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La célibataire et l'amour.
Si vous désirez
mieux comprendre les femmes seules en général et les célibataires en particulier, ou si vous êtes vous-même une femme seule, vous lirez :
La célibataire et l'amour.
du Dr G. Richard (librairie Payot), prix : Fr. 2.50.
Nous vous en donnons ci-,dessous quatre extraits qui vous permettront d'apprécier la manière dont le regretté psychanaliste de Neuchâtel envisage quelques-uns des problèmes concernant les femmes seules.
Le choix d'une occupation.
La vie de la femme seule n'est pas facile ; trop souvent sa situation ne la satisfait pas complètement ; sa nature féminine n'y trouve pas son compte ; son coeur est loin d'être comblé ; son corps souffre d'une soif d'amour insatisfaite.
En principe, on peut dire que plus une occupation donnera à la femme d'un côté l'occasion d'utiliser et de mettre en valeur ses qualités proprement féminines et de l'autre celle d'aimer, plus elle sera satisfaisante. Cela veut dire qu'en principe une femme qui s'occupe de couture ou d'articles féminins, ou encore qui peut déployer des qualités maternelles comme infirmière, est plus satisfaite qu'une jeune femme occupée à aligner des chiffres ou à taper des lettres à la machine. Ceci est une constatation qui va de soi. On peut même se demander si ce ne sont pas certains à-côtés affectifs et féminins qui font accepter parfois aux femmes un métier d'homme : la dactylo joue un rôle féminin parmi les hommes de son bureau ; la vendeuse, à son rayon de livres ou de confiserie, a l'occasion de se faire valoir comme femme, de recevoir certains hommages auxquels elle n'est pas insensible. Ces à-côtés suffisent-ils pour lui faire aimer son occupaiton ? Il vaudrait mieux, à notre avis, qu'elle choisisse un travail qui accapare tout son intérêt féminin et fasse davantage appel à ses tendances féminines ; quitte à ne pas se priver de ces à-côtés si naturels. Nous sommes convaincus que bien des malaises, des mécontentements et des déséquilibres seraient épargnés à la femme solitaire, s'il lui était donné d'avoir une profession qui corresponde réellement à ses goûts et à ses possibilités, un travail qu'elle puisse aimer.
Donner et recevoir.
Nous avons vu que nous devions exiger pour la femme une profession qu'elle aime, une occupation à laquelle elle puisse donner le plus possible de son coeur. C'est ce qu'on appelle sublimer l'amour : la femme dirige vers un but non amoureux les forces d'amour qui iraient naturellement vers l'homme. Il est évident que la déviation heureuse de ces forces vers un but non sexuel pourra se faire plus facilement dans une profession où la femme peut s'intéresser à des êtres humains, adultes ou enfants, qu'une garde-malade, une nurse, une institutrice, une infirmière sociale pourront témoigner plus directement leur affection sous forme d'intérêt tout le long de leurs journées de travail qu'une employée de bureau, ou une horlogère condamnée à accomplir toute la journée le même geste mécanique.
La femme seule qui, dans son travail, se donne à autrui a aussi besoin de recevoir. Et avant tout de l'affection. Celle dont le métier ne suscite et n'absorbe pas beaucoup d'amour en a encore beaucoup plus besoin. Pour ces femmes, les amitiés féminines sont de précieuses nécessités. A condition, bien entendu, qu'elles se pratiquent dans la liberté et le respect mutuel de la personnalité, qu'elles ne deviennent pas un esclavage, tout comme il est désirable dans un mariage que chacun des partenaires conserve sa personnalité et son autonomie. La qualité de ces amitiés dépendra de la façon dont chacune sait aimer ; elles ne seront pas nécessairement meilleures qu'un mariage, puisque dans l'un et dans l'autre cas nous apportons les possibilités d'aimer qui nous ont été données par notre hérédité et notre éducation ; le fait qu'elles ne souffriront pas des mille frottements quotidiens, comme c'est le cas chez les époux, ne les préserveront pas nécessairement des orages et des ruptures douloureuses. Il n'y a pas que les maris qui soient égoïstes.
Les couples et la femme seule.
Si nous passons maintenant à l'aide que le couple peut chercher à apporter à la femme seule, reconnaissons que, s'il veut l'aider véritablement, il s'agira beaucoup moins de vouloir la conseiller que de chercher à la comprendre aussi profondément que possible et à discuter avec elle des solutions qu'elle pourrait apporter à sa situation affective. Hors de la compréhension, nous ne pouvons rien faire. Comprendre c'est nous mettre à sa place. C'est aussi ne pas la juger.
La comprendre, c'est l'aimer : l'aimer nous-mêmes de la façon la plus désintéressée et la plus compréhensive de ses besoins ; mais aussi l'aider à cueillir le plus d'amour (dans le sens général du terme) qu'il est possible.
Quelques suggestions.
S'il est permis maintenant à l'auteur de ces lignes de faire quelques suggestions nées des difficultés que lui ont exposées des femmes seules, nous aimerions d'abord inciter la célibataire à ne pas se replier sur elle-même. Car ce repli l'isole un peu plus et la rend hostile à l'égard des autres, souvent amère ; il la rend désagréable aux autres, peu aimable (dans le sens premier) ; il lui enlève sa grâce et sa beauté.
Nous aimerions lui faire comprendre que ne pas demander de l'affection aux autres ne peut satisfaire que l'orgueil (de se passer des autres), que cet orgueil n'a jamais enrichi personne et que, s'il a certaine allure, il est source de pauvreté. Lui faire comprendre que ne rien recevoir (par orgueil ou par timidité ou par dépit) dessèche de plus en plus et ne fait qu'alourdir le poids de la vie. Lui faire comprendre qu'il faut savoir demander l'affection des autres, non seulement par la parole, mais par toute l'attitude extérieure et intérieure. Que seul le nourrisson est en droit d'être aimé sans rien manifester. Que c'est trop exiger d'autrui qu'il devine nos sentiments, nos besoins affectifs, sans que nous fassions aucun geste pour cela, qu'il n'est pas notre mère, ni nous son nouveau-né ! Lui faire comprendre enfin que donner de l'affection aux autres apporte aussi douceur et chaleur, que ceci n'est pas seulement un principe donné par les moralistes, mais une réalité psychologique et biologique. L'isolement n'est jamais vaincu que par l'amour, que cet amour vienne de l'extérieur à l'isolée ou qu'il parte de l'isolée pour aller vers les autres.
Il faut à tout prix sauver l'amour, non seulement celui que nous avons besoin de recevoir, mais celui que nous avons besoin de donner (l'amour pour les humains, l'amour pour les bêtes et les plantes, pour la nature, l'amour pour les choses, chez les croyants l'amour pour Dieu). Sauver l'amour est une attitude positive, qui porte en elle sa récompense ; c'est une attitude qui entretient la vie.
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