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Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
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Pour se comprendre, il faut le vouloir

La plupart des couples se sont engagés dans la vie conjugale avec un très bel idéal de mariage. Combien peuvent dire, après quelques dizaines d'années de vie commune, que leur foyer a répondu à ce qu'ils en attendaient? - Bien peu ! Voilà le problème qui nous occupe ici, sur lequel nous devons réfléchir.
Tout homme déçu dans ses espérances est naturellement porté à rejeter sur autrui la responsabilité de cet échec : c'est la faute de l'autre ! C'est bien plus facile que de rechercher sa propre faute. Mais c'est absolument stérile. Cette voie ne débouche que sur le dépit, la révolte et l'amertume, les reproches mutuels stéréotypés que s'adressent indéfiniment les époux. Ou bien ils accusent le sort : ce mari pense qu'il a eu la malchance de « tomber » sur une femme impossible; sa femme, sur un mari invivable.
Pour se décharger de ses responsabilités, chacun est vite porté à accuser le caractère du conjoint, sa santé nerveuse, ses défauts, son éducation, l'influence d'un milieu tout autre qui l'a formé. Ces questions-là, bien entendu, sont importantes. Nous devons essayer de guider nos enfants dans le choix d'une fiancée ou d'un fiancé. Une certaine harmonie de base est utile. Mais ce serait une complète utopie de croire que la réussite d'un mariage et la possibilité d'une pleine compréhension mutuelle dépendent avant tout des données préalables au départ. Non, le mariage est surtout ce que l'on en fait jour après jour. « C'est une oeuvre d'art », disait le Dr Lucien Bovet.
Ce qui importe donc, c'est de construire ensemble le bonheur conjugal. C'est un but à poursuivre, non un privilège acquis d'avance. Et pour le construire, il faut se comprendre. La prétendue « incompatibilité d'humeur » est un mythe inventé par les juristes à court d'arguments pour plaider le divorce et une excuse commode qu'invoquent les époux pour couvrir leur échec. Pour ma part, je n'y crois pas. Il n'y a pas d'humeurs incompatibles ; il y a des incompréhensions et il y a des fautes qu'on peut toujours corriger si on le veut.
La faute la plus fréquente me paraît le manque de transparence. Je vois beaucoup de couples. A l'arrière-plan de leurs difficultés, je trouve toujours ce défaut d'ouverture mutuelle, loyale et complète, sans laquelle il ne peut pas y avoir de vraie compréhension…
Dès que des époux commencent à se cacher quelque chose, ils compromettent cette unité fondamentale du mariage et s'engagent sur la voie de l'échec. Et cela, même s'ils le font dans la meilleure intention, et même s'ils se cachent quelque chose de très bien (car on peut taire ce dont on est fier aussi bien que ce dont on a honte).

Pour se comprendre, il faut s'exprimer

Oui, si la première condition pour se comprendre c'est de le vouloir, la seconde, c'est de s'exprimer. Tout être humain a besoin de s'exprimer. Faute d'en avoir l'occasion, il peut en tomber malade. Bien entendu, ce n'est pas seulement dans le mariage qu'on peut s'exprimer. Il y a les parents, les frères et soeurs, les amis et toutes les relations sociales. Mais si l'on est marié, c'est auprès de l'époux que le besoin de s'exprimer est le plus impérieux. Il y a des hommes qui se plaignent de la mauvaise santé de leur femme sans se rendre compte qu'elle est malade simplement parce qu'ils ne l'écoutent pas. Pour s'exprimer, il faut trouver un accueil, une atmosphère d'intimité et d'écoute attentive et bienveillante. Il faut beaucoup de temps pour construire un vrai mariage… une ouverture profonde s'improvise rarement. Elle doit être préparée par des heures d'approche délicate.

Pour se comprendre, il faut admettre les différences de nature

Je pense à un couple ami. Le mari est professeur à l'université et écrivain de renom. Les penseurs et les poètes ont besoin de longs moments tranquilles pour méditer, pour mûrir leur oeuvre, des moments où ils ont l'air de ne rien faire. « Puisque tu ne fais rien, interrompt sa femme, ménagère très active, viens m'aider à dresser l'échelle au jardin pour cueillir les pommes. » Puisque tu ne fais rien! Nous avons là l'opposition de deux tempéraments, l'un méditatif, l'autre porté à l'action et notre professeur ne s'est pas senti compris. Une autre femme ne comprend pas que son mari a besoin, au contraire, de travailler de ses mains après des heures de bureau. S'il prend une scie, elle ne voit que les saletés qu'il fait sur le tapis et elle lui en fait grief. Mais le mari pourrait prendre quelques précautions : il n'a pas encore compris que la femme s'identifie à son « home » au point que si l'on salit le tapis c'est comme si on la salissait elle-même.
Ainsi, faute de compréhension, chacun risque de méconnaître les besoins de l'autre, surtout de ne pas se rendre compte de leur importance pour lui. Alors il lui arrive de s'en moquer, ce qui le blesse gravement ; d'ironiser sur telle ou telle marotte, sur la collection de timbres du mari ou les essais de peinture de l'épouse. Une plaisanterie d'amoureux peut être pleine de charme; mais quand la moquerie révèle l'incompréhension, elle peut faire très mal.
Il y a aussi des différences fondamentales entre les types humains: les extravertis qui aiment la vie sociale, la gaîté, le mouvement et les introvertis qui recherchent la tranquillité et le sérieux. C. G. Jung les a décrits et nous a montré aussi que la raison, et le sentiment s'opposent comme deux pôles, ainsi que l'intuition et le sens du réel. D'instinct, un homme très rationnel va épouser une femme très sentimentale et cette complémentarité va, tout d'abord, l'enthousiasmer. Mais à la longue il voudra lui faire entendre le langage objectif de la raison ; il s'agacera de n'y point parvenir, voudra lui démontrer qu'elle n'est pas logique dans ses explosions sentimentales, ce dont elle n'a nul souci. Et elle reprochera à son mari ce ton de raisonneur glacial qui étouffe la vie. De même, un esprit intuitif et un esprit scientifique auront grand'peine à se comprendre : pour le premier, les choses ne sont pas des choses mais des symboles d'autres valeurs qu'il rêve et qu'il y rattache ; pour le second, les choses ne sont que ce qu'elles sont, rien que ce qu'on peut mesurer et peser. Et pourtant ces êtres sont faits pour se compléter, pour découvrir, l'un par l'autre, ce qu'ils ignoraient encore, et c'est là un des sens du mariage.

Pour se comprendre, il faut admettre combien l'homme et la femme sont différents l'un de l'autre

A ces différences entre les types humains s'ajoute celle des sexes. L'homme et la femme sont fondamentalement différents, bien plus qu'ils ne le croient. C'est pour cela, tout à la fois, qu'ils ont tant de peine à se comprendre et si besoin l'un de l'autre pour se développer. Je crois même que jamais un homme ne peut comprendre tout à fait une femme, ni une femme comprendre tout à fait un homme.
Ainsi l'homme a un esprit théorique et la femme un esprit plus personnel. C'est donc de la femme et sous son influence que l'homme peut acquérir le sens de la personne. Une civilisation construite par l'homme seul demeure abstraite, froide, technique, inhumaine.
La femme, aussi, pense en détails. Les détails l'intéressent plus que les idées générales. Elle a besoin de raconter, quand elle se retrouve avec son mari, tous les détails de sa journée. A lui, tout cela paraît bien menu et monotone. Et quand la femme sent que son mari ne l'écoute plus, qu'il lit plutôt son journal sur les grands problèmes du monde, elle se sent seule.
Il est bien clair que l'homme doit apprendre de la femme l'importance des détails concrets et personnels sans lesquels les idées générales ne sont plus que des théories creuses. Et c'est dans la mesure même où il le comprend qu'il pourra à son tour élargir l'horizon de sa femme, rattacher sa vie personnelle à la vie de l'esprit, enrichir sa culture et sa réflexion.
Beaucoup de ménages aussi vivent un perpétuel conflit entre la profession et le foyer, et cela surtout lorsque la profession du mari est très intéressante et captivante. Parce que la femme n'a pas compris l'immense importance de la vocation pour l'homme. Elle a épousé l'homme, mais pas sa vocation. Dès lors, leurs intérêts ne sont plus les mêmes. Lui est tout absorbé par son travail dont il ne parle plus guère à sa femme, justement parce qu'il la sent tout agacée par cette concurrence qui lui prend son mari.
Pour se comprendre, il faut s'intéresser à ce qui intéresse l'autre, comprendre pourquoi cela l'intéresse. Alors l'horizon de chacun des deux époux s'élargit au lieu de se rétrécir. Une vraie compréhension apporte toujours un dépassement de soi. Alors le foyer peut servir de racine à la vocation, et la vocation nourrir la vie spirituelle du foyer.

Ces textes extraits de la brochure intitulée: Difficultés conjugales, ne sont que de très petits fragments de cette étude parue à Labor et Fides et dont nous vous recommandons vivement la lecture.









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