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La télévision : un mal ou un enrichissement?

Une chose en tout cas est certaine : l'entrée de la TV au foyer va amplifier, souvent de façon considérable, les problèmes posés aux parents. On peut observer deux types de réactions classiques, avec - entre elles - nombre de cas intermédiaires. Il y a dans l'ensemble, des parents qui ont décidé de laisser la famille s'adapter à la TV, et ceux qui ont choisi d'adapter la TV au foyer.
Dans le premier cas, on verra souvent l'enfant se lever le matin l'oeil encore brouillé de sommeil. Ses notes scolaires, bien entendu, en subiront les conséquences, non seulement parce qu'il sera fatigué, mais parce qu'il n'aura pas disposé du temps nécessaire à la préparation des leçons ou des examens. S'il reste le jeudi et le dimanche devant le récepteur, dans une atmosphère de claustration, d'immobilité physique, sa santé n'en sera pas meilleure ni sa vie améliorée.
Plus encore, si les émissions auxquelles il aura assisté étaient violentes, impressionnantes, pénibles, ses heures de sommeil seront profondément perturbées. Un homme aussi qualifié que M. Owen Reed, directeur des émissions pour enfants de la BBC Télévision, a pu écrire : « J'ai une grande fille qui a été bouleversée, et pour la vie peut-être, par les nains, à la suite d'une émission télévisée d'épouvante qu'elle a vue à douze ans et dans laquelle l'assassin était un nain habillé en petit garçon. Le gros plan prolongé qui révélait finalement que le petit garçon innocent qui jouait avec son train électrique avait le regard drogué d'un paranoïaque homicide a laissé à cette jeune spectatrice une phobie dont elle ne peut se débarrasser.
« Il est difficile de situer avec précision le mal causé par de telles terreurs irrationnelles ; le fait qu'elles existent suggère, je pense, que les impressions liées à l'image sont plus profondes que celles qui sont filtrées par le langage. »
Bien entendu, l'enfant laissé à lui-même, jouant à colin-maillard avec les programmes, aura également l'occasion d'assister à des émissions intéressantes, à des informations dignes d'intérêt, à des reportages, des enquêtes, des sujets intelligemment traités. Si ces émissions ne font l'objet d'aucune discussion, d'aucun commentaire avec son entourage, il risque de ne pas en retirer un grand enrichissement intellectuel. Il croira souvent, en effet, avoir compris ce qu'il n'aura fait qu'approcher. Une culture acquise simplement par l'image risque de faire perdre à l'enfant ses capacités d'abstraction et d'effort. Ce sera une culture de « digest ». L'enfant aura beaucoup vu, mais il sera incapable souvent de recréer, d'expliquer le peu qu'il aura retenu, car on aura laissé s'émousser en lui ses facultés de discussion, d'analyse. Ses muscles mentaux se seront atrophiés. Et c'est là un des problèmes clef de la télévision à propos de l'enfant. Elle suscite en lui la curiosité mais, s'il est abandonné à lui-même, elle le fait renoncer à l'effort.
Si, à l'opposé, les parents ont choisi d'adapter la télévision à leurs enfants, l'utilisation intelligente du récepteur ne sera pas sans entraîner quelques difficultés.
L'achat d'un poste récepteur crée en effet toujours de nouveaux problèmes de discipline familiale, inconnus précédemment.
Ces parents-là estimeront d'abord, selon la formule d'Etienne Lalon, qu'il est aussi absurde d'interdire aux enfants de regarder la télévision que de les autoriser à tout voir. Mais cette obligatoire discipline n'ira pas toujours sans pleurs ni récriminations. Une lectrice de magazine spécialisé dans la présentation des émissions de TV a pu écrire : « J'ai vu, chez des amis, des enfants se rouler par terre de colère parce que leurs parents jugeaient que c'était l'heure d'arrêter ; j'ai même vu un enfant de cinq ans, fort poli par ailleurs, gifler sa mère qui avait fermé le poste, comme il avait été convenu, après la diffusion des dessins animés. » Bref, la TV peut devenir pour les parents comme pour les enfants une remarquable école de caractère.
Ces parents, dès lors, choisiront les programmes en fonction de l'horaire et de leur contenu.
Ils le feront en tenant compte de l'âge, de la personnalité de l'enfant.
Une émission médicale - par exemple - peut être très précieuse pour certains et bouleverser au contraire d'autres plus âgés mais plus impressionnables.
Pour éviter les risques d'engourdissement intellectuel, de conditionnement, toutes les occasions seront saisies pour discuter des émissions.
C'est pourquoi bien des familles hésitent à faire fonctionner le récepteur pendant les repas. C'est en effet souvent pendant le dîner que parents et enfants ont le temps et l'occasion de discuter de l'émission de la veille, et la TV, dans ces conditions, peut devenir un sujet d'enrichissement pour la cellule familiale tout entière.
Très souvent dans les conditons de vie particulière à notre époque, parents et enfants se sentent étrangers surtout quand l'enfant atteint l'âge de l'adolescence. La télévision apporte alors aux différentes générations ce qui leur manque le plus: un sujet de conversation, un centre d'intérêt collectif, un langage, des découvertes communes. Le père cessera de s'écouter parler, les enfants de s'isoler, le contact intellectuel sera rétabli, par des discussions positives, une réaction active, et non plus une acceptation sans défense.
Alors que la TV n'aura pas été le moyen le plus sûr de retenir le jeune à la maison, elle n'aura pas été pour lui le jouet suprême, mais elle sera devenue un instrument d'enrichissement culturel, littéraire, artistique, unique, une ouverture permanente sur le monde, un élargissement de ses connaissances scolaires et peut-être également le moyen de préciser ses ambitions, sa vocation, dans un monde trop clos.

Le texte ci-dessus est un extrait d'une publication intitulée « La Télévision progrès ou décadence » d'André Diligent que nous vous présenterons d'une façon plus détaillée dans un prochain numéro.









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