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L'imagination

« Mon enfant a trop d'imagination ! » entend-on souvent proclamer par une mère inquiète. Nous ne nous souvenons pas en revanche avoir jamais entendu l'exclamation contraire : « Cet enfant a trop peu d'imagination ! » ou, en tout cas, elle n'était jamais prononcée avec la même intonation angoissée.
Et pourtant de « trop » ou de « trop peu », que vaut-il le mieux ? Un juste équilibre, bien entendu, mais nous pensons que presque toujours les parents devront faire un effort pour développer une faculté qu'ils ont négligée ou peut-être même étouffée.
L'adulte a besoin de l'imagination.
N'est-ce pas parce que cette qualité manque si souvent à l'homme que tant de choses vont mal dans le monde, que tant d'êtres vivent dans la médiocrité ?
Si les humains sont incapables de lutter contre la guerre… manque d'imagination. Si la charité reste aussi peu efficace.., manque d'imagination.
A l'origine de combien de drames, de disputes, de divorces, d'accidents ne pourrions-nous pas signaler le manque d'imagination ?
Au contraire, quels bienfaits elle apporte lorsqu'elle peut se manifester spontanément.
« Quand l'imagination créatrice entre en fonction avec la soudaineté et l'imprévu d'une force irrésistible, c'est l'inspiration, écrivait un psychologue. Portée à un très haut degré de vitalité, de noblesse et de joie, elle est l'enthousiasme. Elle est l'idéal quand elle vise à une réalisation concrète et qu'elle déclenche l'action dans ce sens…
Quand elle aperçoit d'emblée le fond d'une réalité ou d'une pensée et qu'elle en dégage ce qui est intelligible et bienfaisant, elle est l'invention ou l'intuition, ou encore le diagnostic, le coup d'oeil, le tact, le doigté, le flair, etc…
L'imagination est à l'origine de tous les progrès, de toutes les inventions, de toutes les grandes oeuvres d'art et de toutes les conversions comme de toutes les révolutions sociales.»
Nous voici donc bien persuadés que l'imagination est une qualité indispensable à cultiver chez nos enfants ; c'est probablement ce qu'il y a de plus original, de plus vivant en eux. Chaque éducateur, parent ou instituteur doit donc faire un effort pour respecter et favoriser cette originalité.
« Mon enfant a trop d'imagination », s'inquiétait la mère dont nous parlions au début de notre article. Il est normal qu'à la période de la petite enfance, entre deux et six ans, certains parents soient décontenancés par l'imagination débordante de leur progéniture, par les histoires invraisemblables que leur bambin raconte, voire par les « mensonges » fréquents qu'il énonce sans sourciller.
Mais il est normal aussi, qu'à ce moment-là l'enfant invente beaucoup. Il distingue mal les produits de son imagination de la réalité, de là ces affirmations qui paraissent mensongères. Ce n'est pas grave. A mesure qu'il prendra conscience du réel, il apprendra l'exactitude.
Entre cinq et six ans en particulier, l'imagination est toute puissante. Plutôt que de s'en inquiéter, les parents doivent essayer de comprendre, de canaliser ce débordement, de sortir peu à peu l'enfant de ses rêves.
Ils peuvent se servir de cette tendance pour faire accepter à l'enfant certaines habitudes. Pour celui qui n'aime pas l'eau savonneuse, on peut par exemple procéder à sa toilette en lui faisant imaginer qu'il s'agit du lavage de son automobile préférée, ou inciter le récalcitrant à manger, en lui présentant chaque bouchée comme une ration destinée à un autre membre de la famille. Graduellement, les parents pourront aider l'enfant à distinguer le vrai du
faux, sans toutefois lui donner l'impression qu'ils n'ont pas confiance en lui.
Ils écouteront ses récits, s'exclameront en disant par exemple :
« Quel beau conte ». Ils pourront même, à leur tour, raconter une histoire, mais dont ils prouveront la réalité. Peu à peu, l'enfant fera la différence entre ce qui est inventé et ce qui ne l'est pas.
Il y aura pourtant un moment où les parents devront s'inquiéter : c'est celui où l'enfant (même très jeune) refusera de renoncer à ses fables. Ils devront alors se demander pourquoi l'enfant persiste à vivre dans son monde imaginaire. La réalité qui l'entoure ne le comble-t-elle pas ? ignore-t-elle un besoin primordial de son âge ou de son être ? Manque-t-il de petits camarades ? de jouets ? de démonstrations d'affection ? Cherche-t-il dans la rêverie les compagnons et l'amour qui lui manquent ? Invente-t-il des histoires pour attirer l'attention ? (Besoin élémentaire de se manifester qu'il ne faut pas plus négliger que celui de manger).
Dans ces cas-là la maman aura raison de s'écrier : « Ce petit a trop d'imagination ! » Car cet excès peut, à la longue, nuire à son équilibre psychique. Aux éducateurs donc de prévoir un cadre favorable à l'épanouissement de la personnalité de l'enfant vers le réel, et, ô miracle, ce milieu favorable est probablement celui qui permettra aussi à l'enfant de développer son imagination créatrice dont nous avons vu plus haut qu'elle était une des fonctions supérieures de l'intelligence, un « pionnier de l'esprit ».
En premier lieu, ils essayeront de comprendre le monde des enfants, de faire la différence entre ce qui est pour eux fantaisie ou mensonge, de saisir le pourquoi de certaines actions qui leur paraissent parfaitement déraisonnables. Une intervention maladroite peut étouffer ou faire dévier l'élan créateur de l'enfant.
En second lieu, ils organiseront ce milieu favorable qui lui permettra de chercher, de créer, sans que maman crie au désordre ou à la catastrophe. Acceptons qu'un jour nos fauteuils de salon soient les canots de sauvetage du grand navire (lire canapé) qui pour l'heure gît sur le côté par au moins 500 mètres de fond !
Acceptons que notre cuisine soit éclaboussée par les coups de pinceaux hardis de nos futurs Rembrandt ou Picasso.
Permettons que les malles d'anciens vêtements soient pillées par nos acteurs en herbe qui ont eux-mêmes composé un drame en quatre actes. (L'entracte prévu avec sirop et biscuits nous prouve bien que le réel n'est pas oublié !)
En résumé, organisons notre foyer en fonction des intérêts, des besoins, des jeux de nos enfants, aussi longtemps qu'ils ne seront pas une gêne pour les autres membres de la famille.
« Ne faisons pas plier l'imagination brillante de nos petiots, disait une éducatrice, sous la toise géométrique, ne la forçons pas à s'emboîter sans rémission dans le rail horizontal. »
Au contraire, les parents devront faire un effort pour la favoriser, la respecter. Ils apprendront à distinguer l'imagination nocive
dont leur propre attitude est souvent responsable et l'imagination créatrice qui fera de leurs enfants des êtres enthousiastes visant à la perfection réelle et non à la course aux chimères et à l'utopie.









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