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Mères seules à la tâche.
Les pasteurs, les éducateurs, les psychologues, les médecins sont unanimes (une fois n'est pas coutume !) : le rôle du père est primordial dans la vie de famille et pour l'avenir des enfants. Nous en sommes trop persuadés nous-mêmes pour ne pas y souscrire entièrement.
Il n'est pas question ici de rechercher comment le père doit jouer son rôle de chef, d'examiner les raisons qui l'en empêchent, ou de donner des explications pour tous les cas, encore moins de trouver des excuses à toutes les situations.
Ceci étant bien établi, nous nous sentons à l'aise pour dire combien nous apparaissent souvent scandaleux nos jugements un peu simplistes, notre attitude de « bien pensants », ainsi que nos déclarations : il n'y aurait qu'à
Avons-nous songé que, s'il est des situations où le père démissionne, il est des cas - et ils sont nombreux - où le père est absent, décédé, en voyage pour un temps assez long, parti pour toujours, inconnu, malade, en prison ? C'est plus qu'une démission, c'est souvent un abandon.
Si nous essayions de connaître les circonstances et la vie d'une mère se trouvant seule pour élever ses enfants, nous verrions d'abord une détresse, un chagrin profond, un sentiment de honte peut-être, de culpabilité certainement.
Avez-vous remarqué, lors des causeries éducatives, que les orateurs (pasteurs, médecins, psychologues et autres) s'adressent dans la majorité des cas à des auditoires essentiellement féminins ? C'est à ces femmes, qui se débattent souvent dans des difficultés sans nom, qu'on vient répéter combien il est indispensable que le père de leurs enfants joue son rôle de père, les épaule et partage avec elle les soucis et les joies de l'éducation des enfants !
Combien en est-il de ces conférenciers qui ont pensé que leurs affirmations, leurs mises en garde si justes, et si nécessaires, pouvaient aussi pousser au désespoir certaines mères ? Elles sont de plus en plus nombreuses celles qui, en sus de leur peine personnelle, ont encore souvent à assumer la responsabilité de l'éducation de leur enfant, et à subir quelquefois la réprobation de leur famille, le jugement de la société et les cancans des voisins, sans parler des difficultés matérielles inévitables. « Alors, disent-elles, j'aurai beau me donner toute la peine possible, mon enfant ne recevra pas une éducation convenable, il lui manquera toujours
quelque chose et son avenir en sera compromis à jamais? »
Ce que l'on ne devrait pas oublier de leur dire, à ces femmes angoissées et
souvent désespérées, c'est tout d'abord notre sympathie, notre compréhension, notre amitié. Puis il faudrait les écouter, et ensuite les convaincre que la situation n'est pas complètement sans espoir.
Il peut se trouver dans leur entourage un homme digne de ce nom, leur frère, leur père, le parrain de leur enfant qui pourrait, sinon remplacer le père défaillant, du moins suppléer à son absence.
Que l'enfant élevé par une mère seule soit une fille ou un garçon, le rôle de ce père suppléant est très important. Il sera peut-être difficile à la mère de « partager » ses responsabilités. On la comprendrait si bien de s'enfermer avec son enfant dans une « coquille » d'amour réciproque et de douceur. L'affection totale du petit est, pour la maman, une compensation à son chagrin : elle se sentira d'autant plus réconfortée qu'elle aura le sentiment de se consacrer - et même de se sacrifier - totalement à son enfant. Si, de surcroît, elle arrive à se dominer suffisamment pour ne pas manifester son chagrin, et peut-être sa rancoeur à l'égard de celui qui l'a abandonnée, un sentiment de « bonne conscience » pourra la rassurer complètement.
Mais ces mères ne doivent pas oublier ce qu'une influence essentiellement féminine peut présenter comme dangers, dans la mesure où elle peut développer chez le petit garçon une tendance à l'effémination, avec tout ce que cela peut entraîner plus tard.
Les enfants, si bien soignés et aimés soient-ils dans leur famille, ont besoin de s'habituer dès l'âge le plus tendre à cette société dans laquelle ils seront appelés à vivre. Les mères ne doivent donc pas craindre de donner à leurs enfants l'occasion de contacts avec d'autres, ce qui sera aussi un affrontement, une source de bagarres peut-être, mais une expérience combien nécessaire. L'école, les mouvements scouts et cadets sont des occasions rêvées, et que l'on a sous la main ! Et ceci d'autant plus qu'ils mettent les enfants en contact avec des chefs, des maîtres, des éducateurs, incarnant à un certain point l'efficacité paternelle.
On dit que l'éducation d'un enfant est basée sur l'amour qu'on lui donne : ce n'est certes pas ce qui manquera le plus à un enfant élevé par sa mère ! A nous de penser que cette mère a aussi besoin d'amour, de compréhension et de sympathie pour avoir le courage d'aller au bout de sa tâche !
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