
|
|
Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
En dehors du grand intérêt pour vous de cette matière exceptionnelle, que vous soyez jeune parent, chercheur dans une université ou simplement intéressé par l'évolution des comportements humains, votre soutien par l'intermédiaire d'un abonnement nous est indispensable.
Pour les pays lointains et si vous ne désirez pas profiter de la version papier, un abonnement sous forme de pdf est accessible au même prix annuel de CHF 30. Il vous donne un accès complet aux archives
Stimulez ce besoin de créer
- Mes enfants sont bien gentils, mais je ne sais bientôt plus que faire de leurs innombrables « oeuvres d'art ». Au début j'avais consacré, aux dessins les meilleurs, une place définie au-dessus de mon lit ; mais l'emplacement devint rapidement indéfini, et notre chambre à coucher s'est métamorphosée peu à peu en exposition permanente d'oeuvres artistiques ou artisanales incroyablement nombreuses et insolites. Il faudrait que je me décide à opérer un choix impitoyable et à brûler tout ce que je ne peux pas garder indéfiniment. Mais j'hésite et je reporte continuellement « à plus tard » cette décision qui va certainement causer de la peine aux jeunes auteurs de ces productions envahissantes.
- Voilà un problème qui ne se posera jamais chez nous ! Quand on dit à Georges qui s'ennuie tout au long d'un interminable jour de pluie : « Mais, fais donc du dessin ou de la peinture ! » il répond invariablement d'un air maussade : « J'sais pas dessiner. J'sais pas peindre. » Ah ! ce que c'est impatientant parfois, ces enfants qui ne savent pas occuper leurs doigts et qui n'ont jamais d'idées !
- N'a-t-il eu vraiment jamais envie de faire semblant d'écrire ou de barbouiller sur du papier d'emballage quand il était petit ?
- Naturellement ! Mais, à cette époque, il n'avait que 3 ou 4 ans. Ses « oeuvres » ne ressemblaient absolument à rien. Je les jetais au fur et à mesure. Notre appartement est si petit ! Je ne peux m'amuser à collectionner toutes les horreurs qui sortent de l'imagination des petits
ou de la poche des plus grands !
Dialogue classique, entendu vingt fois. D'un côté, une mère intuitive et indulgente, qui devine que les essais malhabiles et inélégants des petits contiennent déjà le germe de ce qui se transformera plus tard en besoin d'agir et de créer. De l'autre côté, une mère réfléchie et ordonnée (un peu trop peut-être !) qui fait passer au premier plan son sens personnel de l'ordre et de l'esthétique et que n'effleure jamais l'illusion d'avoir mis au monde un futur Michel-Ange ou un génial Léonard de Vinci
Comment se comporter à l'égard des productions des jeunes enfants ? Que peut-on faire pour stimuler leur activité et les encourager à inventer dessins, peinture, modelage, couture et bricolage ?
Commencez par vous intéresser à leurs productions, quelles qu'elles soient ; dites si c'est la couleur ou la forme qui vous plaît plus particulièrement ; relevez un progrès que vous remarquerez par rapport aux oeuvres précédentes. Si vous avez affaire à une création « abstraite » ou qui vous déconcerte fâcheusement, n'hésitez pas à poser des questions et demandez à être initié à ce que vous ne comprenez pas du premier regard.
Si l'oeuvre en question est un cadeau qui vous est offert pour Noël ou pour votre anniversaire, ayez soin de le déballer sous les yeux du donateur et avec toute l'attention et le sérieux qu'il espère de vous. C'est décevant, savez-vous, après avoir transpiré des heures sur un laborieux collage de mosaïque ou sur une récalcitrante broderie au point de tige, de constater que l'heureux bénéficiaire de tant de peine et de tant d'amour se contente d'ouvrir distraitement le paquet tout en continuant la conversation avec les adultes
Vous prouverez l'intérêt que vous portez à l'oeuvre reçue en l'exposant quelque temps contre un mur, à l'intérieur d'une porte d'armoire ou au-dessus de l'évier de la cuisine (« pour me donner du courage quand j'épluche les légumes ! »). S'il s'agit d'un napperon, d'un lien de serviette en raphia, d'un cendrier d'argile ou d'une boîte à bobines, de grâce, utilisez ostensiblement l'objet reçu au moins pendant quelques semaines ou quelques mois, au moins quand l'enfant vient vous rendre visite !
Quand le temps a passé ou quand de nouvelles oeuvres ont relégué les précédentes à l'arrière-plan, alors, mais alors seulement, on peut songer à trier, élaguer, éliminer. Ne recourez au feu ou à la poubelle qu'à la dernière extrémité. Pour parer à un crève-coeur éventuel ou à la question classique « Qu'est-ce que tu as fait de l'avion que je t'ai donné ? », consacrez un tiroir, un grand carton, un classeur ou une valise aux oeuvres qui ont encore une valeur affective, soit pour celui qui a donné soit pour celui qui a reçu. Ainsi vous aurez une réponse satisfaisante à faire lorsqu'on vous demandera des nouvelles des objets disparus : « Tu me donnes tellement de choses intéressantes que l'appartement serait envahi si je laissais tout en circulation. J'ai une cachette secrète où je range les oeuvres que je dois me résigner à enlever de la chambre à coucher, de la porte de la cuisine ou du fond du corridor. Veux-tu que nous fassions l'inventaire de mon trésor ? »
Si vous avez eu l'occasion de voir l'expression émue et reconnaissante de l'enfant à qui on donne la preuve de l'intérêt qu'on porte à ses productions, vous n'hésiterez plus. Vous accepterez de bon coeur que certaines régions de votre logis n'aient pas toujours un aspect impeccable et vous ne regretterez pas trop amèrement la place « perdue » consacrée aux cartons ou aux classeurs qui contiennent les oeuvres de vos enfants, espérances de l'activité créatrice de demain.
|
|
|