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Les hyménomanes
Pierrette, 20 ans, possède déjà les X pièces de son trousseau modèle pour lits jumeaux, elle économise chaque mois une somme importante pour compléter son argenterie et augmenter sa dot, suit des cours de cuisine, écoute avidement les conseils ménagers de sa mère, confectionne elle-même ses vêtements, s'habille avec une distinction de bon ton, va souvent chez le coiffeur, garde ses mains, cependant si habiles aux travaux du ménage, graciles et blanches ; elle se cultive, suit des cours, s'initie à l'art des bonnes manières et de la conversation
Bref, Pierrette se donne un mal fou pour mériter unanimement la mention « future parfaite épouse ». Il ne manque que le fiancé. Car tous les efforts de Pierrette ne sont encore adressés qu'à un illusoire homme de sa vie. Ou plutôt ses efforts, son trousseau, ses coiffures, ses lectures changent sans cesse de destinataire. Une oeillade, un sourire, une parole d'un aimable célibataire, et voilà l'imagination de Pierrette qui s'enflamme. L'innocent jeune homme devient, sans l'avoir toujours voulu, l'élu depuis si longtemps espéré.
Pierrette a des amies qui partagent ses espoirs, même si elles ne se l'avouent pas toujours. Elles atteignent et dépassent leur vingtième année, confinées dans leur attente, toujours plus inquiètes à chaque annonce de fiançailles ou de mariage qu'elles reçoivent.
Oui, à notre époque, il est des parents qui pensent encore, avec Michelet, que le devoir sacré de la femme est d'aimer, de souffrir et d'engendrer, un point c'est tout, et qui élèvent leurs filles dans la pensée qu'il n'y a pas de salut hors du mariage, que le pire malheur de la vie est de rester « vieille fille ». Et malgré tout ce que l'on dit sur le libertinage des jeunes d'aujourd'hui, leurs filles obéissantes ne pensent qu'au mariage, rien qu'au mariage, tous leurs actes étant obstinément orientés vers le but suprême de la vie.
Malheureusement, les garçons, et surtout les profiteurs, connaissent la chanson. Dès le premier rendez-vous, ils parlent mariage et sont ainsi assurés de ne rencontrer aucune résistance ni du côté de la jeune fille, ni du côté de ses parents. Et les courriers du coeur regorgent des lettres navrées des pauvres crédules :« Il m'a emprunté plus de mille francs ; je les lui ai prêtés en toute confiance parce qu'il m'avait promis le mariage. Mais voilà deux mois qu'il est parti pour l'Allemagne et il ne m'a pas encore écrit un mot
»
Pourquoi, mais pourquoi ne voir que le mariage pour les filles ? Certaines gens qui se moquent pas mal des dix commandements, deviennent graves devant le « croissez et multipliez » comme s'il s'agissait du fin mot de la volonté divine. A observer bien des couples, on s'aperçoit qu'ils se sont formés uniquement par convention, parce qu'on « doit » se marier, parce que des parents ont décidé d'unir pour la vie des amoureux indécis, afin que la morale soit sauve, le qu'en dira-t-on rassuré. Et l'on s'étonne devant les ménages désunis, les hommes pour qui la vie de famille ne compte pas, les femmes déçues dans leurs grandes espérances et toutes les séquelles des déboires conjugaux.
Le mariage, c'est-à-dire l'amour dans les bons et les mauvais jours, la fidélité pour la vie entière, l'entente dans la vérité de deux humains imparfaits, ne serait-ce pas plutôt un don exceptionnel de Dieu, presque un miracle ?
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