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A propos des conflits entre frères et sÅ“urs.*
La présence de plusieurs enfants pose aux parents le difficile problème de l'intervention ou du laisser faire. Faut-il réglementer, juger, condamner ou arbitrer les conflits fraternels ? et dans quelle mesure ? Ou au contraire faut-il laisser les enfants s'arranger entre eux dans ces confrontations inévitables ?
Il est bien évident qu'il y a des nécessités qui s'imposent. Les parents sont parfois contraints, qu'ils le veuillent ou non, d'intervenir quand la situation l'exige impérieusement. Ils ne peuvent laisser sans défense un petit violemment frappé par un grand. Ils ne peuvent tolérer sans réagir certaines brimades prolongées accablant systématiquement un enfant. Et même plus simplement, ils ne peuvent tolérer indéfiniment, surtout dans des logements exigus, des disputes bruyantes ou des jeux destructeurs. Leur rôle est de maintenir un minimum d'ordre, de justice et de calme relatif dans la collectivité familiale.
Mais souvent les parents interviennent TROP VITE dans ces conflits fraternels, obéissant davantage à leur impatience ou à leur sentiment du moment qu'à une connaissance profonde du comportement des enfants. Parfois même, les parents agissent sans mesure, passant d'une tolérance excessive à une rigueur intolérante. Même les plus attentifs qui s'évertuent à arbitrer les conflits des enfants le font souvent sans chercher à en comprendre la cause. Et pourtant, c'est ce qui leur permettrait de PREVENIR ces conflits.
En effet, tout comportement d'enfant a des raisons qu'il est souvent possible de déterminer. Et c'est sur ces raisons qu'il faut agir.
Le jugement moral évolue avec l'âge.
Prenons l'exemple des enfants qui se plaignent et rapportent. Il faut savoir que, suivant l'âge, les enfants ont une conception variable de l'autorité et de l'obéissance. Le jeune enfant, s'il constate le mal ou s'il est malmené par un plus grand, va presque toujours se plaindre aux parents. S'ils réagissent mal, ils peuvent nuire à l'enfant ; tel ce père qui avait décidé de donner une paire de claques chaque fois que les enfants viendraient se plaindre ou dénoncer, et cela sans tenir compte de l'âge. Ce père ignorait que, pour les petits, le bien ou le mal, c'est d'obéir ou non à l'adulte. Aussi, dès qu'ils voient une désobéissance, ils trouvent normal de la signaler aux parents.
Pour les plus grands au contraire, le jugement moral est déterminé par la solidarité, la réciprocité. De là, leur sévérité pour le «petit saint» qui prend le parti des adultes contre les camarades.
D'après le sens de la justice des petits, il n'est pas permis de rendre les coups ; « c'est défendu ». Seul l'adulte peut rendre la justice. C'est pourquoi, lorsqu'ils constatent le mal, ils estiment qu'il faut seulement se plaindre aux parents. Par contre, avec l'âge et le sens de la coopération, les enfants trouvent juste de se défendre et injuste de rapporter. Les parents, dans leurs réactions, doivent tenir compte de ces différences d'attitude morale entre frères et soeurs d'une part, et envers les parents d'autre part.
Attention au chantage affectif !
Les parents doivent aussi se rappeler que les enfants cherchent plus ou moins consciemment à les faire intervenir dans leurs conflits. Un chantage affectif a souvent lieu lorsque tel enfant se plaint de ses frères ou soeurs. Une petite dispute qui s'apaiserait si les parents n'intervenaient pas se dramatise dès que l'on donne tort ou raison à l'un ou à l'autre. Ce qui amène tel frère à attaquer ses frères et soeurs dans le secret espoir de voir ses parents réagir. Qui ne connaît le garçon qui taquine sa soeur pour faire rager son père ou sursauter sa mère ?
C'est pourquoi les parents doivent limiter au strict minimum leurs interventions. Il est inévitable que les frères et soeurs se chamaillent.
* D'après "L'Ecole des parents". Paris.
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