normal, l'endroit où l'on retrouve les camarades, le terrain de jeux. Pour les autres, c'est un endroit prohibé, où les guettent de mystérieux dangers.
Entre ces deux attitudes extrêmes, il en est de plus raisonnables : tout en apprenant à l'enfant à se protéger des dangers matériels de la rue avec la circulation de ses véhicules, et en veillant aussi à ce que des séjours trop fréquents et trop prolongés ne l'y livrent pas à ses dangers moraux, il convient de ne pas le priver d'une expérience sociale particulièrement riche et instructive.
Les enfants aiment la rue. Elle les attire, excite au plus haut point leur curiosité. C'est là un fait qu'il ne faut pas perdre son temps à déplorer, mais qu'on doit admettre comme tel et s'efforcer de comprendre. Si la rue exerce tant de séduction, c'est qu'elle répond à des besoins enfantins profonds : d'abord celui de découvrir, de se lancer dans une sorte d'aventure imprévue, pittoresque ; et puis celui d'élargir son horizon social, de sortir du milieu familial un peu confiné, du milieu scolaire un peu trop strictement régi, pour participer à une vie plus aérée, plus étendue, plus libre et plus complexe.
Pour l'enfant, la rue est un spectacle permanent. Il en jouit déjà sans sortir de chez lui lorsque, le nez écrasé contre la vitre, les yeux aux aguets, les mains écartées collées à la fenêtre, il assiste au défilé des passants, au va-et-vient des voitures, au passage régulier de ces véhicules privilégiés que sont pour lui tramways et autobus. Un poste d'observation meilleur, c'est le balcon (surtout aux étages élevés) d'où le regard peut tour à tour plonger pour voir en plan à la verticale une physionomie insolite des êtres et des choses, s'étendre à droite et à gauche et scruter les logis d'en face. Les parents ont intérêt à ne pas ignorer ce spectacle, à faire écho aux remarques de leurs enfants, à diriger leurs observations vers des détails caractéristiques, à les aider à interpréter les indices. Ils n'en obtiendront que mieux de leur faire abandonner ce profitable divertissement quand ils ont jugé que le moment en est venu.
Mais la rue vue de la maison n'est encore l'objet que d'une contemplation un peu passive, et qui invite à mieux. Autrement intéressant est d'y descendre, de se mêler à sa vie, en s'y déplaçant, en y suivant des parcours tentateurs, en regardant de tout près, après s'être faufilé au premier rang des badauds, et sous divers angles, les scènes curieuses. Du théâtre de la rue, on n'est plus alors seulement un spectateur étranger : on en devient un figurant, et à l'occasion un acteur.
Dans ce théâtre, la curiosité enfantine est attirée à la fois par les personnages et par le décor. Ses camarades donnent déjà à l'écolier un premier aperçu des différences de conditions sociales. Mais celles-ci apparaissent de façon bien plus sensible chez les passants adultes qu'il côtoie. Il apprend vite à distinguer les degrés intermédiaires entre les plus modestes des subalternes et les échelons élevés de la hiérarchie. Il est particulièrement attiré par les uniformes de toute sorte (ceux des encaisseurs de banque, des pompistes, des bonnes soeurs autant que des militaires) et par les costumes spéciaux (infirmières et nurses, égoutiers aux grandes bottes, garçons de café en veste blanche).
Avec ces images s'inscrivent dans son esprit les notions de travail professionnel spécialisé et d'organisation sociale, une idée des métiers plus tangible, plus vivante que celle qu'en présentent les exercices scolaires. Certes, bien des parents redoutent que la rue ne fournisse aussi des informations incongrues, des idées malsaines. Les mises en garde sont nécessaires, et il n'est pas question de livrer les enfants à la rue pour de trop longues périodes. Mais leurs réactions aux spectacles inconvenants, réactions qu'avec un peu de vigilance on peut orienter, sont le plus souvent de saine réprobation. A tout prendre, ils ont plus à gagner qu'à perdre à voir de près les personnages de la rue, et aussi à observer les scènes de la rue que jouent ces personnages.
Quant au décor, c'est celui des devantures des boutiques et des magasins. Garçons et filles aiment à s'y attarder longuement. Ils aiment encore plus y accompagner leurs parents faisant des emplettes. A partir d'une dizaine d'années, il n'est pas mauvais qu'un enfant soit chargé de faire seul, dans un magasin, quelques commissions simples, pour lesquelles on lui confie l'argent nécessaire. Les filles s'y entendent généralement mieux et plus précocement que les garçons. Là encore les leçons de la vie parachèvent heureusement celles de l'école. Il faut parler clairement pour se faire comprendre, et avec cela ne pas négliger les conventions de la politesse. Il faut apprendre la valeur de l'argent, savoir vérifier le compte de la monnaie rendue. Il faut ne pas laisser passer son tour, et se hausser, par sa dignité de client, au niveau des adultes. D'autre part, les observations que fait le jeune acheteur sur les attitudes et les manières de telle cliente, peuvent se confronter, après le départ de celle-ci, avec les réflexions des autres clients ou du commerçant ; ainsi se précise son information non seulement sur la vérité des conditions sociales, mais sur celle des caractères. Ne privons pas nos enfants de ce genre d'expérience, et écoutons le compte rendu qu'ils en font à leur retour.
En résumé, la rue peut être considérée comme une véritable école, irremplaçable pour la formation de l'expérience sociale des enfants. Mais une école dont, bien entendu, les parents doivent régler et contrôler la fréquentation. Il va sans dire que sont parfaitement indésirables, bien que très virilisants, les contacts sociaux qui consistent à s'intégrer à une bande comme ces bandes organisées de jeunes chapardeurs qui opèrent dans les magasins à prix unique des grandes villes. Mais les familles vigilantes, et au sein desquelles l'enfant trouve le climat moral où il s'épanouit normalement, ne risquent pas de fournir à la société ce genre de dévoyés ».









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