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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
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RETOURDe l'opportunité des colonies de vacances Les colonies de vacances sont-elles utiles et souhaitables pour tous les enfants ? Bien sûr que non. Le jour où tous les parents de Suisse romande auront des vacances assez longues, en même temps que leurs héritiers, le jour où tous les salariés et tous les travailleurs en général (je n'exclus pas les petits patrons) gagneront suffisamment pour louer un logement de vacances convenable, le jour enfin où toutes les familles de notre pays seront des foyers unis, ouverts aux problèmes que pose l'éducation de leurs enfants, ce jour-là, on pourra reléguer les colonies de vacances au rang des institutions périmées… Mais cet heureux jour n'est pas encore près de se lever, n'est-il pas vrai ? Il est clair que ces séjours à la mer ou à la montagne sont extrêmement toniques, surtout en période de croissance. Ce résultat est difficilement mesurable, car il se fait sentir à longue échéance, par une résistance accrue à la contagion, un renforcement du « tonus ». Je ne suis pas médecin et ne puis donner des preuves de ce que j'avance (sauf au sujet de mes propres enfants), mais je crois que sur ce point, il ne se trouvera personne pour me contredire. Un deuxième effet se répercute sur le plan de la formation personnelle. Pour les plus petits, le séjour dans une colonie développe indiscutablement cet esprit de débrouillardise si nécessaire dans la vie actuelle. Pour les plus grands, en plus de ce premier point, la participation à la vie d'une telle collectivité apporte une prise de responsabilité évidente. Pour cette raison, je trouve meilleur le système de la mixité de colonies groupant des enfants d'âges échelonnés sur quatre ans environ, et je n'approuve pas le système trop développé (en France en particulier) de ces rassemblements pléthoriques de pensionnaires du même âge et du même sexe, habillés d'uniformes voyants, et marchant au doigt et à la baguette sous la conduite de responsables qu'on serait tenté d'appeler des gardiens. Ces trois dernières années, je dirigeais à Sion-l'Océan une de nos colonies. Nous avions invité à une petite exposition de nos travaux manuels le corps enseignant de l'endroit et quelques voisins. L'instituteur du lieu, à mon invitation, me répondit qu'il n'appréciait guère les « bagnes d'enfants ». Je cite son expression ! Il vint néanmoins et fut obligé de reconnaître que son expression ne s'appliquait certes pas à notre colo. La découverte d'un milieu nouveau est également extrêmement utile au développement des enfants. Sur le plan géographique, tout d'abord.., montagne ou bord de la mer sont inconnus de nos colons. Sur le plan affectif également il est utile aux pré-adolescents de sortir de leur milieu familial, quel qu'il soit, et cette expérience peut les enrichir beaucoup dans le domaine intellectuel, voire même moral. Tout ce qui précède met en évidence l'énorme responsabilité de tous ceux qui acceptent de diriger une colonie, à quelque titre que ce soit. Les enfants qui nous sont confiés n'ont pas seulement besoin de nourriture saine et abondante, de repos et de loisirs intelligents, ils ont besoin d'exemples à imiter. Plus leur milieu affectif est déficient, plus ils cherchent à fixer d'une certaine façon leur admiration juvénile sur un modèle valable. Encore faut-il que nous soyons dignes de cette admiration. Dans ces conditions, je ne saurais jamais assez insister sur le rôle éducatif de l'attitude des dirigeants de colonies de vacances, à tous les instants. Ainsi, lors des colonies de ces trois dernières années, j'ai observé trois stades dans l'esprit des enfants. Au début… méfiance à l'égard des cadres, bientôt remplacée par une grande confiance, malgré les difficultés de toute vie communautaire, pour en finir par une grande tristesse à l'idée de se séparer d'eux. Il n'en reste pas moins qu'il est très difficile de mesurer les bienfaits d'un séjour en colonie. Je voudrais en conclusion citer une petite anecdote rigoureusement authentique. Il y a trois ans, lors de mon dernier cours de répétition en élite, je me trouvais devoir effectuer en camion un assez long trajet à côté d'un chauffeur qui m'était totalement inconnu. La conversation s'engage. « Et toi, au civil, qu'est-ce que tu fais ? - Instituteur. - Veinard, toi au moins, tu peux te taper des vacances ! - Hm ! (Air connu, qui n'attire guère mes réponses !) Long silence… En tout cas, moi, les plus belles vacances de ma vie, je les ai passées dans le Pas-de-Calais, avec une colo du Mouvement de la Jeunesse Suisse Romande. C'était formidable, je m'en souviendrai toujours. » Je laisse tous les esprits chagrins qui douteraient de la valeur des efforts accomplis par le Mouvement méditer cette réponse inattendue. |
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