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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
En dehors du grand intérêt pour vous de cette matière exceptionnelle, que vous soyez jeune parent, chercheur dans une université ou simplement intéressé par l'évolution des comportements humains, votre soutien par l'intermédiaire d'un abonnement nous est indispensable.
Pour les pays lointains et si vous ne désirez pas profiter de la version papier, un abonnement sous forme de pdf est accessible au même prix annuel de CHF 30. Il vous donne un accès complet aux archives
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Enfin la paix

Enfin, nous allons avoir la paix !
N'est-ce pas cette illusion qui vous a permis de supporter la fatigue et la mauvaise humeur chroniques de vos enfants pendant les semaines qui précèdent les grandes vacances ?
Plus de tracas ! Plus de soucis d'école ! Finie pour plusieurs semaines la hantise du vocabulaire et des livrets ! Terminée l'obsession continuelle de l'heure qui passe trop vite, de l'horaire qu'il faut absolument respecter !
Vous vous voyez :déjà, couchée sur le sable chaud ou sur la galerie d'un chalet, un livre ou un tricot à portée de la main, suivant d'un oeil extasié les ébats de vos chéris qui jouent gentiment à quelque distance…
Car vous avez oublié à quel point il est difficile pour la mère de prendre ses propres vacances en même temps que le reste de la famille. Vous avez oublié que vos deux fils, qui pestent pendant dix mois contre les obligations déprimantes de la vie scolaire, ne savent pas que faire de cette liberté tant désirée, dès qu'ils la possèdent. Vous oubliez constamment que votre cadette, si indépendante à l'ordinaire, éprouve subitement, dès qu'elle vous voit sur une chaise-longue, un besoin fou de tendresse, de réponses, de conseils, de sirop, de papier à dessin, de ciseaux à découper. Vous avez déjà oublié que la moitié du bonheur de votre aînée dépend de ses contacts journaliers avec un petit groupe d'amies et que lorsqu'elle ne les voit plus pendant un certain temps, elle est complètement désemparée, manque d'esprit d'initiative, boude pour des riens et ne semble guère profiter de ce changement d'air qui était censé métamorphoser complètement l'atmosphère familiale.

Abandonnons nos illusions. Soyons réalistes. Et admettons une fois pour toutes que la paix et le bonheur ne s'établissent nulle part sans notre participation.
Nous désirons que les vacances soient profitables à tous les membres de la famille ? Nous souhaitons que chacun y trouve son compte, les parents comme les enfants ? Il nous faut consentir alors à un minimum d'organisation.
Car l'improvisation, c'est charmant quand on est célibataire ou jeunes époux, mais cela devient rapidement de l'anarchie, génératrice de fatigue et d'énervement, quand on emmène avec soi un certain nombre d'enfants.
Essayons donc de prévoir !
Je ne vous demande pas d'établir à l'avance, pour tout l'été et pour tous les membres de votre tribu, un emploi minuté de chacune de leurs journées. Mais je pense qu'il serait souhaitable que vous pensiez à l'âge, au tempérament et aux besoins vitaux de vos enfants avec l'intelligence et la clairvoyance dont vous faites preuve quand vous préparez leurs vêtements avant le départ.

S'ils sont désoeuvrés, Marc et Pierre passeront des heures à se chatouiller, se faire des farces idiotes ou à détériorer le matériel du chalet. Il faut songer à leur procurer des objets qui leur permettent des jeux intelligents, utilisant leur énergie de manière positive. Avec de la ficelle, un couteau et de vieux morceaux d'étoffe, ils auront la possibilité de fabriquer des arcs et des flèches, de construire une hutte d'Indiens, de tailler dans le bois des personnages ou des animaux ou même de créer des oeuvres d'art inédites au moyen de racines, d'écorces, de cônes ou de baguettes. Emportez aussi un stock de feuilles blanches ; elles pourront servir à un nombre infini d'usages : dessin, peinture, pliages, jeux de gazette et batailles navales ; assemblées au moyen d'un ruban, elles formeront un album destiné à recevoir une collection de ce qui tombe sous les yeux de vos écoliers en liberté : feuilles, fleurs, cartes postales achetées au cours des excursions, puis, au retour, photographies de l'été.

Pour que la petite Valérie accepte que vous preniez vous aussi une heure de repos véritable, au moment qui vous convient le mieux, il faut au préalable consacrer quelques minutes à envisager avec elle les occupations qui pourraient l'absorber agréablement pendant cette sacro-sainte sieste qu'elle déteste de tout son coeur. Souhaite-t-elle « faire comme maman » et tourner les pages du livre qu'elle aime en contemplant longuement les images ? Veut-elle copier un dessin ou colorier celui qu'elle a commencé hier ? Préfère-t-elle continuer le petit tapis brodé qu'elle offrira à Noël à sa marraine ? A-t-elle besoin de ciseaux pour découper des figures de catalogues ou de fil solide pour le collier qu'elle projette de monter en assemblant des graines de sorbier ou d'eucalyptus, de minuscules coquilles d'escargots ou de gros coquillages marins ?
Des matériaux modestes, quelques paroles encourageantes, un but accessible et stimulant : il n'en faut pas davantage pour permettre à une jeune demoiselle de 5 ou 6 ans de respecter le repos d'autrui sans avoir à recourir au suçage de pouce, aux lamentations désespérées ou au découpage de la couverture du lit.

Francine - Même si vous êtes les parents les plus dynamiques et les plus compréhensifs que la terre porte, cela n'empêchera pas votre aînée de trouver la vie monotone à vos côtés, si vous pensez que votre horizon doit lui suffire. Qu'on soit fille ou garçon, à partir de 14, 15 ans, on éprouve le désir légitime de vivre avec ses pairs, de connaître d'autres choses et d'autres gens que ce qui constitue le cadre habituel archi-connu.
Si donc le manque de place, vos ressources matérielles ou votre résistance nerveuse vous empêchent d'inviter la meilleure amie de Francine, cherchez de quelle manière vous allez aider votre fille à tirer le meilleur parti de toutes ces journées « vides » qui s'annoncent. Ne comptez pas uniquement sur les petits travaux ménagers et sur les devoirs de vacances ; car ce sont les occupations qui sortent de l'ordinaire qui donnent du charme aux vacances, la possibilité de faire enfin ce qu'on aime et ce qui correspond vraiment aux exigences profondes de l'être.
Pour se reposer des points de surjets et des coutures rabattues de l'école, elle pourrait se lancer dans la coupe et la couture d'une jupe ou d'une robe simple. C'est grâce à des essais de ce genre que des jeunes filles se sont découvert un goût insoupçonné pour les travaux à l'aiguille. De même, si on peut choisir la laine de son goût et un modèle de pull-over à la dernière mode, on risque de se découvrir une passion folle pour le tricot (surtout si grand-mère ou tante Marie ont la bonne idée d'offrir de faire les manches pour que ça avance plus vite).
Projeter des courses et en établir soi-même l'itinéraire ; organiser des compétitions de boules, de ping-pong ou de volley-ball avec distribution des prix et soirée récréative générale à la fin du séjour ; étudier le « guide » de la région, en dresser la carte, collectionner les objets, les renseignements et les observations qui s'y rapportent ; entrer en contact et établir des échanges avec une famille indigène ou étrangère : que d'occasions de sortir de soi-même, de s'enrichir, de communier avec autrui. Et comme il reste peu de temps pour «traîner», cultiver son cafard ou lécher des glaces à longueur de journées !

Vous aspirez à la paix des vacances ? Je vous la souhaite de tout mon coeur et je suis convaincue que vous saurez l'instaurer.
Rappelez-vous simplement (et à temps !) que le bonheur des enfants n'est jamais dans l'immobilité et l'inaction. Quel que soit leur âge, ils ont besoin d'agir, de créer, d'avoir un but.
Si vous tenez compte de cette réalité indiscutable, alors vous aurez des heures où vous pourrez vous détendre, respirer, avoir vraiment la paix.









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