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La loi de Parkinson

L'Anglais C. Northcote Parkinson a dit :« Work expands to fill the time available », qu'on peut traduire : un travail tend à occuper tout le temps dont on dispose pour l'accomplir.
Exemple : une femme, avant de posséder une machine à laver, consacrait à sa lessive deux jours par mois et changeait de draps tous les quinze jours. Depuis qu'elle possède une machine à laver, elle ne passe pas moins de temps à sa lessive, elle change les draps toutes les semaines.
Peut-être d'autres, avant Parkinson, ont-ils fait la même découverte. Sa formulation en article de loi lui donne une force impérative très convaincante, d'autant que la vie quotidienne l'illustre abondamment. Les gens les plus importants et les plus intéressants sont par définition ceux qui n'ont jamais le temps de faire les choses qui leur paraîtraient importantes et intéressantes et l'histoire des draps se répète pour chacun en d'autres termes à propos du téléphone, de l'avion ou de l'auto; ces moyens de communication qui devraient nous permettre de gagner du temps ne nous en laissent pas davantage : nous faisons trois fois plus de choses.
Le travail de maîtresse de maison, on le sait bien, n'est jamais terminé, mais toujours à recommencer. Curieusement, malgré les machines de ménage et les prêts à emporter ou à porter de tous genres, on constate que les femmes lui consacrent davantage de temps qu'autrefois : on ne trouve plus de gens de maison ; les exigences accrues de l'hygiène, de la diététique, de l'enseignement ont compliqué la tâche, de même que la qualité médiocre des objets de fabrication. Enfin, comme pour être quelqu'un, il faut n'avoir pas une minute, les femmes - comme tout le monde - valorisent leur tâche et se valorisent en consacrant à leur travail un nombre d'heures excessif.
Si elles sont subitement obligées de donner du temps à une autre activité, de reprendre l'exercice de leur métier, par exemple, elles découvriront que leur ménage qui leur prenait chaque jour six heures ou davantage, ne leur en prend plus que deux. Comment, à conditions familiale et financière équivalentes, expliquer d'aussi considérables variations ? La loi de Parkinson trouve évidemment ici sa pleine explication : il y avait six heures de disponibles, le travail ménager les occupait.
Moralité : la loi de Parkinson est un principe de méthode important pour qui veut maîtriser son temps. Etant donné la fâcheuse tendance qu'elle dénonce, il s'agit en tout premier lieu de fixer des limites dans le temps de ses occupations de routine. Ces limites seront fonction d'éléments personnels : nombre d'enfants, leur âge, taille du logement, genre de vie, et l'on s'autorisera bien sûr des marges de dépassement : il ne s'agit pas d'entamer une course contre la montre ni de s'enfermer dans un horaire rigide. Mais il faut décider d'avance du temps qu'il semble raisonnable d'accorder à chacune de ses occupations, indépendamment du temps dont on dispose.
On me comprendra mieux si je parle des devoirs à domicile des enfants; ils ont plusieurs heures en fin d'après-midi pour les faire et certains d'entre eux les emploient toutes à apprendre les leçons que d'autres liquident en une heure. Loi de Parkinson. Que fait une mère avisée ? Elle va voir le maître et lui demande combien de temps l'enfant doit normalement passer à ses devoirs - compte non tenu du temps libre à disposition. Transposons à notre échelle et nous y sommes.







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