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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
En dehors du grand intérêt pour vous de cette matière exceptionnelle, que vous soyez jeune parent, chercheur dans une université ou simplement intéressé par l'évolution des comportements humains, votre soutien par l'intermédiaire d'un abonnement nous est indispensable.
Pour les pays lointains et si vous ne désirez pas profiter de la version papier, un abonnement sous forme de pdf est accessible au même prix annuel de CHF 30. Il vous donne un accès complet aux archives
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Il n'est pas trop tôt pour y penser

Penser à quoi ? Au retour ! Mais comment ? Ils ne sont pas encore partis !
Oui, je sais. Pour le moment, ce qui vous paraît le plus important, c'est de préparer le départ. Et vous avez la tête remplie de tant de préoccupations immédiates que vous ne tenez pas à perdre l'esprit en vous mettant à réfléchir dès maintenant à ce qui se passera dans un mois ou six semaines.
Vous avez bien raison de procéder avec méthode et de refuser de mélanger les réflexions qui concernent la reprise de la vie en commun, en septembre prochain, avec celles que vous suggèrent la vue des valises ouvertes et les monceaux de vêtements qu'il faut trier, vérifier, remettre en état.
Je n'ai nullement l'intention de vous troubler an milieu de vos préparatifs, et je ne tiens pas à encombrer inutilement votre tête déjà surmenée. Mais je voudrais vous inviter à prendre un moment, au cours de l'été, pour envisager le retour de vos enfants avec la même conscience que vous manifestez en songeant à tout ce qui est nécessaire actuellement.
Car la reprise de la « vie normale » n'est pas toujours aussi aisée qu'on l'imagine à distance. Lorsqu'on a été séparé les uns des autres, ne serait-ce que pour dix ou quinze jours, on ne se retrouve pas forcément identique à ce qu'on était avant de se quitter. Tout ce qu'il y a de vivant en chacun de nous évolue insensiblement. Les expériences faites, les contacts subis, suscitent en chaque être des modifications, imperceptibles pour les uns, spectaculaires pour les autres. Est-il facile de prévoir avec exactitude l'état de celui qui aura évolué loin de vous pendant quelques semaines ? Pouvez-vous définir à coup sûr quels seront son comportement, son humeur, ses paroles ? Etes-vous certains que, de son côté, il vous retrouvera exactement tels qu'il vous a laissés ?
Si je vous soumets ces quelques sujets de réflexion, c'est pour vous aider à comprendre pourquoi la « reprise » est quelquefois déroutante ou même décourageante. C'est pour que vous acceptiez le coeur plus léger les heures de flottement ou de déception à la rentrée. Car, dans beaucoup de cas, il faut plusieurs jours, si ce n'est plusieurs semaines, pour réapprendre à vivre dans la communauté familiale ; il faut souvent du temps pour parvenir à se réintégrer dans le clan habituel avec toutes les acquisitions et les découvertes faites dans un milieu différent.

Cécile était une enfant si exubérante avant les vacances ; depuis son retour, on ne peut lui arracher la moindre confidence ; que lui est-il arrivé ? Jean-Marc était propre et obéissant ; mais depuis qu'il a passé le mois d'août chez sa grand'mêre, il s'est remis à mouiller sa culotte et il se montre terriblement opposé à tout ce qu'on lui propose. C'était bien la peine de l'envoyer « se faire du bien » à la campagne ! Pascal s'est toujours montré satisfait de notre style de vie et de notre régime alimentaire ; maintenant qu'il a eu la chance de participer à un camp « vachement terrible », il ne manque aucune occasion de parler avec une nostalgie qui nous agace de tout ce qu'il a découvert : « là-bas» on buvait du cacao tous les matins… « là-bas » on pouvait au moins rire… « là-bas » la corvée de vaisselle ou de légumes, c'était une partie de plaisir…
Ne vous inquiétez pas et ne vous pressez pas de vous écrier : « On nous a changé notre enfant ! »
Tous les enfants n'expriment pas leurs émotions profondes de la même manière : les uns éprouvent le besoin de se décharger au fur et à mesure et tiennent à nous informer de tout ce qu'ils ressentent ; les autres ont besoin d'un certain délai pour assimiler ce qui les touche le plus et ils se sentent absolument incapables d'en parler avant d'avoir classé, digéré, assimilé leurs impressions. Il suffit de respecter ce délai et de savoir attendre le bon moment pour retrouver le contact qui n'était perdu qu'en apparence.
Les jeunes enfants (jusqu'à 5 ans, et même au-delà) ne « profitent » pas toujours comme nous l'imaginons des séjours loin de leurs parents. Chez la meilleure des grand'mères, il y a toujours une transplantation qui exige des efforts d'adaptation beaucoup plus sérieux que ce que croient généralement les adultes. Il ne faut pas s'étonner ; il faut plutôt considérer comme tout à fait naturelles les réactions du petit Jean-Marc. Qu'elles se produisent pendant la séparation ou après le retour à la maison, la signification en est la même. Cela veut dire : A mon âge, c'est toujours une épreuve de changer de milieu ; je me console (ou je me venge) comme je peux.
Faut-il déplorer le fait que les enfants devenus grands soient capables de s'enthousiasmer sans réserve pour des formes de vies différentes de celles qu'ils ont à la maison ? Est-ce de l'ingratitude, le reniement de ce qui a été vécu jusque là, un reproche camouflé à l'égard des parents qui ne donnent plus entièrement satisfaction ? Non, bien sûr ! Un tel enthousiasme est la preuve que votre enfant évolue magnifiquement et qu'il se sent assez fort pour s'enrichir de ce qu'il peut trouver dans une communauté autre que la cellule familiale. Son emballement le rend peut-être passagèrement injuste, maladroit ou irritant. Mais si vous savez jouer le jeu sportivement et montrer un intérêt sincère pour ce qui l'a si fortement influencé, vous le verrez acquérir peu à peu une certaine notion de la relativité qu'il ne possédait pas encore.









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