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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
En dehors du grand intérêt pour vous de cette matière exceptionnelle, que vous soyez jeune parent, chercheur dans une université ou simplement intéressé par l'évolution des comportements humains, votre soutien par l'intermédiaire d'un abonnement nous est indispensable.
Pour les pays lointains et si vous ne désirez pas profiter de la version papier, un abonnement sous forme de pdf est accessible au même prix annuel de CHF 30. Il vous donne un accès complet aux archives
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JOIES

Un jour de brouillard collectif, le comité accablé par le nombre des problèmes, décida de chercher toutes les joies que comporte le métier d'éducateur.
Nous avons choisi chacune notre thème et l'avons exposé en toute indépendance. Ce numéro vous apporte le résultat de notre collaboration.
Le Comité : Yvonne Cuénod, Annette Gardiol, Pierrette Haissly, Sophie Johannot, Annelise Jotterand, Marguerite Loutan, Anne-Marie Susz. Nous regrettons que la maladie ait retenu Madame Cuénod tout l'hiver, ce qui explique l'absence de son texte.



Joies.

Je parlerais plus facilement des soucis que nous donnent nos enfants ! Dès avant leur naissance, et tout au long des années, que de tracas! Les maladies, les ennuis scolaires, les problèmes psychologiques, la difficulté de leur inculquer une bonne éducation, etc., etc.
Il serait aisé d'écrire des volumes sur ces sujets.
Cependant, je pense aux joies que donne chaque enfant; cette toute première joie qui est celle de l'attente puis celle de la venue du bébé. Les couples qui n'ont pas eu d'enfant le regrettent et ont le sentiment d'avoir manqué une des grandes expériences de la vie.
Chaque âge de l'enfant nous apporte des joies différentes. Nous devons nous adapter à ces changements et ne pas demander à l'adolescent la tendresse expansive du petit enfant mais plutôt partager son intérêt pour les sujets qui le passionnent, fût-ce le jazz ou le hockey sur glace!
Les petites joies sont à cueillir comme de modestes fleurs ; le sourire du bébé, une caresse spontanée de l'enfant, une attention d'un adolescent.
Il y a aussi les grands bonheurs, comme la guérison d'une maladie grave, le choix heureux d'une profession, un mariage et les petits-enfants. Il semble que notre coeur s'épanouisse à mesure que s'agrandit la famille.
Ces joies, il faut vouloir les chercher et savoir les trouver, les accueillir. Cela ne sert à rien d'attendre qu'elles soient servies toutes prêtes. Il faut prendre le temps et la peine de les découvrir, je dirai même de détourner son esprit des côtés négatifs qui existent toujours et le fixer sur les satisfactions et les joies que nous donnent nos enfants.

* * *

Nouveau-né.

C'est au milieu de la nuit, voici quelques semaines, que tu as fait ton apparition, attendue et si désirée, mais apportant soudainement un grand changement dans notre vie.
Longuement, je te contemple, endormi ou rêvant tout éveillé à je ne sais quelle sensation; je songe à cette réalité que tu es devenu depuis ta naissance.
Je me sens inquiète. Saurai-je prendre soin de toi, de ta santé, de ton caractère? Tu es si fragile, si dépendant de moi…
Plus encore, je me sens fière et heureuse infiniment; quand je te vois suivre une lumière de tes yeux encore un peu embués, réagir à un bruit, remuer tes doigts, j'imagine les progrès que tu vas faire et mon espoir se gonfle de tous les avenirs possibles…
Il est aussi des moments où je suis énervée. Tu me fatigues, tu me prives d'heures de sommeil, tu m'accapares au détriment de ton père et de toutes mes activités. Mais alors, je sens en prenant soin de toi, que tes grands yeux en général si calmes et ton petit corps sensible absorbent mon irritation. Il faut que j'essaie de neutraliser mon humeur, de ne plus penser à des difficultés ou à des inquiétudes, je dois mettre dans mes mains le calme et la douce fermeté qui te sont nécessaires.
Tu es trop petit, et pendant bien longtemps encore, pour participer aux remous de la vie ; mais je découvre, lorsque je suis toute à mon bonheur de maman, qu'il se reflète dans ton regard et que déjà tu réponds à ta manière à mon amour. Alors je me sens emplie de reconnaissance pour les joies que tu me donneras, si nous savons les cultiver, dès maintenant et tout au long de notre vie.

***

Un enfant unique : quelle joie !

A dix ans, elle disait: « Quand je serai grande, je veux être maman ! »
A seize ans: « Plus tard, j'aimerais avoir au moins six enfants. »
A trente ans, elle n'était pas encore mariée…
Et, lorsque célibataire presque endurcie elle fonda un foyer, il était bien tard pour mettre au monde les « au moins six enfants ».
Pourtant une fillette est née ! Quelle joie immense après une si longue attente.
Etait-il possible que ce bonheur fût terni par toutes les théories, les affirmations énoncées sur les problèmes que posent les enfants uniques :
« Une famille nombreuse s'élève sans peine, un enfant unique est souvent difficile. Un enfant seul accapare exagérément sa mère. Un enfant unique est toujours mal élevé, exigeant, orgueilleux, sauvage, anxieux. »
Les uns diront sur un ton envieux: « Il ne lui manquera rien à celui-là », d'autres au contraire sur un ton de pitié: « Il sera sûrement horriblement gâté, le pauvre !»
« L'enfant unique devient le pivot autour duquel toute la famille tourne. Très vite il est un adulte en miniature qui se rend important et désagréable à l'égard de chacun. »
Eh bien non! Toutes ces critiques au sujet de l'enfant unique n'ont pas entamé la joie de ces parents.
Ensemble ils ont compté « les joies » !
Joie d'avoir un enfant quand tant de foyers ou de femmes seules ne voient jamais se réaliser cet espoir.
Joie de pouvoir donner tout son amour au même être sans craindre des réactions de jalousie et d'envie.
Joie d'avoir beaucoup plus de temps et d'énergie à lui consacrer.
Joie d'avoir la possibilité d'accorder plus d'attention à ce qui l'intéresse et lui rend la vie plus agréable. Plus petite est la famille, moins nombreuses sont les occasions de friction, ce qui signifie joie d'une vie de famille calme et sereine.
Joie, si l'enfant est bien doué, de développer et de stimuler de façons variées ses aptitudes particulières. Les possibilités des parents n'étant pas divisées entre plusieurs bambins, beaucoup de choses sont réalisables plus aisément.
Joie de chercher à compenser ce que les frères et soeurs pouvaient donner ; réunir des compagnes et des compagnons de son âge, pour lui permettre de se mêler à d'autres enfants, d'être stimulé par eux, de discuter, d'apprendre à partager, à donner, à recevoir, de compter avec les autres.
Et, joie découverte plus récemment, d'avoir en sa fille une amie très proche, unique…
« … Tu seras pour moi unique au monde. Je serai pour toi unique au monde… » disait le renard au petit Prince de Saint-Exupéry et c'était pour lui la joie suprême.

***

Que des filles !

Monsieur et Madame P. Desjardins-Dubois, Rose et Marguerite, ont la joie de vous faire part de l'heureuse naissance de

VIOLETTE

A la lecture de ce communiqué banal et courant, les « fidèles lectrices » auront une même et unique réaction: « Oh! les pauvres, trois filles! » Certains commentaires s'ajouteront à cette manifestation de sympathie s'il s'agit d'amis ou de connaissances de la famille Desjardins :« C'est une famille qui va s'éteindre, il n'y a plus d'héritier mâle, c'était leur dernière chance ». Ou bien: « A qui Monsieur Desjardins va-t-il pouvoir remettre son Etude qui marche si bien? Un gendre, ce n'est quand même pas pareil ».
On pourrait ainsi multiplier les exemples et les réflexions de cet ordre. Il arrive aussi qu'un point de vue opposé se fasse entendre, preuve d'un intérêt utilitaire bien accroché, et s'exprimant par des remarques de ce genre :« Heureusement que c'est encore une fille, elle mettra les robes de ses soeurs, elle couchera dans la même chambre », et, voyant plus loin, « Il y en a une au moins qui pourra devenir infirmière et s'occuper de ses parents quand ils seront âgés et malades », ou encore « Une fille, cela coûte moins cher, c'est plus facile à élever ».
Ces commentaires, font bon marché de la responsabilité première des parents qui est d'essayer de faire de l'être qui leur est donné un adulte, indépendant, sachant se conduire seul dans la vie, et pouvant, dans les cas les meilleurs, contribuer au bonheur d'autres êtres humains, et rendre quelque service au prochain.
Il est bien évident que, lorsque l'on a déjà deux filles et qu'un troisième enfant s'annonce, on souhaite qu'il soit un garçon. Rien de plus naturel et de plus légitime ! Mais, voir une catastrophe dans l'arrivée de cette malheureuse troisième fille, c'est faire preuve d'orgueil, d'égoïsme, et même de bêtise, excusez-moi. Nous ne vivons pas en Orient, que je sache, mais bien dans un pays où nos filles ont autant de chances que nos garçons de s'épanouir, de s'instruire, et de vivre une vie qui les comble, que ce soit par le mariage, ou par une profession de leur choix, correspondant à leurs goûts et à leurs dons personnels. N'y a-t-il pas là de quoi rendre heureux des parents conscients de leur privilège d'avoir des enfants, filles ou garçons ?

***

J'aime les adolescents.

Leur coupe de cheveux me fait souvent mal aux yeux.
Leur engoûment passager pour les vedettes à la mode me donne quelquefois envie de sourire.
La musique qui les passionne me fait toujours grincer des dents.
Je les trouve terriblement égocentriques, bruyants, revendicateurs. Ils manquent de mesure. Ils passent sans transition de l'enthousiasme le plus délirant au découragement le plus profond. Ils ont des périodes où ils n'ont jamais fini de soigner et de perfectionner leur toilette, suivies d'autres périodes où leur négligence et leur absence de goût battent tous les records. Ils travaillent avec acharnement trois jours de suite et nous les imaginons déjà remportant tous les succès; mais, sitôt après, il faut déchanter: voici revenues l'indifférence et l'apathie que nous redoutons tellement!
Malgré tous les hoquets de leur comportement, malgré tous leurs paradoxes et malgré leurs exentricités, je les aime. Et je leur suis reconnaissante.
Car ils nous obligent à réfléchir constamment. Ils nous forcent à tirer au clair tout ce que nous nous étions refusé à comprendre jusque là. Ils nous remettent sans cesse sur le gril et nous contraignent à reviser les idées toutes faites dans lesquelles nous nous laissions enliser.
Sans eux, nous nous installerions tout doucement, confortablement et définitivement dans un système clos, à l'abri de tout courant d'air désagréable. Grâce à eux, un apport d'oxygène renouvelle périodiquement l'atmosphère de la maison.
Afin de suivre leur évolution, il faut que nous consentions à nous intéresser à ce qui les intéresse. Non pour tout approuver, mais pour comprendre. Comprendre chaque jour davantage. Même quand cela nous dérange.
Les adolescents nous empêchent de mettre notre coeur et notre esprit en hibernation. A travers eux, les étrangetés du monde moderne apparaissent dans une perspective plus positive. Grâce à eux, la vie est là, l'actualité palpite autour de nous. C'est pourquoi je leur suis reconnaissante.

***

Enfants adultes.

« Il y eut un soir et il y eut un matin. » Pour nous, parents adultes et lancés dans la carrière, le soir s'approche ; mais qu'importe puisqu'il y a un matin, c'est-à-dire un recommencement.
Nos enfants ont choisi leur conjoint et nous donnent ainsi la joie et l'enrichissement de nouveaux enfants à aimer. Ils ont choisi leur carrière, qu'il s'agisse d'une profession définie, rétribuée, ou qu'il s'agisse du rôle, moins spectaculaire, d'épouse et de collaboratrice de leur mari au foyer, rôle qui contribue pour une si large part au succès de la carrière masculine.
Quelle joie, si profonde qu'elle en est difficilement exprimable, de les voir s'épanouir et réussir dans leur carrière qu'ils poursuivent seuls ou à deux, et heureux et équilibrés dans leur vie personnelle. Quelle joie de les voir trouver dans leur travail, non pas avant tout leur gagne-pain, mais la mise en action de qualités et de dons que nous n'avions pas toujours su discerner.
Peut-être avions-nous quelques appréhensions quant à leur choix? Peut-être avions-nous pensé qu'ils seraient mieux à leur place ailleurs? Mais à mesure que le matin fait place au soleil de midi, nous les voyons grandir dans et par ce travail, se heurter à des problèmes qui nous étaient inconnus et leur trouver une solution, être utiles et bienfaisants pour l'humanité qui les entoure.
Quelle joie! qui nous paye largement de tous les efforts que nous a coûté leur éducation !
Et, au contact de nos enfants adultes, et peut-être surtout si leur carrière est différente de celle que nous aurions choisie pour eux, nous nous développons à notre tour, nous élargissons notre horizon, nous apprenons à mieux comprendre ce présent qui nous étonne, nous déconcerte, et nous enthousiasme et qui est leur temps; et cela nous empêche de nous confiner dans un « cher passé ».
Un éminent chirurgien me disait: « Mon fils veut être ingénieur, cela m'étonne car je suis petit-fils et fils de médecin, médecin moi-même et il me semblait naturel que mon fils continuât la tradition. J'ai été un peu déçu. Et puis, à la longue, j'ai constaté à quel point je m'enrichissais. Plus question à table, de parler éternellement malades et hôpitaux, on parle moteurs et rendement; j'ai dû apprendre un tas de choses pour ne pas être trop inférieur ! » Cette expérience est celle de beaucoup d'entre nous.
Sachons donc pleinement goûter la joie de l'épanouissement et du bonheur de nos enfants - et soyons-leur reconnaissants de nous la procurer!









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