
|
|
Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
En dehors du grand intérêt pour vous de cette matière exceptionnelle, que vous soyez jeune parent, chercheur dans une université ou simplement intéressé par l'évolution des comportements humains, votre soutien par l'intermédiaire d'un abonnement nous est indispensable.
Pour les pays lointains et si vous ne désirez pas profiter de la version papier, un abonnement sous forme de pdf est accessible au même prix annuel de CHF 30. Il vous donne un accès complet aux archives
Donnez-moi un conseil
« Je suis très chagrinée par l'égoïsme de ma fille, me confie une amie, elle considère la maison comme un hôtel où on la servirait pour tous ses besoins sans aucune contrepartie. Il y a quelques années, c'était l'école qui l'accaparait tout entière, maintenant c'est son travail. Elle ne me rend aucun service, ne s'occupe pas de ses habits, refuse de venir aux dîners de famille, n'arrose même pas ses plantes dans sa chambre. Bref, voici une fille de 24 ans qui est nourrie, logée, habillée, blanchie gratuitement et qui est d'une exigence rare. Trouvez-vous cela normal ? »
Non, je ne trouve pas cela normal. Mais je me souviens d'avoir vu mon amie, au cours de vingt-quatre années, gâter sa fille, ne lui demandant jamais aucun effort ni aucun sacrifice. On aimait vivre en bonne harmonie, être heureux en famille. Par gentillesse foncière, on n'a rien exigé de l'enfant, puis de l'adolescente. Et l'égoïsme naturel de tout être humain a trouvé là un terrain favorable à un bel épanouissement. On le déplore maintenant, mais il est bien tard.
« Indignée de cette attitude, poursuit mon amie, je l'ai mise en demeure de se trouver une chambre ou un studio et de se débrouiller avec son salaire. Elle n'a encore rien trouvé et je me demande si elle cherche vraiment ! »
Oh, mère trop faible, vous savez fort bien que votre fille ne tient pas à cette indépendance-là qui lui coûterait fort cher, alors qu'elle vit si bien, en parasite, dans le foyer. Elle sait, par expérience, qu'il lui suffira d'attendre l'apaisement de la colère maternelle, qu'alors tout continuera comme auparavant et que, défrayée de toute dépense, elle gardera chaque mois son salaire pour son seul agrément.
« Que dois-je faire ? Donnez-moi un conseil.
- Je pense que vous pouvez lui parler sans indignation mais avec fermeté, lui faire voir votre point de vue et refuser de continuer à vivre sur ce pied. Mettez les choses au clair, posez vos conditions. Tant que le studio ne sera pas trouvé, elle devra participer chaque mois aux frais du ménage.
- Mais, je ne veux pas, je n'ai pas besoin de son argent.
- Alors, versez-le à la Caisse d'Epargne à son compte personnel et en le lui disant. »
La vie est pleine d'imprévus et une certaine sécurité matérielle peut être utile. D'autre part, une fille qui dépense chaque mois quelques centaines de francs pour ses menus plaisirs se trouvera très malheureuse de se restreindre, une fois mariée. Ceci est aussi vrai pour un jeune homme. Tous les gens qui s'occupent de divorces
vous diront que ce problème en a été la cause, plus que tout autre.
C'est une école de gaspillage que de laisser aux jeunes gens la disposition de leur gain s'ils ne sont pas assez raisonnables pour en économiser une partie. Je crains que cette attitude des parents cache, dans certains cas, une sorte de domination inconsciente, un autoritarisme larvé. En fait, l'enfant adulte est considéré et il réagit comme un mineur. Il dépend encore par un lien - serait-ce ce « cordon ombilical » qui repousse si facilement - de la famille dont il devrait s'affranchir.
Il faut donc élever nos enfants pour leur bien, leur donner une vraie autonomie et les préparer à une vie indépendante. Ils doivent assumer pleinement leurs responsabilités.
|
|
|