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A méditer
Croquis de vacances.
En camping
Notre désir - un tantinet égoïste - de tranquillité semblait bien près d'être déçu lorsque nous avons vu s'installer sur l'emplacement voisin du nôtre une famille de cinq enfants (3 à 16 ans). Etait-il possible qu'une réunion aussi nombreuse d'adultes et d'enfants dans l'espace restreint d'une tente se passât sans criailleries, gronderies et vacarmes de toutes sortes ?
Oui, cela existait ! Nous l'avons constaté de nos propres yeux et surtout de nos oreilles ! Sept personnes vivaient, jour après jour, dans la joie, chacun prenant sa part des corvées pour permettre à la mère de famille de se détendre, de se baigner ou de lire en même temps que tout le monde. Jamais de cris, mais des chants en toutes circonstances : au réveil, avant les repas, pour achever la veillée
mélodies entraînantes et joyeuses.
Des rires, de longues conversations, des histoires racontées par le père de famille avec la verve et le métier d'un vrai comédien. Nous ne saisissions pas le sujet de ces récits mimés, mais nous n'avions pas de peine à sentir le bonheur de chacun.
A la fin du séjour nous avons remercié nos voisins de ce témoignage de joie communicative. Et le père de nous répondre :
- Oh ! vous savez, j'aime m'occuper de mes enfants pendant les vacances, ma profession m'accapare trop pendant l'année.
- Pouvons-nous vous demander quelles étaient les histoires qui intéressaient et amusaient tant votre auditoire ?
- Des histoires bibliques
Je suis pasteur.
Merci, monsieur le pasteur, pour le bel exemple que vous nous avez donné : la présence active d'un père qui, en vacances aussi, songeait d'abord au bonheur et à la joie des siens.
Sur la plage
Maman est étendue à plat ventre sur une natte multicolore, le nez tout à la fois surmonté de lunettes « grosses comme ça » et plongé dans un roman policier. Elle surveille pourtant, oh ! combien, son fils de trois ans.
Paulet joue avec sa pelle et son seau, exactement à l'endroit où la vague bat méthodiquement et sournoisement la plage de sable fin.
A intervalles réguliers, maman relève brusquement la tête, regarde son fils et crie :
- Tu sais que je te défends de mouiller tes pieds aujourd'hui !
- Attention à tes pieds !
- Vilain garçon, tu inondes tes pieds !
Nous comptons dix formules différentes, visant au même but, en un quart d'heure, plus trois bonds de la mère vers son fils (mauvais pour les lunettes et le roman, ça !) pour l'éloigner violemment de cette eau traîtresse et pourtant si tentante.
N'aurait-il pas été plus simple et plus reposant pour tout le monde d'aller, ce jour-là, lire et jouer sous les pins, là-haut sur la colline, loin de la mer ?
Seuls les ordres raisonnables suscitent l'obéissance.
Au restaurant
Quelle charmante guinguette, paisible et fraîche sous sa tonnelle de vigne, lieu idyllique à fréquenter par une journée torride. Nous entrons. Une seule cliente avec un petit Dominique, perché sur un tabouret. Il déguste avec sérieux un sirop coloré et pétillant. Comme l'on va pouvoir se détendre.
Nous avions compté sans la mère.
- Dominique tiens-toi droit !
- Dominique ne salis pas ton pull !
- Dominique regarde ce joli petit chat !
- Dominique, cesse de balancer tes pieds !
- Dominique
Dominique
Pauvre Dominique qui ne souhaitait que siroter paisiblement son verre, et pauvre de nous
Nous quittons précipitamment la guinguette accueillante, chassés par la voix aiguë de cette mère certaine qu'elle, au moins, sait-s'occuper-sans-relâche-de-son-fils-tant-aimé-et-si-bien-élevé !
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