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Générosité enfantine
Il faut apprendre à nos enfants, dès leur jeune âge, à donner non seulement les objets de rebut ou leurs jouets défraîchis, mais de temps en temps des choses dont la possession représente pour eux une jouissance réelle. Seulement, gardons-nous bien de les forcer et de permettre qu'un don fait de mauvaise grâce leur reste comme un souvenir pénible. Mieux vaut leur faire doucement comprendre ce que le Seigneur Jésus a voulu exprimer en disant: «Il y a plus de bonheur à donner qu'à recevoir».
Deux exemples illustreront notre pensée:
La petite Lucie, très entourée par une nombreuse famille qui la gâte à l'envi, reçoit beaucoup de jouets et de friandises. Sa mère néanmoins redoute par dessus tout que son enfant devienne égoïste et gourmande, malheureusement elle ne sait pas toujours s'y prendre pour diriger sa petite chérie déjà volontaire. Ainsi l'enfant distribue volontiers les sucreries qu'elle a reçues, mais le plaisir d'en manger elle-même à toute heure en les offrant aimablement annule tout effort et tout sacrifice de sa part. Hélas aussitôt les cornets vides, la faible mère les remplit de nouveau si aucun parent ne s'en est chargé. Cette générosité de l'enfant n'est donc qu'apparente. Un jour où Mme V. faisait remarquer à son mari la gentillesse de Lucie qui partage si volontiers avec ses petites compagnes, le père, sage et clairvoyant, répondit: «Oui, mais ne t'avise pas de lui demander sa dernière tablette de chocolat, si tu ne lui promets pas de la remplacer aussitôt !»
- Nous irons ensemble faire visite à la famille Marchand, Lucette, dit Mme V.; emporte ta petite poupée à robe rose pour amuser Edith qui ne peut sortir dans le jardin ! Mais l'enfant n'est pas charmée d'aller jouer avec cette petite campagnarde qui la contemple, toujours sans dire mot. «Tu ne resteras pas longtemps, n'est-ce pas mère ? Je m'ennuie tant chez ces personnes». La visite se passe assez bien. Lucie a découvert un petit chat dont les gambades l'intéressent plus que la tranquille Edith en contemplation devant la poupée. Au moment de partir, Mme V., suivant son plan, met vivement le joujou rose dans les bras d'Edith: «Tiens, dit-elle, d'un ton câlin, Lucie veut bien te la donner. N'est-ce pas, appuie-t-elle en se tournant vers sa fille d'un air sans réplique ». Notre Lucette est prête à pleurer de saisissement, mais elle se contente de faire une moue qui ne met certainement pas à l'aise les braves gens qui reçoivent ce cadeau forcé !
Pendant un séjour de campagne, René qui a quatre ans à peine, a fait la connaissance d'un petit paysan timide et honnête avec lequel il a eu beaucoup de plaisir. En faisant ses préparatifs de départ, la mère met de côté les vêtements usagés qui pourront être utiles à la famille du fermier. René fait aussi sa revue et retrouve avec plaisir les jouets délaissés pour suivre son ami au jardin ou à la ferme. Il dit à sa maman: «Je veux aussi donner quelque chose à Joseph, c'est mon ami ! Que penses-tu, maman ? Mon vieux cheval, n'est-ce pas?» Mais au fond, il sent déjà que le cadeau n'est pas fameux, et il se souvient de l'admiration du petit campagnard le jour où ils ont joué avec sa mignonne auto mécanique. «C'est ça qui est beau» avait déclaré le Joseph. En René se livre un combat. «Je garde l'auto pour moi, maman, si tu lui donnais plutôt du chocolat», fait-il persuasif, en penchant sa tête blonde. «Mais c'est ton papa et moi qui l'achetons, mon petit homme, alors toi, tu ne donnerais rien ! Il faut donner seulement ce qui vous appartient ! Si tu demandais à Joseph ce qu'il préfère ? Le voilà justement qui apporte le lait ». L'enfant pose bravement la question: «Dis, qu'est-ce que tu aimes le mieux, le cheval ou l'auto ?» Sa voix tremble d'émotion ! S'il se contentait au moins du vieux cheval. Le regard admirateur et réservé du petit paysan posé sur l'automobile rouge en dit long; René a compris et, triomphant, il tend le jouet. Joseph ne sait s'il doit croire, à un pareil bonheur et se sauve avec son trésor en balbutiant un merci !
René est tout joyeux et sa mère est heureuse, oh ! si heureuse de la victoire qu'a remportée son enfant bien aimé.
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