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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
En dehors du grand intérêt pour vous de cette matière exceptionnelle, que vous soyez jeune parent, chercheur dans une université ou simplement intéressé par l'évolution des comportements humains, votre soutien par l'intermédiaire d'un abonnement nous est indispensable. Pour les pays lointains et si vous ne désirez pas profiter de la version papier, un abonnement sous forme de pdf est accessible au même prix annuel de CHF 30. Il vous donne un accès complet aux archives
RETOURNos jeunes s'émancipent, où est notre devoir? - Ne comptez pas sur moi pour passer des vacances en famille cette année. J'ai des projets. J'aimerais aller camper avec des amis, faire un voyage à l'étranger, ou participer à un camp de travail. Coup au coeur pour les parents ! Vous aviez toujours pensé que ces choses-là arriveraient ailleurs, mais pas chez vous. Comment réagir ? Vous pouvez évidemment vous alarmer et vous inquiéter. Vous pouvez aussi vous indigner, et déclarer que vous interdisez tout projet de ce genre. Vous pouvez encore vous laisser anéantir par la nouveauté de la situation et démissionner sans chercher à comprendre ce qui arrive… Mais vous le sentez bien : aucune de ces attitudes n'est constructive. Elles risqueraient tout simplement de couper les ponts qui vous relient à votre adolescent. Si vous désirez garder le contact avec lui et lui rester d'une utilité quelconque en dépit de vos différences d'âge, de vues, de goût et d'aspiration, essayez de ne pas vous laisser bouleverser. Au lieu de condamner ou de démissionner, établissez un dialogue avec votre enfant : il vous en sera reconnaissant ; et vous, vous serez sans doute amené à voir les choses de manière plus objective. Vivre dans le présent Les adolescents de 1968 ne sont pas ceux que nous avons été. En vingt ans, le monde a évolué ; les conditions de vie ont grandement changé. Or, nos enfants vivent l'époque présente. Il s'agit d'accepter cette réalité, même si elle nous dérange. La nostalgie du passé ou les regrets stériles ne réussissent qu'à nous empêcher d'accepter le présent avec courage. Aujourd'hui, nos enfants connaissent mille facilités que nous avions à peine soupçonnées. Mais les privilèges ne sont dangereux que pour les inconscients, les passifs, les égocentriques. Les camps de jeunes, le camping en groupe et les voyages à l'étranger n'ont rien de redoutable en soi. C'est la manière avec laquelle ils sont envisagés qui peut faire courir de véritables risques. Dans quel but votre enfant désire-t-il prendre le large cet été ? Quelle préparation a-t-il reçue ? Dans quelles conditions pense-t-il pouvoir exécuter son projet ? C'est ce que vous allez essayer de déterminer en ayant une vraie conversation avec lui. Ne vous affolez pas: dialoguez! Le premier moment d'émotion passé, vous risquez d'avoir une surprise heureuse : en parlant posément avec votre grande fille, vous allez découvrir qu'elle ne recherche pas tellement l'aventure en elle-même, mais qu'elle est plutôt poussée par le désir de se mesurer avec la société, d'éprouver ses forces, d'essayer provisoirement un nouveau style de vie. Vous aviez peut-être sous-estimé votre fille ; vous la croyiez incapable de chercher à sortir volontairement de l'ambiance confortable de la famille pour affronter des risques que personne ne songe à lui imposer. Vous l'aviez jugée douillette? Elle ne craint pas de vivre sans matelas, sans eau chaude, sans certitude du lendemain. Vous la trouviez incroyablement égocentrique ? Elle parle de consacrer trois semaines de ses loisirs à un camp d'enfants paralysés. Elle ne se sert d'un balai chez vous qu'à titre tout à fait exceptionnel ? Elle ne craint pas de manier la pelle et le râteau sur un chantier de travail international… Ne lui dites pas : « Tout cela, tu peux le faire chez nous, sans aller si loin ! » Elle vous répondra que ce n'est pas du tout la même chose. Car elle est comme tous les adolescents : c'est ailleurs, dans un milieu inhabituel, qu'ils se révèleront sous leur meilleur jour. Partir. Faire de nouvelles expériences… Si votre enfant a bénéficié d'une éducation solide, vous pouvez considérer ce besoin d'évasion comme parfaitement positif. Réjouissez-vous d'avoir mis au monde un être qui ne songe pas à passer tous ses étés à ne rien faire, à se « faire du bien », à traîner, à se bronzer ou à « draguer ». Grâce à vos soins, il a une bonne santé, il dispose d'une somme d'énergie de plus en plus grande. Le moment est venu de sortir du cocon familial et de mettre ces forces au service de quelque chose ou de quelqu'un. Utiliser l'énergie des adolescents, c'est aller dans le sens de la vie. L'ignorer ou la laisser se répandre sans but, c'est courir de grands dangers. Pour prévenir les risques Sortir du giron familial, côtoyer des êtres qui ont reçu une éducation différente (ou pas d'éducation), rencontrer l'inattendu, subir des tentations : tout cela vous paraît plus dangereux que de rester bien douillettement dans le cercle habituel. En vous quittant, votre enfant va, bien sûr, courir quelques risques. Cependant, votre devoir ne consiste pas à les lui épargner à tout prix, mais à l'aider à les surmonter victorieusement. Toute l'éducation que vous lui avez prodiguée poursuivait finalement ce but : lui donner la possibilité de se conduire seul un jour. Il vous demande aujourd'hui de faire une première expérience. C'est un aboutissement normal. Pourquoi vous mettre, tout à coup à redouter le pire ? Lui avez-vous appris à discerner le bien du mal, la vérité du mensonge, le courage de la lâcheté ? L'avez-vous entraîné à se maîtriser dans les heures de panique ou de tentation ? Se montre-t-il généralement capable de résister aux influences ? A-t-il pris l'habitude de réfléchir avant d'agir, de peser objectivement le pour et le contre, de faire des choix intelligents ? Si vous vous êtes efforcés de lui donner cette formation au cours des années précédentes, vous pouvez lui faire confiance : vous l'avez muni d'un bagage précieux qui ne se détériorera pas à la première alerte. Une bonne formation, complétée d'une information suffisante: Votre enfant sera plus fort face aux tentations s'il a reçu en temps voulu toute l'éducation sexuelle souhaitable. Certains parents adoptent à ce sujet une discrétion surprenante, disant qu'il ne faut pas leur salir l'imagination, ni leur dépeindre l'humanité sous un jour trop défavorable. Or, il ne s'agit pas de faire une description fausse ou sombre, il s'agit de dire ce qui est. Avec vos enfants grandissant, si vous avez pris la peine d'aborder non seulement la question des relations sexuelles entre jeunes gens et jeunes filles, mais celles de l'homosexualité et de la traite des blanches, vous les verrez s'en aller avec infiniment moins d'angoisse que si vous êtes restés à mi-chemin de vos informations. Le monde n'est pas peuplé que de gangsters et de satyres. Il n'est pas habité non plus par une cohorte d'anges aux ailes lumineuses. Il réserve de merveilleuses surprises, ainsi qu'un certain nombre de dangers. Avez-vous osé dire la vérité à vos enfants ? Toute la vérité ? Alors, faites-leur confiance ! Car vous les avez bien préparés. |
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