Accueil
   

 

 

 

RECHERCHES
Rechercher un mot dans les articles:


Recherche avancée
• par mots
• par thèmes

ARCHIVES DE TOUS LES ARTICLES



AUTRES MENUS
ACCUEIL
ADRESSES
  • Adresses utiles
  • Bibliographie
  • Liens Internet
LE JOURNAL






Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
En dehors du grand intérêt pour vous de cette matière exceptionnelle, que vous soyez jeune parent, chercheur dans une université ou simplement intéressé par l'évolution des comportements humains, votre soutien par l'intermédiaire d'un abonnement nous est indispensable.
Pour les pays lointains et si vous ne désirez pas profiter de la version papier, un abonnement sous forme de pdf est accessible au même prix annuel de CHF 30. Il vous donne un accès complet aux archives
RETOUR

Chicanes, gilles, bagarres et coups de poings

- Est-ce normal que des frères et soeurs se disputent tous les jours et ne perdent aucune occasion de lutter et de se battre?
- Lorsqu'un enfant est constamment la victime des camarades différents qu'il fréquente, que faut-il en conclure et quelles mesures prendre pour améliorer ses rapports avec autrui?
- Est-il juste d'apprendre à nos enfants à se défendre? Ou notre devoir est-il de leur inculquer l'idée que celui qui « répond » à l'aide des poings ou de la langue a tort ?
Que de parents restent perplexes en face de ces questions ! Que de mères, plus particulièrement ! Car il arrive assez souvent que les pères se souviennent des combats qu'ils ont livrés dans leur propre enfance ; et ils essaient de rassurer leur épouse, mais n'y parviennent pas toujours.
Notre état d'adultes civilisés nous fait souvent oublier que les enfants sont à un autre stade de l'existence que nous. Il est normal que, à notre âge, nous soyons capables de dominer nos impulsions, de résister au désir de faire mal, de liquider nos conflits sans avoir recours aux coups ou aux paroles blessantes. Mais nos enfants ne sont pas encore parvenus à ce degré de maîtrise de soi. Ils ont tout à apprendre dans ce domaine et il leur faudra de longues années jusqu'à ce qu'ils parviennent au même stade de « civilisation » que le nôtre.
En attendant, ils se comportent un peu comme les petits chats, les cabris et les lionceaux. Avez-vous eu l'occasion d'observer le comportement des jeunes animaux? Ils passent des heures à se poursuivre, se mordiller, se provoquer, s'attaquer et rouler les uns sur les autres. Vous ferez sans doute remarquer que, chez les bêtes, on voit clairement qu'il s'agit de jeux; tandis que les passes de lutte de nos enfants font plus souvent penser à des pugilats brutaux qu'à d'aimables échanges sportifs. Cela est vrai. Pourtant il ne faut pas juger seulement d'après les apparences ou d'après nos conceptions d'adultes.
Interrogez les principaux intéressés. Ils vous répondront, la plupart du temps, sur un ton protecteur: «Ne t'en fais pas; on s'amuse».
Est-ce qu'ils s'amusent réellement? Est-ce vraiment pour rire ? Nos coeurs de mères sensibles, qui ont en vue un idéal élevé ont bien de la peine à se laisser rassurer. Il nous semble que tout irait tellement mieux s'il n'y avait jamais de bagarres entre enfants !
Nous tolérons mal les disputes et les luttes parce que nous n'en voyons souvent que l'aspect négatif. Or, l'agressivité qui s'exprime de cette façon a aussi un aspect positif: celui qui ose se mesurer avec autrui fait preuve de vitalité. L'énergie qu'il déploie actuellement dans des joutes avec ses pairs, il apprendra peu à peu à la canaliser pour l'utiliser plus tard dans des travaux manuels ou intellectuels, dans des échanges d'idées, dans la réalisation concrète d'un grand idéal.
Ne redoutons donc pas trop les démonstrations habituelles d'une énergie qui commence à se manifester tout d'abord d'une façon maladroite ou brutale. S'ils dépassent les bornes, contentons-nous de séparer momentanément les adversaires; ou bien, ce qui est encore préférable, proposons-leur un travail intelligent qui leur donnera l'occasion de déverser sur une occupation positive le trop-plein de leur vitalité.
Que penser des enfants qui paraissent être les victimes de ceux qui aiment le combat ? Ce sont souvent des timides ou des craintifs qui redoutent les relations avec autrui. Ils doutent d'eux-mêmes, ne se croient pas capables de se mesurer avec leurs pairs; ils se sentent battus d'avance et préfèrent capituler tout de suite plutôt que d'avoir à donner la preuve de leur impuissance.
Ces enfants ont un grand besoin d'être valorisés. Ce n'est qu'en prenant conscience de leurs qualités personnelles qu'ils trouveront le courage d'affronter ceux qui déploient ce genre de forces, qui frappent au propre comme au figuré.
Mais il y a aussi les fausses victimes. Je veux parler de ceux qui provoquent, sans s'en douter quelquefois, ou sans que cela soit visible, ou sans en avoir l'air… C'est la grande spécialité des cadets ou des filles-qui-sont-si-gentilles. En effet, il est assez exceptionnel que les filles attaquent à l'aide des poings et des pieds. Par contre, elles savent utiliser leur langue de manière prodigieuse. Elles connaissent les petits mots et les remarques qui suscitent à coup sûr des réactions chez l'adversaire masculin. Comme celui-ci ne réagit le plus souvent qu'avec ses biceps, il a l'air d'être une vilaine brute qui profite de la faiblesse féminine. En réalité, il faut reconnaître que chacun emploie tout simplement des armes différentes.
Cependant, direz-vous, il y a des victimes qui le sont vraiment; rappelez-vous le cas de la charmante fillette dont il était question dans notre concours d'été : elle n'avait réellement rien fait pour mériter la gifle qui lui a été administrée par le garçon le plus robuste de la classe.
Elle n'avait certainement rien vu. Mais elle était. Elle était une grande privilégiée : elle était intelligente et jolie ; elle savait répondre à toutes les questions de la maîtresse ; elle avait le maximum à toutes les dictées et à toutes les épreuves d'arithmétique. Et, le comble des privilèges, c'est qu'elle avait pour père le directeur de l'école!
Lorsque l'on n'a pour soi que ses muscles et sa force physique, c'est très difficile d'être charitable à l'égard de celle qui a tous les succès et tous les suffrages… Surtout si l'on n'a que 9 ans !
Dans les combats qui mettent aux prises des enfants de forces relativement équivalentes, ne vous inquiétez pas! Quand on n'est pas encore complètement civilisé, la « loi du talion » se présente comme une façon normale de régler les conflits, de se mesurer avec autrui, de se prouver à soi-même qu'on a du courage. Il faudra que l'enfant évolue et que son coeur se transforme pour que cette loi du talion fasse place peu à peu aux notions de générosité et de pardon des offenses.
Quand les antagonistes semblent disposer de forces totalement disproportionnées, ne déclarez pas trop hâtivement que celui qui frappe est un grand coupable et celui qui, est battu un pauvre innocent. Cherchez, au-delà de ce qui frappe les yeux - et les oreilles ! - ce qui peut expliquer l'injustice apparente. Et ne perdez aucune occasion de valoriser chacun !









www.entretiens.ch fait partie du réseau « NETOPERA - culture - société - éducation sur Internet » et pour la photographie PhotOpera - Uneparjour || DEI - Défense des Enfants - International
ROUSSEAU 13: pour allumer les lumières - 300 de Rousseau  ROUSSEAU 13: les IMPOSTURES - 300 de Rousseau - portraits déviés PHOTOGRAPHIE:Nicolas Faure - photographe d'une Suisse moderne - Le visage est une fiction - photographie de l'image brute - Laurent Sandoz - comédien et acteur professionnel - Genève