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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
En dehors du grand intérêt pour vous de cette matière exceptionnelle, que vous soyez jeune parent, chercheur dans une université ou simplement intéressé par l'évolution des comportements humains, votre soutien par l'intermédiaire d'un abonnement nous est indispensable.
Pour les pays lointains et si vous ne désirez pas profiter de la version papier, un abonnement sous forme de pdf est accessible au même prix annuel de CHF 30. Il vous donne un accès complet aux archives
1896 - 1966
Les « Entretiens sur l'éducation » ont septante ans.
Cet anniversaire important devait être souligné et dûment célébré. C'est pourquoi notre numéro d'été, consacré à une rétrospective, s'annonce plus copieux qu'à l'ordinaire.
Savez-vous qu'il n'existe pas dans la presse féminine une autre publication régulière ayant subsisté aussi longtemps, après avoir traversé deux guerres, connu des comités de rédaction divers et affronté des problèmes très variés, souvent encore actuels ?
Notre équipe s'est plongée avec joie et émotion dans les anciens numéros de notre petit journal. Nous avons découvert en effet combien et comment les sujets éducatifs évoluaient, tout en conservant une large part d'actualité. Nous aimerions vous faire partager l'intérêt que nous avons trouvé à feuilleter ces « Entretiens » d'autrefois, et vous faire part des réflexions qu'ils nous ont inspirées.
Voici tout d'abord comment le numéro 1 de notre journal a été présenté aux lectrices:
Janvier 1896
A nos lectrices
«Chères amies,
Il y a quatre ans, quelques mères chrétiennes de Genève, commencèrent à se réunir deux fois par mois pour demander à Dieu force et sagesse pour leur tâche, ainsi que sa bénédiction sur leurs familles, particulièrement l'action de son Esprit dans le coeur de leurs enfants.
Elles ouvraient généralement leur réunion par la lecture de la Bible et d'un article concernant la famille et l'éducation. Cet article était presque toujours un extrait ou une traduction d'un journal ou d'un livre; il était choisi et transcrit par une des mères et servait de base à un entretien sur le sujet et aux prières personnelles.
Cette réunion de mères occasionna la fondation de groupes analogues dans d'autres quartiers de la ville et au dehors. Les lectures furent appréciées par les nouveaux groupes et par des mères isolées, trop occupées pour suivre les réunions.
C'est de ce fait que nous est venue la pensée de publier, sous la forme d'une Feuille mensuelle, les meilleurs de ces articles afin qu'un beaucoup plus grand nombre de mères reçoivent de Dieu par ce moyen, les bénédictions que nous avons nous-mêmes reçues. En outre, comme nous sommes persuadées, qu'une bénédiction plus grande, repose sur l'intercession en commun faite dans un même esprit et dans un même but, nous engageons vivement nos soeurs, mères de famille, à se grouper régulièrement pour ta prière, la méditation de la Bible et la communication de leurs idées et de leurs expériences, afin d'accomplir avec plus de fidélité et de succès le «ministère» que Dieu leur a confié.
La feuille, dont nous publions aujourd'hui le premier numéro, est donc spécialement destinée aux mères; mais est-il besoin de dire que les pères, les instituteurs, les institutrices, et les bonnes, en un mot tous ceux qui s'occupent des enfants, pourront en tirer profit ?
Elle sera de huit pages et contiendra généralement deux ou trois articles principaux : courtes études bibliques, expériences, conseils pratiques d'éducation, scènes de la vie de famille, etc. Chaque numéro fournira matière à deux réunions et indiquera un fragment de lecture biblique pour chacune d'elles. Nous réserverons une place pour des questions et réponses, ainsi que pour les demandes de prières.
Nous serions heureuses, chères amies, si vous preniez à coeur de faire connaître autour de vous cette modeste publication, qui contribuera pour sa part, nous l'espérons, à créer en maint endroit des réunions régulières de mères de famille.»
La lecture de cette entrée en matière nous indique d'emblée dans quel esprit les premiers « Entretiens » ont été lancés.
A une époque où les groupes réunissant des femmes étaient très rares, il s'agissait de susciter ces réunions et d'en alimenter les discussions. Nous sommes fières de penser que les « Entretiens » sont à l'origine des nombreux groupes de mères qui se réunissent aujourd'hui régulièrement.
Il n'était pas question autrefois pour une femme d'une certaine classe sociale de parler en public ou même d'écrire un article, à moins de s'appeler Mme Necker-de-Saussure, princesse Ouroussow, comtesse de Bassanville ou encore Mrs Beecher-Stowe, signatures relevées au sommaire des premiers numéros.
La fille - aujourd'hui grand-mère !- d'une des fondatrices nous signalait que c'était son père qui écrivait les articles, sa mère estimant que l'activité journalistique devait être réservée aux hommes
Nous aurions aimé vous présenter l'équipe de 1896. Mais aucun document ne nous a révélé les noms de ces « pionnières » et par crainte d'une omission nous préférons exprimer en bloc notre reconnaissance à ce groupe d'amies qui auraient certainement refusé l'appellation de « comité ». Leurs réunions avaient lieu autour d'une tasse de thé ; tricotage en mains, elles mêlaient l'utile à l'agréable en préparant leur envoi mensuel.
Aujourd'hui, si l'esprit amical subsiste toujours, l'équipe est devenue un vrai comité avec présidente, secrétaire administrative et responsable de la rédaction. Nous travaillons montre en main ; que voulez-vous, n'y sommes-nous pas contraintes à l'époque des fusées et des ordinateurs ? Et la tasse de thé n'apparaît qu'exceptionnellement pour fêter l'une d'entre nous ou pour le septantième anniversaire de notre journal.
L'inspiration du début était religieuse. Chaque conseil s'appuyait sur un texte biblique, un enseignement théologique. Une piété souvent peu nuancée commandait la distinction entre le bien et le mal ; les notions éducatives découlant de ces principes étaient fort conventionnelles. Le monde où vivaient ces mères était beaucoup plus cloisonné que le nôtre et le ton général du journal s'en ressentait. Le comportement des enfants devait s'insérer dans un cadre préfabriqué et répondre à des principes immuables admis sans discussion.
La psychologie moderne nous a appris à tenir compte de l'épanouissement de chaque être, et tous les cadres traditionnels ont éclaté.
En 1896, les problèmes trop pratiques, trop réalistes surtout, étaient systématiquement écartés. Certains mots trop précis ne pouvaient être prononcés. Et pourtant, il est remarquable que, très tôt, des articles osent traiter, à mots couverts bien sûr, mais osent traiter tout de même, des questions d'ordre sexuel par exemple.
Peu à peu, le ton a changé, la forme s'est modernisée.
« Aux Mères »: telle fut la première appellation, imprimée en belles lettres gothiques, de notre publication, avec en sous-titre : « Entretiens sur l'éducation ». Vous aurez remarqué que si le journal était d'abord destiné aux mères, la lecture en était recommandée à tous ceux qui s'occupaient d'enfants : « pères, instituteurs, institutrices, et les bonnes
» dit le texte. C'est pour cela certainement qu'en 1925, le sous-titre a pris la première place et que le journal est devenu :« Entretiens sur l'éducation », précédemment « Aux Mères ». En 1929, le « précédemment » est tombé, et c'est en 1963 que la présentation plus moderne actuelle a été choisie après divers projets.
Présentation moderne, mais bien modeste encore. En effet, nous avons voulu rester fidèles au principe de simplicité établi par les fondatrices. Journal d'un prix modique et vite lu (ni en 1896 malgré domestiques, bonnes et chauffeurs, ni en 1966, les mères de famille n'ont eu beaucoup de loisirs). L'abonnement du début coûtait par année 1 F pour la Suisse, et 1,60 F pour l'étranger. Mais au prix du papier et des heures d'imprimeur les 4,50 F d'aujourd'hui sont encore très raisonnables, surtout si l'on tient compte que nous n'avons jamais eu recours à la publicité ni demandé une subvention à quiconque !
Esprit de fidélité, disions-nous plus haut. C'est vrai à plus d'un titre. Notons par exemple que depuis 1912 c'est toujours la même imprimerie qui s'occupe du tirage des « Entretiens ». Fidélité dans les petites choses, mais aussi dans l'esprit. Esprit d'équipe et de service, vivant déjà en 1896, à une époque où le travail en équipe n'avait pas encore été prôné par les pédagogues ; vivant en 1966, où les responsables actuelles collaborent toujours avec ce même idéal, cette même franchise, cette tolérance entre des tempéraments divers. N'est-ce pas pour ces raisons que notre petite feuille « tient » et rend encore service ?
Nos 1847 abonnés habitent pour la plupart en Suisse romande et alémanique, en France et en Belgique
Mais nous nous sentons très fières à l'idée que les « Entretiens » s'envolent aux quatre coins du monde : Espagne, Portugal, Italie, Hollande, Allemagne, Norvège, Angleterre, URSS, Tunisie, Rhodésie, Zambie, Egypte, Ethiopie, Liban, Etats-Unis, Canada, Haïti, Tahiti, Venezuela, Brésil, Australie, Malaisie.
Ces lectrices lointaines donnent de leurs nouvelles et nous apprécions vivement toute la correspondance que nous recevons. Nos remerciements chaleureux vont à ceux et celles qui témoignent ainsi de leur intérêt pour les « Entretiens ».
Nous ne pouvons résister au plaisir de vous communiquer quelques lignes d'un message reçu tout récemment de Californie :
« Madame, j'ai bien reçu votre lettre du 8 mars écoulé et, ces tout derniers jours, les anciens numéros des « Entretiens » que je vous avais demandés, et vous remercie beaucoup de m'en avoir fait cadeau ; ils sont très appréciés
» C'est pour moi un réel plaisir que de redécouvrir les « Entretiens » après tant d'années et de constater qu'ils sont toujours aussi bien faits et remplis de conseils utiles sous une forme concise (ici les magazines sur l'éducation sont de véritables volumes que l'on n'a jamais le temps de lire !).
» En effet, pendant la guerre, ma mère fut administratrice des « Entretiens » et nous, les enfants, l'aidions régulièrement à faire les adresses et à plier et mettre les journaux sous enveloppes pendant la pièce du mardi ou le feuilleton du jeudi de Radio-Sottens. C'est vous dire que les « Entretiens » et moi, nous sommes de vieilles connaissances, même si je les avais perdus de vue ces dernières années.
» Aussi je désire offrir un abonnement d'une année à une amie française de San Matteo. Je pense que vous pourrez facilement lui envoyer les premiers numéros de 1966 ; il s'agit de
»
Merci, chère amie-abonnée. Votre lettre nous a causé une vraie joie et permettez-nous de vous donner en exemple pour votre fidélité aux « Entretiens » et pour le souci que vous manifestez de les faire connaître.
Nous aimerions tant que tous nos lecteurs vous imitent et que cette année du Septantième marque ainsi un nouveau pas en avant et nous permette de dépasser les 2.000 abonnés ! Très volontiers nous enverrons à qui en fera la demande quelques exemplaires de ce numéro d'été qui, mieux que d'autres peut-être, permettra de présenter nos « Entretiens ».
Et maintenant, relisez avec nous quelques extraits d'articles au charme désuet ou, au contraire, aux résonances étonnamment modernes, glanés dans nos archives. Nous souhaitons que vous y preniez plaisir et que cette rétrospective vous encourage à rester ouvertes à tous les problèmes éducatifs, pour le bien de tous les enfants qui ne demandent qu'à être aimés, compris, formés pour devenir de vrais adultes responsables.
A. J.
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