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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
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Conseils drôlatiques et sérieux d'une jeune mère

Vous allez être mère ! Quelle merveilleuse perspective ! L'accouchement sans douleurs vous amène tout droit au miracle de la naissance. Vous étiez une, et vous voilà deux. Quel événement extraordinaire ! Cela ne fait d'ailleurs que commencer… Le premier sourire de votre héritier vous fera pleurer de joie. Puis, le contact de ses joues, douces comme des gousses d'orange et tendres comme des matelas pneumatiques, vous attendrira. Enfin, vous allez baragouiner un français étrange, une espèce de babolement par contagion. Votre mari trouvera que vous devenez un peu bête, puis il le deviendra à son tour.
Profitez bien de votre séjour en clinique. Ce sont les seuls jours et nuits de vacances complètes que connaîtra votre existence de femme mariée (évidemment, cet article ne s'adresse ni aux milliardaires, ni aux infirmières).
Mais dès que vous aurez regagné votre logis, avec votre grosse valise, votre petit poupon et quelques fleurs, attention au surmenage aigu ! La femme a toujours une malheureuse tendance à « s'en faire » et à « en faire trop ». Vous n'allez tout de même pas, pour faire comme tout le monde, vous fabriquer du cholestérol et une maladie de coeur parce que vous êtes devenue primipare. D'ailleurs, les bébés n'aiment pas la fébrilité chez les grandes personnes!
Pour les couches : la plupart du temps, vous les rincerez à mesure (ne laisser s'empiler ni les factures, ni le linge) en chantant en mesure.
Pas d'épingles pour fixer les couches : bébé ne goûte pas le strip tease, et il n'est pas assez acrobate pour se déshabiller tout seul. Une simple culotte de gurit tiendra les paquets en place, l'unique, celle que vous retournez simplement à chaque séance de change.
Pour ne pas le perdre dans l'eau du bain, lavez bébé à la main et non au gant de toilette. Une simple promenade de la savonnette sur son petit corps suffira. Le principal est d'avoir les mains libres pour tenir le trésor. Quand il saura nager, ce sera une autre histoire…
« Simplifier », telle devrait être la devise de toute mère de famille qui ne veut pas mourir. Pourquoi s'acharner contre la poussière ambiante et pourquoi trimbaler une poussette entre un sixième étage et un macadam poussiéreux quand l'enfant peut s'emplir d'oxygène sur un balcon désert ou devant une fenêtre ouverte?
… Un minimum de manutention de votre part procurera un maximum de paix et de bienfait à l'enfant dormeur. L'enfant est comme une forêt vierge : moins on s'en occupe et plus il devient fort. Plus vous entourerez le malheureux de vos soins méticuleux, de vos soucis et de vos nerfs, plus le malheureux deviendra nerveux, capricieux, insomniaque, et plus vous le deviendrez à votre tour!
Relaxation mentale et physique, c'est ce qu'il vous faut. Si vous vous épouvantez quand bébé devient un peu fébrile, si vous vous formalisez quand votre mari prétend que vous avez la belle vie, vous vieillirez d'un seul coup et vous aigrirez encore davantage. En revanche, si, tous muscles détendus, vous vous dites que la fièvre des nourrissons descend aussi vite qu'elle est montée (et que le docteur fera tout ce qui est possible), que quand tout va au plus mal, ça ne peut pas aller encore plus mal et que tout va donc aller mieux, si vous vous persuadez que votre mari ne voudrait pour rien au monde échanger ses huit heures de tranquille labeur quotidien contre vos dix-sept heures de travaux multiples, si vous réalisez que vous gagnez encore plus que lui en faisant à la fois l'office de femme de chambre, de blanchisseuse, de repasseuse, de couturière, de cheval de trait ou de tireur de pousse-pousse, de gouvernante et de garçon (pour peu que vous parveniez encore à gagner quelque argent à côté de tous ces métiers plus tuants que lucratifs, vous êtes un vrai capital), en un mot, si vous restez philosophe, vous sentirez monter en vous une enivrante sève de calme et de fierté.
… Si vous avez résisté aux assauts du surmenage chronique, c'est que vous n'êtes pas une femme-poutze, c'est que la poussière est pour vous une poudre naturelle contre laquelle il serait absurde de lutter tous les jours, c'est que vous ignorez à la fois les taches qui agrémentent les vêtements de vos libres enfants et les pittoresques moustaches de miel qui les surmontent, c'est que vous ne vous arrêtez qu'à l'essentiel, c'est que vous ne vous écoutez pas, c'est que vous refusez de vous énerver, de vous plaindre, de fesser (tout cela fait trop de mal et prend trop de temps), c'est, en définitive, que vous êtes la mère idéale et que vous avez droit à distribuer vos conseils!









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