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Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
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Lisons ce qui aide à vivre

La lecture est de la nourriture. Nous surveillons l'alimentation matérielle de nos enfants, et en même temps les initions à certaines règles d'hygiène qui, peu à peu, deviennent leur loi personnelle. Chacun a sa nature et doit arriver à découvrir son régime afin de s'y conformer.

Il y a un régime intellectuel aussi. La lecture y entre pour une part importante. Surveiller les lectures de nos enfants est un devoir strict. Former leur jugement en matière de livres est une des façons de remplir ce devoir et de les préparer à le remplir eux-mêmes.

Première observation: Tout excès est mauvais. La lecture ne doit prendre ni trop, ni trop peu de notre temps. L'intempérance en lecture amène de la dyspepsie et des indigestions. Quelques-uns lisent trop pêle-mêle sans discernement. Les autres ne lisent pas assez. Les feuilles publiques et les revues font de nos jours concurrence aux livres. Il convient d'être sur ses gardes. Ni une feuille quotidienne, ni une revue ne sauraient remplacer le livre....

Certaines lectures sont salissantes. Cela suffit pour les condamner. Un livre qu'on est obligé de cacher se juge par lui-même. N'ayons que des amis présentables et avouables.

Mais les lectures malpropres ne sont pas les seules mauvaises. Est mauvais, tout livre qui nous fait haïr notre semblable ou une catégorie de nos semblables lors même que ce serait un livre sérieux et même pieux. Car ce livre passe comme une semence
vraie aux sillons de notre âme.

Est mauvais encore, tout livre qui nous fait désespérer de l'humanité ou de nous-mêmes, fût-il le mieux écrit, le mieux pensé, le plus documenté. Car cette lecture là est anémiante, décourageante, et par suite malsaine. On y respire des gaz délétères. On s'y imbibe de microbes qui mangent le sang et dessèchent la joie. Répliquer que la vérité doit marcher avant tout, n'est pas un argument suffisant pour nous imposer les lectures où se décrivent les tares humaines ou celles où s'additionnent nos malheurs. La vérité que ces livres exposent est bien pigmentaire. Je sais bien que le mal existe, qu'il faut le connaître: mais il ne convient pas de s'en repaître. Les poisons aussi existent, il est utile de les connaître; mais on ne les introduit pas dans sa cuisine et sur sa table.

Buvons ce qui profite, mangeons ce qui nourrit, lisons ce qui aide à vivre.

Les lectures qui aident à vivre sont celles qui font aimer l'humanité, et croire en elle. Vous dites que l'homme ne vaut pas cher, que quatre-vingt-dix pour cent d'entre nous sont des hypocrites, des vicieux, des trompeurs et des lâches. Et quand ce serait ? Pourquoi nous arrêterions-nous à le constater et à le relire dans les livres journellement, avec preuves à l'appui et description détaillée de leurs noirceurs ou de leurs souillures? Qui prétendez-vous purifier ou fortifier ou soulager par cette méthode ? Parlez-nous plutôt de la minorité, qui vaut quelque chose ? Faites sélection du bien et offrez-le nous comme viatique. Un beau tableau console de cent croûtes; un héron de cent canards; un seul homme authentique de toute une tourbe d'être louches et malfaisants. Renoncerons-nous à regarder les étoiles parce que la nuit est noire? Plus sombre est la nuit, et plus une étoile réjouit le coeur....

Mais ne vous méprenez pas. Ne confondez pas le rêve romanesque avec l'idéal positif.
La jeunesse blessée par ce que la vie a de rude ou de vil, de douloureux ou de choquant, recherche quelquefois la rêvasserie comme remède et se plonge dans les livres où se fume l'opium, des livres qui nous parlent comme à des citoyens de la lune ou de quelque île paradisiaque. Lectures dangereuses ! Voici le signe auquel vous reconnaîtrez leur subtil et insinuant venin :

Après avoir fait une lecture, jeune fille si le balai vous dégoûte, si vous avez moins de bonne volonté qu'avant pour débarbouiller votre petit frère; jeune homme, si le travail patient et la pensée sévère vous répugnent et que s'est décoloré à vos yeux l'humble chemin sur lequel l'humanité militante marche vers le progrès, soyez sur que vous êtes en train de subir l'influence du mauvais virus. Fuyez cette lecture et, de suite, car demain, comme tous ceux qui ont pris l'habitude de goûter aux narcotiques, vous diriez
prenons-en encore !

L'idéal n'est pas le rêve: c'est la réalité supérieure. Il est comme une vision sincère qui nous invite à nous soigner. Vous vous regardez le matin dans la glace comme si vous-vous posiez cette question: suis-je propre?

Si un livre vous produit l'effet d'un miroir impartial où vous voyez que vous êtes quelque peu ébouriffé, qu'il y a quelques pailles dans vos cheveux et quelques poussières sur vos vêtements, si un livre vous engage à vous brosser, n'hésitez pas: il est fait pour vous. Ensuite, si un livre vous incline à la bonne volonté envers les autres, arrête vos colères injustes, vous rend le pardon plus naturel, s'il élargit votre coeur et votre esprit pour vous intéresser à la destinée de vos semblables et vous les faire mieux comprendre et aimer davantage, gardez-vous de vous en séparer.

Si, en lisant un livre, vous vous sentez ravitaillé si, après avoir été tenté de jeter le manche après la cognée dans une entreprise belle, mais trop hérissée d'obstacles, vous éprouvez qu'un livre vous réconforte, vous frappe en quelque sorte sur l'épaule, comme on le fait à ceux qu'on veut braver, concluez avec lui une alliance définitive.









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