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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
En dehors du grand intérêt pour vous de cette matière exceptionnelle, que vous soyez jeune parent, chercheur dans une université ou simplement intéressé par l'évolution des comportements humains, votre soutien par l'intermédiaire d'un abonnement nous est indispensable.
Pour les pays lointains et si vous ne désirez pas profiter de la version papier, un abonnement sous forme de pdf est accessible au même prix annuel de CHF 30. Il vous donne un accès complet aux archives
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A propos de la timidité

Une abonnée, que nous remercions de la confiance qu'elle nous fait, nous écrit les lignes qui suivent:

Madame, lectrice des «Entretiens» depuis quelques années, je me permets de vous écrire pour vous demander conseil.
Mon fils, qui va sur ses six ans, est très timide, surtout vis-à-vis d'enfants inconnus. Il jouera volontiers avec les enfants des maisons alentours, ira en course avec une voisine, mais ne veut pas avoir de contact avec d'autres enfants.
Malgré mes exhortations, il ne veut pas entendre parler de la garderie d'enfants, ni par exemple aller en commission tout seul.
Nous l'avons mis deux fois en vacances chez ses grands-parents et il a fait chaque fois une crise d'acétone.
Il ne commencera l'école qu'au printemps prochain, mais je voudrais dès maintenant le rendre un peu plus indépendant. Nous avons fait l'expérience que ni la douceur et les encouragements ni les menaces n'agissent et nous nous demandons quelle est la meilleure méthode pour l'aider à s'épanouir et devenir maître de ses émotions.
P. S. - Nous avons deux enfants, un garçon de six ans, une fillette d'une année.

Voici ce que nous pouvons répondre:

Comme beaucoup de parents soucieux du bonheur de leurs enfants, vous souhaitez, chère Madame, aider votre fils à devenir plus indépendant et plus sûr de lui. Vous avez bien raison de veiller à ce qu'il ne reste pas toujours dans vos jupes et votre désir de l'entraîner à se passer de votre protection est tout à fait légitime.
Vous avez déjà obtenu des résultats positifs puisque votre fils se montre capable de jouer avec les enfants qu'il connaît ou d'aller faire des commissions avec une voisine. Vous trouvez que c'est bien peu de chose en comparaison de ce que vous souhaiteriez obtenir? Vous vous étonnez qu'il refuse d'entendre parler d'une garderie d'enfants et que des séjours chez ses grands-parents provoquent des crises d'acétone ?
Vous ignorez sans doute qu'à six ans l'enfant n'est qu'au début de la période où les séparations deviennent réellement profitables. Jusqu'à cinq ou six ans, il n'est pas souhaitable, pour le développement harmonieux de son être, qu'il soit soumis à des influences diverses ou qu'il vive dans des milieux différents. Pendant les premières années, une vie stable et une affection sûre de la part des parents est ce qui lui convient le mieux.
C'est une erreur (assez répandue, je le sais) de croire qu'on «fortifie» un petit enfant quand on le place ici ou là pour le weekend ou pour les vacances. Ce genre d'expérience sera utile, excellent, indispensable dans quelques années. Mais, jusqu'à cinq ou six ans, ce qui importe le plus, ce qui fortifie le plus sûrement, c'est d'expérimenter la stabilité et la sécurité de la vie familiale.

Mais, direz-vous, que faire si notre enfant semble vouloir prolonger au-delà de l'âge normal la période où l'on éprouve un besoin constant de sécurité et de protection ?
On peut faire un petit inventaire de ce qui se passe en lui ou autour de lui et essayer de découvrir les raisons qui lui font craindre l'inconnu et les inconnus: Est-ce qu'il a l'impression d'être moins fort que les autres ? Est-il plus petit que les enfants de son âge ? Lui arrive-t-il d'être maladroit dans ses gestes ? A-t-il tendance à croire que les autres sont plus intelligents ?
Ou bien la vie familiale a-t-elle été soumise à une ou plusieurs «épreuves» difficiles à accepter pour les petits : déménagement, séjour loin des parents, naissance d'un nouvel enfant, visite prolongée d'une vieille tante ?
N'oublions jamais que, au début de sa vie, l'enfant a tout à apprendre, à comprendre, à accepter. Les choses qui nous paraissent les plus naturelles revêtent pour lui une importance ou un « danger » que nous n'avons souvent pas l'idée de soupçonner.
Si votre enfant vous paraît réticent ou craintif à l'égard des gens et des situations inconnus, gardez-vous bien de lui faire des reproches ou de vous moquer de lui : ce serait désastreux pour ce garçon qui n'a déjà que trop tendance à douter de ses capacités. Soutenez-le plutôt de votre compréhension et de vos encouragements. Aidez-le à obtenir quelque succès afin qu'il découvre par lui-même ses possibilités réelles.
Les timides sont infiniment encouragés par ceux qui leur reconnaissent quelques talents. Votre enfant peut devenir un spécialiste de la trottinette, du dessin ou de la sauce à salade. Il n'y a pas besoin de viser trop haut; il faut même soigneusement éviter de le faire; il ne faut simplement négliger aucune des occasions que la vie ordinaire offre à votre petit timide pour acquérir le sentiment de sa valeur réelle.

Pour le troisième de mes petits-fils, l'une de ces occasions s'est présentée sous la forme de creux à ordures… Je m'explique : cet enfant avait de la peine à s'intégrer à la vie de camping avec ses grands-parents; tant de choses étaient nouvelles pour lui qu'il était déconcerté, et même abattu. Dormir sous une toile qui s'agite au moindre souffle, manger sur un pliant qui menace constamment de basculer dans le sable, changer chaque jour de lieu de campement - que d'épreuves accumulées pour sa jeune sensibilité ! Au lieu d'être heureux et de se faire du bien, le garçon était morose et manquait d'appétit.
Jusqu'au jour où il se révéla particulièrement doué pour découvrir, dans chaque nouveau campement, l'enclos réservé aux ordures. Elu aussitôt grand spécialiste des déchets ménagers par le reste de la famille en admiration devant son sens de l'orientation et… la finesse de son odorat, cet enfant modifia complètement son attitude. Il avait trouvé sa place au sein de la communauté; il se sentait intégré; il était prêt à sourire et à manger de bon coeur.

Patientez encore quelques mois, chère Madame, vous avez déjà obtenu beaucoup. N'oubliez pas que votre fils est un aîné et que ce seul fait explique une grande part de la timidité que vous lui reprochez. Ne brusquez rien pour le moment; mais empressez-vous de découvrir quelles sont ses spécialités !









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