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Mon âme est enveloppée de tristesse

Mon âme est enveloppée de tristesse jusqu'à en mourir. Demeurez ici et veillez avec moi.

MATH. XXVI, 38.


Il ne faut pas se nourrir, s'empoisonner plutôt, de tristesse. Il faut que cette tristesse ne paralyse pas, n'énerve pas, ne décompose pas nos âmes. Il faut qu'elle soit tempérée par l'Esprit de Christ lui-même. En Gethsémané, sa tristesse ne l'a nullement empêché d'accomplir son oeuvre. Il n'en à pas moins devant Caïphe, Pilate, Hérode et sur le chemin du supplice, au Calvaire, fait preuve d'un courage surhumain, et d'une grandeur, d'une dignité, d'une inaltérable maîtrise qui attestent sa divinité !

Eh bien, à son école, notre tristesse doit aussi rester ou devenir virile, forte de la force de Dieu; un rayon d'espoir inaltérable doit la traverser; espoir du bien que Dieu saura tirer du mal; car invinciblement nous devons attendre que de cet épouvantable creuset sorte un métal purifié qui brillera d'un éclat divin. Oui nous devons croire qu'un monde nouveau sortira de cette effroyable catastrophe: au point de vue politique et social peut-être, au point de vue moral et religieux en tout cas.

Maîtrisons donc notre tristesse; réagissons contre ses funestes inspirations. Par la prière d'intercession surmontons d'instant en instant des sentiments et des dispositions qui sont indignes d'un enfant de Dieu et feraient de nous des fléaux et non pas des bienfaiteurs de l'humanité. Montrons que la foi sait encore transporter les montagnes; si nous devons disparaître de ce monde avant d'avoir vu se produire les bienfaits de l'épreuve, saluons d'avance, comme les patriarches, saluons par la foi cette terre promise dans laquelle nous n'entrerons pas nous-mêmes ici-bas; et ainsi nous ne mériterons pas le reproche que Saint-Paul adressait à ses frères de Césarée: «Que faites-vous en pleurant et en énervant mon âme ?» Non, il faut que nous entretenions le courage de tous nos concitoyens; il faut que nos soldats sentent qu'ils ont derrière eux tout un peuple de vaillants qui ne se laissent pas abattre; et pour cela il faut que, conformément à la demande du Christ: « Demeurez ici, veillez avec moi », nous restions dans sa communion, bien unis par la prière et prêts à nous soutenir les uns les autres si nous défaillons.









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