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Envie et jalousie
Un des pires sentiments de l'âme humaine est l'envie. L'envie et la jalousie peuvent empoisonner la vie entière d'un individu et de son entourage. On peut même dire que l'envie ronge des classes entières de la société. Si le socialisme qui répond à l'instinct de conservation dégénère si souvent et mène à tant d'excès regrettables, c'est que l'envie est un des ressorts qu'il met en jeu; l'envie de ceux qui n'ont rien à l'égard de ceux qui possèdent. Tous ceux qui se sont rendus compte que la jalousie et l'envie sont à la base de presque tous les maux s'efforceront d'en détruire le germe chez l'enfant.
La jalousie, s'éveille, déjà chez les tout petits. Qui n'a déjà vu des bébés pousser des cris de fureur lorsqu'on donne à un autre enfant quelque chose de bon, ne fût-ce qu'une caresse?...
Que de fois une parole imprudente des parents n'éveille-t-elle pas la jalousie de l'enfant! Mes bambins sortent de l'école; ceux de cinq ans ont un petit travail qu'il ont confectionné eux-même à l'aiguille, les plus petits n'ont rien parce qu'ils ne savent pas encore coudre, et rien ne leur paraît plus naturel. Arrive une maman qui vient chercher sa petite fille. Elle interroge d'abord l'enfant, puis se tourne vers moi, et d'un ton quelque peu irrité :
« Mais pourquoi n'a-t-elle rien, elle ?»
Mon explication n'est sans doute pas suffisante, car le jour suivant, la petite, si timide à l'ordinaire, s'approche de moi et déclare:
« Mademoiselle, moi aussi je veux une petite feuille comme ça ». Et voilà une enfant jalouse...
Dans le cercle de famille même il y a des différences d'âge, d'aptitudes et de capacités, qui montrent à l'enfant que l'égalité complète n'existe pas. Que l'affection soit égale entre tous, et la diversité des dons apparaîtra bientôt comme une nécessité. Dans une atmosphère d'amour il n'est pas de place pour la jalousie...
Je voudrais indiquer une bonne occasion de remédier à la jalousie par l'amour. Il s'agit de la fête des enfants:
Catherine, cinq ans, vient me dire: «Mademoiselle, c'est la fête de notre Jeannot, aujourd'hui; alors on lui a donné un seau rouge, et à moi, un seau vert.
- Tiens c'est donc ta fête aussi ?
- Non. »
Pourquoi la maman a-t-elle fait un cadeau à ses deux enfants ? Tout simplement pour éviter une scène de jalousie. Mais a-t-elle aidé ainsi l'enfant à se corriger? Bien au contraire, elle l'a confirmé dans l'idée qu'il doit toujours avoir la même chose que l'autre. Il y aurait eu bien mieux à faire. La maman aurait pu dire à la petite Catherine qui est très raisonnable:
«Ecoute: c'est demain la fête, de Jeannot; je voudrais lui faire bien plaisir. Aide-moi à trouver une idée.»
On se décide alors à faire l'emplette d'un petit seau. «Ca coûte bien dix centimes, mais je les donne volontiers pour notre cher petit Jean.»
Catherine ne s'avisera-t-elle pas qu'elle a aussi dix centimes dans sa tire-lire ? La maman lui donnera l'idée d'acheter une pelle, pour que Catherine aussi fasse plaisir au petit frère. Je crois qu'après cela Catherine ne trouvera plus du tout naturel qu'on lui donne un seau parce que Jean en a un.
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