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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
En dehors du grand intérêt pour vous de cette matière exceptionnelle, que vous soyez jeune parent, chercheur dans une université ou simplement intéressé par l'évolution des comportements humains, votre soutien par l'intermédiaire d'un abonnement nous est indispensable. Pour les pays lointains et si vous ne désirez pas profiter de la version papier, un abonnement sous forme de pdf est accessible au même prix annuel de CHF 30. Il vous donne un accès complet aux archives
RETOURDeux, plus une, plus deux! Ma famille se compose de cinq filles : deux paires de jumelles séparées par une fille unique, ce qui nous a valu quelques problèmes d'éducation dont je veux vous parler ici. Tout d'abord, à l'annonce d'une double naissance, ce fut une certaine angoisse à l'idée de la tâche matérielle ( il n'y avait pas encore de machines à laver !) et des difficultés financières. Mais par contre, la fierté légitime de toute mère à tenir son premier poupon dans ses bras s'est trouvée doublée, elle aussi ! A l'arrivée des numéros Quatre et Cinq, la première réaction de notre numéro Trois s'est exprimée ainsi : « Chic alors, maman gardera les vieilles robes des grandes jumelles pour les mettre aux petites jumelles et moi, j'aurai quelquefois une robe neuve ». Elle avait cinq ans. En effet, dans notre famille, c'est elle qui aurait pu nous donner des difficultés, par le fait qu'elle pouvait se sentir lésée de ne pas avoir une compagne de son âge. Voyant ses deux grandes soeurs partager leurs jeux, comme ses deux petites soeurs, elle a certainement eu un sentiment de légère frustration. Un jour, j'ai eu l'heureuse inspiration de lui déclarer que nous étions jumelles, elle et moi, (avec trente ans d'écart, ce qui n'avait aucune importance) et dès lors nous avons fait de temps en temps un extra ensemble, après-midi au cirque ou promenade au Salève. Quand elle a pu entrer dans la troupe d'éclaireuses dont ses aînées faisaient partie, tout alla mieux ; elles formaient un heureux trio, les jumelles ayant des caractères très différents, il n'y avait pas de raison qu'elles fassent un bloc contre la troisième. Pourtant un jour que nous avions la visite de deux jeunes dames jumelles, nous nous sommes amusés à faire des photos de toutes ces paires… et tout à coup nous avons trouvé notre numéro Trois pleurant toutes les larmes de ses yeux derrière un buisson ! Mais venons-en enfin à l'éducation de nos fausses jumelles. Comme le dit le Professeur Guyénot, il n'y a aucune raison pour qu'elles se ressemblent plus que deux soeurs d'âge différent, sauf celle qu'elles ont partagé les mêmes circonstances de vie. Ce que j'ai trouvé parfois difficile, c'est de ne pas éveiller un sentiment d'injustice entre elles. Je m'explique : les réactions des enfants n'étant pas les mêmes, mon attitude envers elles était quelquefois différente et la même sottise n'amenait pas toujours la même punition ; une fillette plus sensible ne doit pas être grondée de la même voix que sa soeur plus forte ou plus indépendante. Cela existe aussi dans les familles sans jumeaux, mais l'âge n'étant pas le même, il est normal que les exigences des parents soient différentes et les enfants sont moins tentés de faire des comparaisons. A part ces petites difficultés, j'ai trouvé que ma tâche d'éducatrice était grandement facilitée par cette heureuse répartition : pas d'aînée, pas de cadette. C'était une joyeuse république où personne n'avait un droit de naissance à diriger toute la troupe, et où personne n'était le petit cadet que tout le monde commande ou admire. Je pense aussi que les faux jumeaux sont particulièrement heureux pendant la petite enfance, ayant un compagnon de jeux attitré et toujours disponible, et plus tard un confident, sans que celui-ci soit une réplique identique à eux-mêmes, comme c'est le cas pour les vrais jumeaux. Il doit y avoir là bien d'autres problèmes ! |
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