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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
En dehors du grand intérêt pour vous de cette matière exceptionnelle, que vous soyez jeune parent, chercheur dans une université ou simplement intéressé par l'évolution des comportements humains, votre soutien par l'intermédiaire d'un abonnement nous est indispensable. Pour les pays lointains et si vous ne désirez pas profiter de la version papier, un abonnement sous forme de pdf est accessible au même prix annuel de CHF 30. Il vous donne un accès complet aux archives
RETOURLibérer le présent du passé. Autrefois, les barbares venaient de l'extérieur et cela simplifiait bien les choses. Les Romains nantis, blasés et indifférents, se soulevaient péniblement de leurs coussins, un verre d'hydromel à la main, pour voir crouler une civilisation qui avait fait son temps. Aujourd'hui, c'est des pavés même que naît le soulèvement et sous nos pas que s'ouvre le sol. Impossible de n'être pas avertis. Dans les villages les plus reculés, on n'a pas échappé à l'immense déballage de la contestation. On y trouve le meilleur et le pire. Mais ce défoulement énorme vise à produire le même effet que le déferlement des hordes barbares sur les consommateurs romains. C'est une immense clameur propre à réveiller les endormis, à secouer la torpeur des gens trop sûrs d'eux. Il n'est pas mauvais que chacun puisse déceler la nature de sa première réaction instinctive : réflexe de propriétaire ? défense immédiate de ses intérêts ?… et puisse y apporter, après réflexion approfondie, le correctif salvateur. Les jeunes, qui n'ont rien à perdre, sont spontanément à l'aise dans la révolution. Nous autres, à l'âge mitan de la vie, qui avons vécu la guerre, l'après-guerre difficile, n'avons pas du tout envie de « remettre ça » et clamons après l'Ordre, comme le seul remède, fût-ce au prix de l'injustice. En nous efforçant d'être ouverts aux besoins des jeunes, à leur recherche, à leurs efforts, nous parviendrons à dépasser la réserve propre à l'expérience de l'âge mûr, qu'on voudrait parfois oublier, mais qu'il vaut mieux accepter tel qu'il est, sous peine de démagogie, plus grave que l'incompréhension. Si nous sommes trop avancés en âge, aspirant à couler des jours tranquilles, il faut convenir tout simplement que ce n'est pas à nous de remettre en question une société qui ne nous a point trop malmenés jusqu'alors. Cette attitude sage mettra fin à des discussions pénibles et sans issue. Renvoyer les grands-parents à Candide pour « cultiver leur jardin » est une preuve d'affection et non de discrimination. On a déjà bien de la peine, nous autres, à y voir clair et à tracer un chemin cohérent dans la jungle des aspirations, des désirs légitimes, des réformes nécessaires ou des propositions farfelues de la jeunesse, pour tenter d'expliquer aux vieillards que l'orage n'est pas forcément signe d'un nouveau déluge. En conclusion, il est beau d'être jeune et de risquer l'aventure sans arrière-pensée. Il est bon d'être vieux et d'avoir le droit de finir ses jours en paix. Mais il est inconfortable de se situer entre ces deux générations et d'apprendre, en pleine maturité, à « libérer le présent du passé. » |
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