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La télévision: un meuble encombrant !
Je savais à peu près à quoi je m'exposais, le jour où j'ai introduit la télévision chez nous. Quelques petits problèmes de discipline allaient se poser. D'avance, j'avais mis les points sur les i, à l'intention des deux diablotins de la famille. On userait sans abuser, il n'était pas question que la vie se déroule dorénavant dans un fauteuil et seulement dans un fauteuil, on ne négligerait ni le plein air, ni les devoirs d'école, ni l'heure du coucher, ni celle des repas. Du côté des principes, c'était simple.
Expérience faite, je peux dire que la pratique est légèrement plus ardue
J'ai affaire à un garçon de 8 ans fasciné, subjugué par la télévision, et qui essaie chaque jour de remettre en question les règles établies !
Si bien que l'aventure commence dès le matin, avec la sélection des programmes du jour. La sélection la plus délicate est celle du jeudi : on nous offre plusieurs heures consécutives d'émissions « pour la jeunesse ». Il faut faire admettre la nécessité d'une coupure là au milieu, pour motifs « hygiéniques » (mouvement du corps, repos des yeux). Reste ensuite à faire respecter le programme.
Et c'est là que la tentation devient terrible. Car chaque fois que les enfants se disputent, font trop de bruit ou deviennent agaçants, il y a ce bouton magique qui m'attire. Si j'allume la TV, j'aurais une paix royale
(pas du tout, en fait, car le fils aurait vite compris la faille du système).
Donc, tenir bon. Avant, pendant et après ! Ce meuble est plus encombrant que prévu.
Pendant
Pendant : j'écoute d'une oreille. Mes interventions se bornent à un cas assez précis. Lorsqu'un film me semble trop chargé de « suspense », qu'il tourne à l'angoisse ou à la tuerie (cela arrive), je viens parler aux enfants. Soit j'essaie de leur montrer les ficelles ou les invraisemblances, soit je leur pose des questions pour les obliger à sortir de leur rêve éveillé.
Je préfère ne pas éteindre une émission qui était promise, mais je la sabote de mon mieux
par des commentaires intempestifs.
Après
Toutes les émotions, informations et impressions accumulées mènent à quel résultat, à quelle bouillie ? Mystère.
Par prudence, j'aime provoquer la discussion. C'est d'ailleurs l'un des meilleurs moments de la journée ; car les enfants se révèlent eux-mêmes, en racontant ce qu'ils ont vu. A leur âge (5 et 8 ans), ils retiennent quelques détails plutôt que le sens général.
Au garçon de 8 ans, j'ai donné des « leçons » de cinéma. Je lui ai raconté comment on fabrique une histoire, comment le comédien apprend son rôle, les truquages élémentaires. Je lui ai expliqué comment on peut faire des scènes de batailles sans que personne soit blessé.
Il a compris et, de lui-même, s'exerce à distinguer ce qui est réel de ce qui est fabriqué. Mais cette connaissance ne le met nullement à l'abri des chocs émotifs !
Quelques histoires dûment expliquées et décortiquées sont ressorties dans ses rêves, comme si elles avaient été réelles. Ce qui prouve que la peur reste, même s'il sait que le tigre était en papier.
Toute cette discipline, toutes ces discussions
je me demande parfois si c'est la peine de faire un tel cas de cet instrument. J'aimerais qu'il reste un instrument parmi d'autres, non qu'il devienne le centre des préoccupations familiales ! J'y arriverai peut-être, avec la routine.
En attendant, je ne vois pas d'autre solution que cette petite lutte quotidienne pour sauvegarder l'essentiel : plein-air, occupations diverses, heure du coucher, etc.
Dans les numéros d'octobre 1966 et avril 1967, vous trouverez d'autres articles à propos de la télévision. Ils sont à votre disposition auprès de notre administratrice.
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