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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
En dehors du grand intérêt pour vous de cette matière exceptionnelle, que vous soyez jeune parent, chercheur dans une université ou simplement intéressé par l'évolution des comportements humains, votre soutien par l'intermédiaire d'un abonnement nous est indispensable.
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Trois générations

Victor Hugo trace, du grand-père, un portrait quelque peu sentimental, et doit avoir été, lui-même, un terrible « gâte-enfant »! Je doute que son exemple soit souvent suivi à l'heure actuelle. Aussi bien, les grands-parents d'aujourd'hui n'ont-ils plus rien de commun avec les grands-mères qui se coiffaient d'une «mantille» dès leur trentième année ou les grands-pères qui couvraient leur crâne chauve d'une calotte de velours noir. Grand-mère et petite-fille vont ensemble à la plage, grand-père et petit-fils montent à cheval, tandis que, le dimanche, on voit sur le toit des voitures des skis de toutes tailles et, à l'intérieur, des personnes de tous âges!
Ce changement de coutumes comporte inévitablement un changement d'attitudes et, si ce n'est une modification en profondeur de la tendresse unissant grands-parents et petits-enfants, en tout cas une modification dans la manifestation de celle-ci. Comme le disait une joyeuse fillette :« Mes camarades, pense donc, elles doivent encore changer de robe pour aller voir leur grand-maman ! Moi, c'est bien plus chic, je vais chez grand-mère comme je suis, avec ma robe d'école ! »
Comme toujours, c'est à la génération la plus âgée de faire le plus grand effort d'adaptation. Ce qui ne veut pas dire « abdiquer»; il ne faut pas oublier, en effet, que les jeunes ont tendance à se contenter de la voie la plus facile et, sous prétexte que leur «tendresse » est « tout intérieure » et que « bien sûr, on adore les grands-parents», ils jugent superflu de faire l'effort de le leur témoigner.
Aujourd'hui, le rôle des grand-mères est très important. Tant de jeunes femmes ont une occupation professionnelle qu'elles doivent reprendre tôt après leurs couches. On compte alors, tout naturellement, sur grand-mère pour promener, garder, éduquer le tout petit, et même le plus grand. Ce rôle que grand-mère joue avec joie n'est pas sans danger. En le jouant, grand-mère pénètre beaucoup plus qu'autrefois dans l'intimité du jeune ménage; elle a forcément accès aux armoires, à la cuisine, à la chambre des enfants, quand ce n'est pas à celle des parents ! Si elle n'y prend pas garde, elle risque d'abuser de la situation. Or, la devise des grands-parents ne devrait-elle pas être : discrets, disponibles et intéressés ?
Discrets, c'est-à-dire garder pour eux ce qu'ils ont pu remarquer et n'en pas faire part à toute la famille, se souvenir que ce n'est pas à eux qu'incombe l'éducation de leurs petits-enfants (eux appartiennent à la génération d'hier et les petits-enfants doivent être élevés pour demain !), ils ne doivent donc pas devenir « donneurs de conseils » aussi longtemps qu'on ne leur en demande point; ils ont, naturellement, leur opinion sur la valeur de telle méthode éducative, mais ils doivent faire confiance à leurs enfants qui, après tout, sont les seuls responsables, et ne jamais critiquer les parents en présence des enfants.
Envers leurs enfants devenus adultes, ils pratiqueront la même discrétion, ne cherchant pas à deviner ce qu'on ne leur dit pas, et se souvenant que, parfois, une question toute simple posée par affection peut être mal interprêtée, preuve en soit ce dialogue surpris dans la rue entre deux jeunes femmes : « C'est assommant, chaque fois que je raconte à maman que nous avons des amis à dîner, elle demande qui nous invitons. Cela ne la regarde pas ! » - « Mais c'est sûrement par affection et pas par curiosité ! » - « Peut-être, n'empêche que je veux pouvoir recevoir qui et comme je veux. »
C'est quelquefois si tentant de questionner un enfant pour savoir ce qui se passe à la maison ! Pour tant d'enfants de parents divorcés, les visites aux grands-parents sont un douloureux problème par crainte des questions qui leur seraient posées, alors que pour eux, plus que pour d'autres, ces visites devraient être détente et joie.

Disponibles, qu'on soit parent ou grand-parent, c'est la même chose ! Pour les grands et les petits, il faut toujours « avoir le temps ». Qu'importe que le plan d'une journée soit totalement bousculé par l'arrivée d'un bébé qu'il faut garder pendant que maman va chez le coiffeur, d'une plus grande qui voudrait venir goûter entre deux leçons, ou qui découvre subitement qu'elle est absolument obligée de coucher en ville « sur le lit du petit salon » (comme si le lit courait tout seul au petit salon !). L'accueil de père ou grand-père, de mère ou grand-mère doit toujours être serein, tendre et - si possible gai et détendu : pour cela il faut savoir « prendre le temps » d'être intérieurement paisible. La disponibilité n'est pas chose aisée, car le rythme des « vieux » est singulièrement plus lent que celui des jeunes, mais rien n'est plus désappointant que de s'entendre répondre :« Je n'ai pas le temps » ou « Cela me dérange », alors qu'on aurait justement besoin de tendresse, ou de temps pour discuter une importante question (après tout, qu'est-ce que cela peut bien faire que nous soyons dérangés ?)

Intéressés, oui intéressés par le monde, par ce monde dans lequel vivent et vivront nos enfants et nos petits-enfants. Ce monde qui, suivant les jours et souvent selon notre lassitude ! - nous apparait à demi-fou, semé d'embûches, dépourvu de sens moral, pourri par l'argent ou, au contraire, riche en découvertes, offrant d'infinies possibilités, théâtre de dévouements ignorés et sans bornes, prenant conscience de problèmes nouveaux, et assoiffé de vie spirituelle.
Peut-être les grands-parents ne comprennent-ils pas l'astrophysique, peut-être la nouvelle médecine ne leur paraît-elle pas toujours tenir compte des possibilités et des réactions normales de celle qu'on nommait jadis « Dame Nature », peut-être pensent-ils que « de leur temps », on enseignait l'allemand ou l'arithmétique avec des méthodes plus simples ! Qu'importe ! Les jeunes n'attendent que l'occasion pour expliquer que « la peinture, ça ne se comprend pas, ça se sent »; que « la musique gît tout entière dans le rythme plus que dans la mélodie », et les raisons pour lesquelles les skis métalliques sont supérieurs aux skis en bois ! Et les jeunes sont heureux et fiers de pouvoir expliquer ! Ils ne font pas griefs aux grands-parents d'ignorer, mais de ne pas s'intéresser, de ne pas être capables de vibrer avec eux à l'ouïe des aventures des cosmonautes ou des plongeurs sous-marins, des découvertes des chercheurs du C.E.R.N. ou de tel laboratoire de chimie !
Prenons garde de ne pas rester fixés (les Vaudois disent « demeurés ») sur la littérature de notre jeunesse, essayons de lire les auteurs modernes, de voir les films du jour…
Et, toujours et avec tact, sachons défendre les valeurs éternelles, les principes de morale sans lesquels toute vie sociale dégénère. Point n'est besoin d'être prêcheur pour autant !
« L'art d'être grand-père » (ou grand-mère) est l'un des plus délectable à pratiquer, il est tout de douceur et de tendresse, de compréhension et de sérénité; et c'est le rabaisser que de dire que les grands-parents doivent « gâter » leurs petits-enfants !
Quel adulte, tenant entre ses mains une porcelaine de prix et conscient de ses gestes, s'amuserait à ébrécher, à « gâter » l'objet précieux ?
Et des grands-parents, tenant entre leurs mains cette chose divine qu'est la personnalité d'un enfant, s'amuseraient, de gaieté de coeur, à la « gâter » ? Ceci n'implique nullement la suppression des fantaisies, des permissions spéciales, des friandises, etc. Il est normal, et bon, précisément parce que les grands-parents n'ont plus responsabilité d'éducateurs, qu'ils accordent quelques douceurs, quelque cadeau inattendu, quelque plaisir exceptionnel à leurs petits-enfants, à condition de rester dans la ligne éducatrice des parents (c'est-à-dire, entre autres, de ne jamais accorder ce qu'ils ont défendu), de ne pas dépasser la mesure, et de ne jamais faire de différences entre leurs petits-enfants.
De leur côté, les parents doivent enseigner à leurs enfants qu'ils ont des devoirs envers leurs grands-parents, qu'il est normal qu'ils leur consacrent un peu de temps et mettent leurs jeunes forces à leur service. Quelle triste réponse que celle donnée par un garçon de treize ou quatorze ans à sa grand-mère qui lui disait : « Je ne peux plus monter sur une échelle; viendrais-tu demain m'aider à ranger cette armoire ?» - «Oui, dit-il, … si cela ne me prend pas trop de temps ! »
Entre les générations, tout est question de mesure et plus encore d'amour et de compréhension. Et c'est de compréhension que les jeunes ont besoin.









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