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Dites « non» au cafard des accouchées!
Vous êtes à la maternité. Pour votre bébé, c'est le jour n° 1, minute 60, il est né depuis une heure à peine, vous êtes maintenant à nouveau installée dans votre lit. Après les allées et venues, le brouhaha, pendant quelques minutes, vous avez pu avoir votre bébé dans vos bras, tout doux et tiède, puis on vous l'a retiré, on l'a baigné, habillé, pesé, et emmené dans la nursery. Votre mari s'est raclé la gorge d'émotion ; les grand-mères se sont extasiées, on a découvert des ressemblances, annoncé le prénom.
Maintenant, vous voilà seule (« Laissez-la se reposer » a dit la sagefemme). Selon tous vos critères, vous devriez vous sentir détendue, apaisée, heureuse. Vous en avez tant rêvé de ce moment qui suivrait l'accouchement, où vous auriez enfin la joie de savoir à quoi ressemblait le nouveau membre de la famille. Au lieu de cela, au lieu du sentiment de votre bonheur que vous vous efforcez de garder, s'installe en vous une pénible sensation d'inquiétude. Vous, si raisonnable, vous commencez à voir votre esprit battre la campagne.
- Un bébé, j'ai un bébé à moi
C'est terrifiant, comment vais-je pouvoir m'en occuper ? Moi qui ne sais rien des nouveaux-nés ! C'est trop de responsabilités ; je ne saurai jamais les prendre ; je ne peux pas, et personne ne peut m'aider !
ou bien :
- Cette layette, que j'ai préparée, ce n'était sûrement pas ce qu'il fallait ; il n'y en aura pas assez, et puis toutes les brassières seront trop grandes - ou trop petites - pour ce minuscule nouveau-né. Est-ce que j'aurai assez de maillots ? et les « bandes ombilicales » je les ai oubliées
et la baignoire, comment allons-nous faire
il faut que j'aie une baignoire avant de rentrer à la maison !
ou bien :
- Comme il a pleuré mon bébé, tout à l'heure, est-ce qu'il avait demandé à venir au monde !
Est-ce que je vais savoir le rendre heureux ?
ou bien encore:
- L'infirmière m'a presque arraché l'enfant des mains ; qu'est-ce qu'elles lui font, comment est-ce qu'elles le soignent ? Et si on le confondait avec un autre, si on oubliait de lui mettre son bracelet d'identité. Ça serait affreux qu'on me l'échange, et ça arrive !
etc
Votre imagination tourne, tourne ; en une demi-heure, vous avez atteint le désespoir. Si aucune infirmière ne vient vous faire dormir et vous donner un cachet, votre mari va vous trouver en larmes à sa première visite, et ni vous, ni lui ne comprendrez pourquoi.
Consolez-vous, ces crises de désespoir qui surviennent juste après l'accouchement sont assez fréquentes pour que les médecins leur aient donné un nom : le « cafard des accouchées ».
Quelle en est la cause ? On a parlé de brutales décharges d'adrénaline, de fatigue provoquée par l'effort terrible imposé à l'organisme maternel contraint, d'une minute à l'autre, de retrouver des fonctions et des circuits abandonnés depuis neuf mois ; et puis il y a aussi la disparition de ces mouvements du bébé dans votre ventre, ces petits sauts parfois pénibles, qu'il est étrange pourtant de ne plus sentir. Beaucoup de jeunes accouchées, en se réveillant en sursaut les premières nuits qui suivent leur accouchement, ont besoin de plusieurs secondes pour se rendre compte que tout va bien, et que bébé « hors d'elles », se porte comme un charme. Sans attacher trop d'importance à ces accès de dépression, il faut admettre qu'une jeune femme qui vient d'avoir un enfant, est épuisée tant physiquement que nerveusement et qu'il lui faudra profiter des dix jours passés à la Maternité pour se reposer et se reprendre.
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