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Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
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Une journée au Kibboutz (1)

« Bonjour, tout le monde, c'est l'heure ! »
On voudrait ne pas les entendre, ces quelques mots, cordiaux pourtant, lorsqu'il est 4 heures du matin et qu'il fait encore nuit. Mais la perspective de la journée qui se prépare, si différente de la petite routine de chez nous, fait vite oublier l'instant désagréable du réveil.
C'est qu'il s'agit de se dépêcher ! Il faut être prêt dans une demi-heure, pour le départ du tracteur qui tire derrière lui un char à bancs sur lequel nous nous entassons. Il amène à pied d'oeuvre son chargement encore tout somnolent, qui dodeline de la tête au gré des cahots du chemin.
Le travail de la journée consiste à cueillir du raisin. Il s'agit de couper les grappes de Canaan et de les débarrasser de tous leurs grains verts ou pourris. Il est d'usage de se munir d'une seule caisse, mais plus personne maintenant ne s'étonne de voir les petits Suisses gagner leurs places respectives avec deux caisses : l'une pour y ranger le raisin propre…, l'autre pour s'asseoir !
L'aube est silencieuse ; on n'entend rien encore que le claquement sec des serpettes : chacun est beaucoup trop occupé à achever de se réveiller pour songer à parler ! Mais peu à peu, la vigne s'anime ; des conversations s'ébauchent çà et là et deviennent vite générales. La température agréablement fraîche incite aux grandes discussions philosophico-métaphysico-religieuses. Ou bien, changeant d'humeur, la vigne entière chante les refrains israéliens récemment appris. Et c'est dans la gaîté qu'en zélés vendangeurs nous continuons notre travail, sans jamais manquer toutefois de guetter le lever du soleil.
A 8 heures, retour au kibboutz pour déjeuner : c'est chaque fois avec un appétit de loup que nous nous installons à table et que nous faisons honneur au choix immense qu'on nous présente : légumes et salades multiples que chacun assaisonne à son goût, poissons, fromage, oeufs et j'en passe ; tout cela est si tentant que nous ne pouvons résister ! Tout est si bon que nous risquons parfois de subir le même sort que la grenouille de la fable !…
Ainsi restaurés, nous regagnons nos vignes. L'ardeur du soleil, la chaleur qui augmente de plus en plus, ont raison peu à peu de notre zêle et le rythme du travail se ralentit. Ose-t-on parler des flots de sueur mêlée d'ambre solaire dont nous arrosons généreusement, mais bien involontairement, les raisins qui paissent entre nos mains ?
La poussière de la vigne se colle à notre peau et nous transforme progressivement en nègres ; à 11 heures enfin, c'est un troupeau crasseux, fatigué mais heureux, qui regagne le kibboutz et retrouve, sous la douche bienfaisante, sa couleur véritable en même temps qu'une forme éblouissante pour disposer du reste de la journée comme il l'entend.


(1) La jeune fille qui est allée un mois en Israël a gagné elle-même les 1500 fr. qui lui étaient nécessaires pour le voyage aller-retour et la visite du pays (15 jours) qui a suivi son stage « au pair » dans un kibboutz. Pour cela, les examens du bachot à peine terminés, elle a travaillé dans un hôpital, puis fait des remplacements dans des classes primaires.









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