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Biologie et morale
Nous pensons intéresser ceux de nos abonnés qui sont avides de lectures enrichissantes en publiant deux extraits de l'ouvrage du Dr Chauchard « Biologie et morale », en leur conseillant vivement de lire l'ouvrage en entier.
L'auteur de ce livre, Français, est neuro-physiologiste, directeur à l'Ecole des Hautes Etudes et professeur à l'Ecole des psychologues praticiens. Il s'est converti à la foi chrétienne à trente ans.
Influence du milieu sur le développement de l'enfant
Tout moraliste, tout homme qui réfléchit devrait savoir que, sous réserve d'aptitudes ou d'inaptitudes individuelles assez rares, un enfant qui naît (ou plus exactement un enfant conçu de parents sains, car le temps de la grossesse oriente aussi de façon importante l'avenir et peut faire perdre certaines possibilités) peut, suivant le milieu où il vivra, devenir un idiot ou au contraire un homme équilibré et cultivé. Il suffit de priver l'enfant de tout contact humain pour qu'il devienne anormal et ne développe pas son intelligence : un enfant élevé par des loups met son intelligence à imiter les loups et court à quatre pattes en hurlant. Chose grave, il est définitivement déficient, car il est un âge normal pour le développement de l'intelligence et notamment du langage, passé cet âge certaines structures cérébrales perdent leurs possibilités. Inversement une petite Indienne d'une civilisation primitive prélevée avant cinq ans, avant cette perte de possibilités, a pu accéder à toute notre civilisation. Voici deux cas extrêmes qui montrent bien la malléabilité humaine et le fait que, si l'hérédité explique certaines différences individuelles d'aptitudes, ces différences sont en fait aussi peu importantes que la couleur des yeux ou des cheveux.
Ce qui différencie le plus les hommes sur le plan intellectuel, c'est l'éducation, le milieu social, plus exactement ce qui a marqué l'enfant dans les cinq premières années de sa vie. S'il y a dans le caractère certains éléments héréditaires, l'essentiel n'en est pas moins acquis. On ne peut que déplorer dans ces conditions les terribles déficiences du point de vue humain dont souffrent la majorité des
enfants rendus par leur milieu incapables de devenir des hommes véritables parce qu'on ne leur a pas permis de développer toutes leurs possibilités cérébrales dans le domaine de l'intelligence comme de l'art et de l'amour.
Part de l'hérédité dans les maladies mentales
Si l'hérédité est certaine dans quelques cas surtout d'insuffisance cérébrale, par contre bien souvent, on ne peut parler que d'hérédité de terrain, d'aptitude au trouble mental ; l'individu doué d'un cerveau fragile et d'une tendance caractérielle mauvaise pourra rester normal si les conditions de vie sont favorables ; il sombrera dans la folie pour toute condition de vie qui imposera à son cerveau anormal un effort trop grand.
Devant le milieu familial et social, tous ne sont pas égaux, mais si certains déficients manifesteront leur état pathologique dans n'importe quel milieu si normal soit-il, d'autres sembleront normaux dans un milieu simple ne leur demandant pas d'effort d'intelligence et de décision, alors qu'ils se révèleront inaptes d'une part à une vie dans un milieu de culture et de responsabilité et que, d'autre part, un milieu immoral et dépravé trouvera sans aucune résistance.
On avait cru autrefois à l'existence d'une perversité constitutionnelle héréditaire, d'une sorte d'aptitude au vice ; on sait aujourd'hui que, dans l'enfance dite coupable, qui est plus souvent l'enfance malade et inéduquée il y a plus de pervertis que de pervers. Le milieu est toujours le grand responsable de l'orientation de nos comportements qui sont des réactions acquises et, en agissant sur le milieu, on pourrait considérablement améliorer la pathologie morale de l'enfance.
Mais ceci ne doit pas faire oublier qu'il existe des enfants au cerveau insuffisant, au cerveau malade, au cerveau fragile, des individus normaux au caractère difficile ou anormalement conformistes ou anticonformistes qui réagiront de façon différente au milieu. A la tâche primordiale d'humaniser le milieu social et d'adapter l'éducation aux cas individuels normaux et pathologiques, qui est essentielle, il faut donc adjoindre toutes les thérapeutiques préventives et curatives permettant un cerveau normal et normalisé. Le secret de la moralité de l'adulte réside à la fois dans le facteur organique de la possession d'un bon cerveau, le facteur psychologique d'une bonne éducation qui apprend à s'en servir correctement et dans un bon milieu social humain et humanisant.
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