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L'adolescent délinquant
Les travaux consacrés à l'enfant et à l'adolescent ont ouvert des perspectives dans lesquelles les recherches sont particulièrement prometteuses. Il existe, en effet, chez les enfants, une disposition naturelle à rechercher le plaisir dans la violence, dans les jeux sexuels, dans l'appropriation égoïste.
Le plus souvent, l'enfant s'adapte assez vite aux nécessités réelles. Dès les premières années de son développement, recherchant le sourire et l'amour maternels, il apprend à renoncer à la satisfaction immédiate de ses besoins instinctuels. Plus tard, pour régler ses attitudes envers autrui, il s'inspirera de son père ou d'autres représentants autoritaires.
Lorsque deux groupes d'adolescents sont constitués d'après la qualité sociale de l'entourage, on observe que la délinquance est significativement moins fréquente chez ceux qui ont des parents affectueux, tolérants, consciencieux, stables, susceptibles d'imposer avec une autorité raisonnable les modèles de comportements et les renoncements qui seront précisément ceux qu'exige la société. Les dispositions constitutionnelles de l'individu et les grands facteurs sociaux de la délinquance sont donc certainement accompagnés d'un élément familial et éducatif de première importance. Lorsque, faute de parents ou de substituts convenables, l'apprentissage de la réalité ne s'est pas effectué correctement, l'adolescent est particulièrement exposé à présenter les traits de caractère qui se retrouvent fréquemment chez les jeunes délinquants.
Cette organisation insuffisante de la personnalité est qualifiée d'immature parce qu'elle perpétue l'image du caractère enfantin. En même temps peuvent d'ailleurs s'observer des facultés intellectuelles intactes ou seulement altérées du fait des désordres instinctivo-affectifs et des acquisitions insuffisantes.
L'adolescent éprouve un désir insatiable de satisfaction égoïste qui étouffe les autres relations affectives. Il se révèle indifférent, méfiant, hostile avec, au fond, un sentiment d'insuffisance, d'être indigne d'amour. Il a l'impression inapaisable d'une injustice subie ; ses revendications ne trouvent pas leurs limites. Au premier plan s'observent l'égocentrisme et la tendance dominatrice, c'est-à-dire l'incapacité de se figurer à sa place réelle dans les structures sociales et dans le devenir professionnel.
Cet adolescent n'a pas de perspective dans le temps. Il lui est impossible d'accepter une contrainte provisoire, un choix ou un ajournement en vue d'un succès ultérieur. Sa pauvreté critique s'accompagne d'un désordre incontrôlable, avec instabilité, dispersion, impression que la vie est un jeu, une aventure qui n'engage pas, dont les expériences sont oubliées aussitôt. Ses objets sexuels demeurent infantiles ou peu différenciés.
Sa recherche de puissance, d'appropriation, d'apaisement, de plaisir quel qu'il soit, est si impérieuse et inéluctable que les actes répréhensibles qu'elle déclenche ne peuvent être réellement contrôlés et ressentis comme coupables. L'individu normal n'a, dans les circonstances ordinaires, pas plus de difficultés à respecter les injonctions du code pénal qu'à maintenir sa voiture sur la droite de la chaussée. Il s'abstient de voler sans y penser. Chez certains délinquants, le respect des lois demanderait un effort et des ressources qui ne se trouvent pas dans leur personnalité ; le conflit de conscience s'ébauche à peine ou reste inexistant ; la tension se résout presque instantanément dans le passage à l'acte.
Dans de telles personnalités, la sanction est peu efficace ; les inhibitions ne se développent guère, la récidive est toujours probable.
Le comportement psychopathique
Le comportement social de telles personnalités consiste pour l'essentiel, à introduire dans la réalité le monde des bandes dessinées. Le patient, jeune ou plus âgé, ne peut être que soumis ou rebelle, récompensé ou puni. Ses relations sont féodales, verticales ; il obéit ou écrase ; il est servile ou cruel. S'il est frustré il ne peut que passer à l'acte à moins d'être physiquement contenu.
Dans son enfer archaïque, cette personnalité est aveugle à l'égalité interpersonnelle, à l'échange et à la tolérance réciproques. Le camarade est le seigneur, le comparse ou l'homme de main. Le partenaire sexuel est interchangeable. La victime est un exemplaire tiré par hasard de l'univers où n'existent que des ennemis. Le détenteur de l'autorité est celui contre lequel on se révolte, qu'on veut obscurément séduire ou provoquer. Tout se passe comme si cet infirme moral avait pris pour modèle le mauvais parent dont il a souffert ou le mauvais enfant que les autres ont vu en lui.
Dans ces conditions, l'adolescent frappe son patron, vide la caisse, cambriole les caves, s'empare de véhicules à moteur, prend des satisfactions : sexuelles interdites, s'enrôle dans des bandes asociales ou des formations militaires en marge. La fille vole, escroque, se prostitue. Parfois, elle laisse venir à elle le drame infanticide.
Ainsi apparaissent ces personnalités psychopathiques, c'est-à-dire ces caractères d'enfant dans le corps accompli ou vieilli d'un adulte.
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