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Une force : la concentration

La concentration, voilà tout le secret de la supériorité intellectuelle.
Henri Bergson (1902)


Il y a 140 ans, le philosophe Schopenhauer déplorait qu'il devienne difficile, dans le bruit du 19e siècle, d'avoir une pensée raisonnable, distrait que l'on était constamment par la corne, le roulement ou les coups de fouet des diligences postales, par les scies et les marteaux des ouvriers et, surtout, par les caquetages et les criailleries des femmes autour de la fontaine. Voilà qui est encourageant pour les éducateurs qui pensent trop facilement que le manque de concentration est un défaut du 20e siècle. Il est entendu que l'on peut accuser le bruit, la dispersion et les sollicitations toujours plus nombreuses de la vie moderne. Il est vrai que l'effort de volonté nécessaire à la concentration doit être toujours plus grand. Mais, même dans le contexte de la civilisation actuelle, il est possible d'augmenter son acuité d'attention.
Comment pouvons-nous sur ce point précis aider nos enfants une fois que nous avons admis que la concentration est une composante fondamentale de l'intelligence ?
L'enfant à qui la bonne fée a fait don pour cadeau de baptême d'une force de concentration innée est un privilégié, mais s'il entre dans cette qualité une part de don, il y a aussi une grande part d'entraînement.
Deux buts principaux doivent être atteints :
1. Apprendre à fixer son attention sur un point et sur un point à la fois.
2. Savoir éliminer tout ce qui encombre l'esprit et qui ne fait pas partie de l'objet sur lequel nous portons notre pensée à un moment précis.
Les parents peuvent aider déjà un très jeune enfant à atteindre ces buts. Dès sa naissance ils lui donneront des habitudes régulières puis exigeront, au fur et à mesure qu'il grandira, des efforts qui solliciteront son attention. Par exemple, l'habitude de l'ordre est une base efficace donnée à l'habitude de la concentration. On ne doit pas accepter qu'un enfant s'installe devant une table surchargée. Cet encombrement matériel favorise l'encombrement intellectuel, par contre l'ordre extérieur favorise l'ordre dans les idées. Les parents s'efforceront aussi d'exercer le sens de l'observation chez leur enfant, attirant son attention sur des détails caractéristiques ou au contraire sur une vue d'ensemble. Tous les exercices d'éducation sensorielle qui développent l'attention auditive, visuelle, tactile, l'obligent à être attentif : palper, classer, trier, observer des objets selon des catégories précises, écouter, imiter, classer des sons, dessiner après avoir observé.
D'autre part, ils prendront garde de respecter ses activités. Si l'on interrompt continuellement un enfant qui joue ou qui travaille, il perd le fil de ses idées et se disperse. Au contraire, si on l'encourage en respectant sa tâche et en insistant sur la persévérance qu'il doit apporter à tout ce qu'il entreprend, il fixera tout naturellement son attention. Si l'enfant manifeste un intérêt précis, un penchant particulier, il sera bon de l'encourager. Instinctivement, il sera attentif à ce qu'il aime faire et la concentration viendra sans effort, elle sera en effet favorisée si elle est en accord avec ses tendances profondes.
«Ne tolère ni de demi-travail, ni de demi-repos. Donne-toi tout entier ou détends-toi absolument. Qu'il n'y ait jamais en toi de mélange des genres ! » Voici la règle d'or du travail intellectuel selon Jean Guitton.
Ne serait-ce pas utile que très tôt nous appliquions cette règle à nos enfants et à nous-mêmes ? Faire une chose à la fois et de tout son coeur. Ne pas apprendre ses leçons et écouter la radio, ne pas prendre son repas et lire un traité philosophique, ne pas rêver et travailler tout à la fois.
Sachons organiser et distinguer nos travaux et nos loisirs. Efforçons-nous de trouver les heures les plus favorables aux uns comme aux autres. Selon les tempéraments les horaires varieront. Dans une même famille les uns travaillent mieux le matin, d'autres le soir. Ce qui importe, c'est de bien connaître les possibilités de chacun, de repérer les moments de la journée où l'attention sera la plus aiguisée et d'en profiter.
Il s'agira aussi d'apprendre à consentir des sacrifices. Il est impossible de tout entreprendre, de tout faire, de tout mener de front, à moins de s'appeler Albert Schweizer ou Churchill. Il sera indispensable, au commun des mortels, d'apprendre à choisir, à sélectionner, à sacrifier. La vie monacale donne ici l'exemple extrême. Pour être tout entier consacré à Dieu, il faut renoncer totalement à toute autre chose.
Une fois encore, cet effort-là n'est demandé qu'à des êtres d'exception, mais chacun peut apprendre à développer son attention, point de départ de la concentration. Un bon exercice d'entraînement sera, par exemple, d'essayer de prendre conscience en premier lieu de tous les gestes automatiques que l'on exécute en une journée, puis de passer des mouvements à la pensée pour peu à peu arriver à la maîtriser.
N'oublions pas non plus que l'effort d'attention est fatigant, et que les exercices de concentration ne doivent pas conduire au surmenage.
Ils doivent être courts et interrompus par des moments de vrai repos, des distractions qui font appel à d'autres centres nerveux que l'étude.
En résumé, exigeons de nos enfants un travail qui ne soit pas un demi-travail, créons autour d'eux un climat paisible qui leur permette de s'isoler des sollicitations extérieures (bruits, radio, télévision, pleurs du petit frère, etc.) et de se donner tout entiers à ce qu'ils font, puis en second lieu offrons-leur de vraies vacances sans préoccupations scolaires, sans exigences d'horaire, avec des loisirs sans tension, des vacances selon leur coeur.
C'est encore Jean Guitton qui écrivait :« Il y en a qui se cachent derrière un paravent de surmenage pour éviter l'application qui leur est odieuse ou le repos qui les mettrait en face d'eux-mêmes. Je ne sais plus où donner de la tête… Je ne dors que six heures… Comme il serait plus beau d'entendre : « Je prends ma joie dans l'oeuvre de mes mains… J'ai du loisir. »
Un dernier conseil : avant d'entreprendre un quelconque entraînement de la concentration chez nos enfants, assurons-nous de leur bonne santé physique et psychique. Les éducateurs savent bien que l'inattention s'installe le plus souvent chez l'élève anémique, inquiet, ayant des soucis ou des problèmes intimes. Tous les essais pour obtenir de l'attention seront inutiles dans ces cas-là. Il faut avant tout entreprendre un éclaircissement de la situation générale, éventuellement du climat familial avant de vouloir améliorer la faculté de concentration.
Avez-vous pris garde à la pensée de Bergson prise pour épigraphe de cet article ? Relisons-la encore une fois, avec toute notre force de concentration, essayons de la garder en mémoire tout au long de l'année qui commence et méditons sur ce que le grand philosophe ajoutait : « La concentration, voilà tout le secret de la supériorité intellectuelle. Elle est ce qui distingue l'homme de l'animal, l'animal étant le grand distrait de la nature, toujours à la merci des impressions venues du dehors, toujours extérieur à lui-même, tandis que l'homme se recueille et se concentre. Elle est ce qui distingue l'homme éveillé et sensé de l'homme qui divague et de l'homme qui rêve, ceux-ci abandonnant leur esprit à toutes les idées qui les traversent, celui-là se ressaisissant constamment lui-même, ramenant sans cesse son attention sur les réalités de la vie. Elle est ce qui distingue l'homme supérieur de l'homme ordinaire, celui-ci satisfait d'une habileté moyenne où il se repose et se détend, l'autre tendu par une aspiration à se dépasser lui-même. Elle est peut-être l'essence même du génie, s'il est vrai que le génie soit une vision d'un instant, méritée par des années de labeur, de recueillement et d'attente. »









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